Cyberharcèlement de Magali Berdah : 28 personnes condamnées, certaines à de la prison ferme

Les peines prononcées par le tribunal correctionnel de Paris ce mardi vont jusqu’à 12 mois de prison ferme. Les vingt-huit prévenus ont été condamnés.

    C’est une importante affaire de cyberharcèlement. Vingt-huit personnes ont été condamnées ce mardi par le tribunal correctionnel de Paris pour le cyberharcèlement en meute de l’ex - « reine des influenceurs » Magali Berdah, ont indiqué ce mardi ses avocats dans un communiqué. Ces personnes, âgées de 20 à 49 ans et résidant dans toute la France, étaient poursuivies pour des messages haineux ou injurieux envoyés à Magali Berdah sur les réseaux sociaux.

    « Sale chienne », « arnaqueuse », « tu mérites d’être décapitée et lapidée » : certains comportaient des menaces de mort et/ou un caractère sexiste ou antisémite. Le tribunal correctionnel de Paris a reconnu l’ensemble des prévenus coupables, et leur a infligé des peines allant de 4 à 18 mois de prison, assorties de sursis dans la moitié des cas. Parmi les peines les plus sévères, on compte une condamnation à 18 mois d’emprisonnement, dont six mois ferme, et une autre à un an ferme.

    14 prévenus condamnés à de la prison ferme

    Dans le détail, quatorze prévenus ont été condamnés à de la prison ferme. « La sévérité des peines prononcées est sans précédent dans une affaire de cyberharcèlement », poursuivent les avocats de Magali Berdah. « Le tribunal a par ailleurs rappelé aux termes de sa motivation que ces faits découlent des publications du rappeur Booba dont les prévenus avaient parfaitement connaissance. »

    Les prévenus ont par ailleurs été condamnés à des amendes de 300 à 700 euros, et à suivre un stage de citoyenneté. Il leur est interdit, pendant deux ans, d’entrer en contact, y compris sur les réseaux sociaux, avec la victime, à qui ils devront verser solidairement 54 000 euros au titre de son préjudice moral. Soulignant que « l’espace numérique n’est pas une zone de non-droit », le parquet avait requis des peines de prison, parfois assorties du sursis, contre l’ensemble des mis en cause.

    Plusieurs milliers de messages

    Les débats avaient permis d’évoquer la virulence des dizaines de milliers de messages reçus par Magali Berdah, 42 ans, qui a confié au tribunal avoir été « à deux doigts de (se) jeter par la fenêtre ». La plupart des prévenus ont expliqué qu’ils avaient voulu reprocher à Magali Berdah des pratiques commerciales trompeuses qu’elle aurait pu commettre à travers sa société Shauna Events - qui met en relation influenceurs et marques. Presque tous ont évoqué le rôle dans cette controverse du rappeur Booba, qui s’est lancé en 2022 dans une croisade contre Magali Berdah et contre ceux qu’il appelle les « influvoleurs » et qu’il accuse de multiples arnaques à l’encontre des internautes.



    Booba est lui-même mis en cause dans ce dossier, mais à travers une procédure distincte : il est mis en examen depuis octobre 2023 pour harcèlement moral en ligne aggravé et placé sous contrôle judiciaire. La justice le soupçonne d’avoir envoyé, entre mai 2022 et mai 2023, au moins 487 messages sur les réseaux sociaux visant « directement » Magali Berdah, d’après des éléments de l’enquête consultés par l’AFP. Dans une interview diffusée sur France 2 début décembre, Booba avait rejeté toute responsabilité dans les faits reprochés aux 28 prévenus, réfutant avoir été le chef d’une « meute ».

    Magali Berdah doit par ailleurs être elle-même jugée en septembre à Nice pour banqueroute et blanchiment, mais pour des faits antérieurs à la création de sa société Shauna Events, tandis que cette agence fait l’objet d’une enquête préliminaire à Paris, notamment pour escroquerie. Quoi qu’il en soit, « rien ne saurait justifier le cyberharcèlement, et certainement pas le comportement de la personne qui en est la cible », avait commenté auprès de l’AFP Me Rachel-Flore Pardo, qui défend Magali Berdah aux côtés de David-Olivier Kaminski et Antonin Gravelin-Rodriguez.