Les interventions d'urgence en montagne sont toujours plus nombreuses

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SECOURS EN MONTAGNELes interventions d'urgence sont toujours plus nombreuses

Il y a de plus en plus de randonneurs en montagne, mais qui ne sont pas toujours bien équipés et préparés. Les secouristes qui leur viennent en aide sont ainsi soumis a beaucoup plus de pression.

Cette photo prise le 14 mars 2024 par la police cantonale valaisanne au col de Tête Blanche montre les opérations de recherche du dernier membre d'un groupe de six randonneurs à ski portés disparus le week-end dernier.

Cette photo prise le 14 mars 2024 par la police cantonale valaisanne au col de Tête Blanche montre les opérations de recherche du dernier membre d'un groupe de six randonneurs à ski portés disparus le week-end dernier.

AFP

Le drame survenu en Valais il y a une semaine dans la région de Tête Blanche a déclenché de nouveaux débats sur la préparation et l'équipement adéquats pour les amateurs de sports de montagne, note le «SonntagsBlick» du jour. Le nombre de randonneurs, notamment à ski, a fortement augmenté depuis la pandémie. Et les statistiques montrent que le «facteur humain» devient toujours plus un problème et une cause d'interventions d’urgence en montagne, bien que les équipements à disposition sont toujours plus performants.

La statistique 2022 des urgences en montagne du Club alpin suisse (CAS) fait état de nettement plus de personnes bloquées en montagne (1008) et nécessitant une aide d'urgence que la moyenne sur dix ans (607). Les victimes ne sont plus en mesure de poursuivre leur randonnée ou de rebrousser chemin parce qu’elles se sont perdues ou sont justement bloquées. Le nombre de tels blocages a presque quintuplé lors de randonnées à ski: de 26 cas en 2020 à 122 cas en 2022. Heureusement, les personnes concernées peuvent en général être sauvées en bonne santé ou seulement légèrement blessées. Mais, constate le CAS, un quart de tels blocages pourrait être évité grâce à une meilleure préparation par les randonneurs et l’adaptation de l'activité à leurs propres capacités physiques.

Dangereuse course à la performance

Marcel Kraaz, responsable du sport de masse au CAS et guide de montagne, avance dans le SonntagsBlick plusieurs explications à l’augmentation des sauvetages en montagne. Il constate que tout comme dans la société en général, en sport de montagne la performance est toujours plus importante. Ainsi toujours plus de groupes de personnes qui préfèrent le sport à l'expérience de la nature vont en montagne. Il cite aussi l’exemple d’alpinistes d'expédition qui s'acclimatent chez eux dans une tente pressurisée et se font ensuite transporter par hélicoptère jusqu'au camp de base. L'essentiel: aller vite et atteindre le sommet.

Soutien psychologique aux secouristes non professionnels

Les secouristes en montagne sont souvent confrontés à des tragédies comme celle qui s'est produite il y a une semaine en Valais. C'est ce que montre un sondage de l'association Secours alpin suisse (SAS), rapporte la «SonntagsZeitung» du jour. 70% des secouristes, dont la majorité ne sont pas des sauveteurs professionnels, mais des bénévoles – agriculteurs, menuisiers ou employés de commerce – ont indiqué avoir déjà été confrontés au moins une fois à une intervention traumatisante. Chez les sauveteurs qui interviennent fréquemment, ce chiffre atteint même les 85%.

Le psychiatre Christian Mikutta, médecin-chef à la clinique privée de Meiringen constate que les personnes ainsi traumatisées souffrent d’épuisement extrême, de pensées suicidaires et de flashbacks. Pour lui, l’enquête montre que, bien que les sauveteurs en montagne du SAS aient une grande capacité de résistance, ils ont besoin de soutien. Un projet pilote au sein du SAS doit maintenant permettre de proposer une telle aide grâce à la formation psychologique de collaborateurs désignés. Lors d’interventions stressantes, les chefs d'intervention pourront faire appel à eux pour soutenir les secouristes.

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