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Alstom, Pfizer ... 2014, année des OPA géantes ?

Les entreprises ont dépensé en quatre mois près de 1.000 milliards en fusions et acquisitions. Six conditions sont réunies pour que le mouvement se poursuive.

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Le palais Brongniart à Paris, lieu historique de la Bourse

Par Pierrick Fay

Publié le 3 mai 2014 à 12:16

112 milliards de dollars ! C’est la dot mise sur la table par l’américain Pfizer pour convaincre les actionnaires d’AstraZeneca d’accepter le mariage pour ce qui sera le deuxième plus gros deal de l'histoire depuis le rachat d’AOL par Time Warner en l’an 2000. En France, c'est Alstom qui est convoité, des deux côtés de l'Atlantique. Depuis quelques semaines, le marché des fusions-acquisitions sort de sa torpeur. Selon Dealogic, le montant des M&A approche les 925 milliards de dollars, c’est 45 % de plus que pour les quatre premiers mois de 2013. Tous les voyants sont au vert pour que 2014 soit l’année des méga-fusions.

La fin du régime

Entre 2007 et 2013, les entreprises américaines ont réduit leurs acquisitions de près d’un tiers, à 278 milliards de dollars, selon Moody’s. Elles ont accumulé des liquidités et assaini leurs bilans. En Europe, les entreprises ont aussi fermé les robinets et se sont restructuré. Les entreprises sortent de la crise en bonne santé et le moral regonflé. Fidelity Worldwide Investment constatait fin mars un regain de confiance de la part des dirigeants dans l’économie et les marchés (43 % des réponses). Par ailleurs, la remontée des Bourses mondiales rend plus attrayants les appels au marché pour les entreprises et peut favoriser le paiement en actions lors d’opérations financières.

La reprise économique

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La zone euro ne va pas éclater, les pays du Sud sortent de la récession, l’Allemagne sert toujours de locomotive et le FMI vient de revoir en hausse sa prévision de croissance pour la France en 2014. « L’économie européenne se redresse, avec une croissance qui devrait s’approcher de 1 % pour 2014. Les entreprises pourraient donc être de nouveau prêtes à prendre des risques », estime Fabrice Théveneau. Par ailleurs, malgré la hausse des cours, la valorisation des entreprises européennes demeure attractive, en raison du retard de l’Europe dans le cycle de reprise par rapport aux Etats-Unis.

Les liquidités

Difficile de trouver des conditions de marché plus favorables pour financer des acquisitions. Les taux d’intérêt sont historiquement bas, grâce aux politiques accommodantes des banques centrales. En outre, en raison des incertitudes sur les marchés émergents, les flux de capitaux se sont rapatriés aux Etats-Unis d’abord, puis en Europe. Les investisseurs sont prêts pour accompagner les mouvements de fusions-acquisitions, d’autant qu’ils font de plus en plus pression sur les entreprises pour qu’elles utilisent leur cash excédentaire. BlackRock a ainsi invité 150 grandes entreprises européennes à ne pas abuser des dividendes et rachat d’actions pour ne pas obérer la croissance à venir. Un message qui s’adresse aussi aux Américains, qui, selon Moody’s, disposaient fin 2013 de 1.640 milliards de dollars de liquidités, un montant doublé par rapport à 2007.

La fiscalité

Publicis-Omnicom, Lafarge-Holcim, Pfizer-AstraZeneca… dans ces trois cas, la fusion favorisera le déménagement du siège social vers le pays jugé le plus fiscalement favorable, même si ce n’est pas l’argument mis en avant par ces entreprises. La fiscalité explique aussi l’appétit des Américains pour l’Europe. Aux Etats-Unis, les entreprises sont taxées sur l’intégralité de leurs bénéfices, y compris ceux réalisés à l’étranger. Les acquisitions permettent donc d’échapper à l’impôt. General Electric dispose d’un butin de 57 milliards de dollars hors des Etats-Unis et Pfizer de 70 milliards. Difficile pour les concurrents européens de rivaliser.

La déflation

La faiblesse de la demande empêche de nombreuses entreprises d’augmenter leur prix, quand ceux-ci ne baissent tout simplement pas. Difficile dans ce contexte d’accroître les marges. « Les entreprises doivent réduire les pressions sur les prix et trouver de nouveaux moteurs de croissance si elles veulent satisfaire les exigences du marché en termes de bénéfice net par action », selon Fabrice Théveneau à la Société Générale. « Les entreprises doivent réagir et redéfinir le paysage concurrentiel. »

La mondialisation

En 2013, selon Henderson Global Investors, « les grandes entreprises ont favorisé la recherche de proies faciles, au détriment de transactions historiques et significatives ». En 2014, le « small » devient moins « beautiful » aux yeux des entreprises qui semblent gagner par la course à la taille. Surtout que, une fois le mouvement lancé, les concurrents sont souvent contraints de réagir pour ne pas se laisser distancer et conserver la taille critique. Ainsi, Siemens pourrait difficilement rester les bras croisés en cas de rachat de la division énergie d’Alstom par GE.

Pierrick Fay

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