La percée de Raphaël Glucksmann dans les sondages pourrait inquiéter le « camp Macron »

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Le transfert de voix d’anciens macronistes vers la liste sociale-démocrate se fait de plus en plus évident – en partie pour sanctionner le gouvernement, dont la politique est aujourd'hui jugée trop à droite. [European Parliament]

La percée dans les sondages du candidat social-démocrate Raphaël Glucksmann, avec un nouveau sommet à 13 % des intentions de vote atteint mercredi (20 mars), pourrait faire craindre à Renaissance un transfert de ses électeurs vers le centre gauche.

Un nouveau sondage Harris Interactive pour Challenges, publié mercredi, fait état de 13 % d’intentions de vote pour M. Glucksmann – un score qui ne cesse d’augmenter depuis plusieurs mois, alors que la liste était encore créditée de 9 % en décembre.

Cette montée en puissance – qui reste néanmoins bien derrière le Rassemblement national (RN), à 31 % – ne manque pas d’inquiéter la liste Renaissance qui, elle, stagne à 18,5 %, soit plus de quatre points en dessous de son score de 2019.

En effet, le transfert de voix d’anciens macronistes vers la liste sociale-démocrate se fait de plus en plus évident – en partie pour sanctionner le gouvernement, dont la politique est aujourd’hui jugée trop à droite.

« En raison de la droitisation accentuée du second quinquennat, [Renaissance] perd sur sa gauche : 20 % des électeurs qui ont voté pour Emmanuel Macron au premier tour de l’élection présidentielle de 2022 devraient voter pour une liste de gauche – principalement pour celle conduite par Raphaël Glucksmann », précise Gilles Finchelstein, secrétaire général de la Fondation Jean Jaurès, dans une note d’étude publiée la semaine dernière.

Et d’ajouter : « D’original parti central attrape-tout, Renaissance est devenue un classique parti bourgeois et âgé de centre droit ».

M. Glucksmann a mis au cœur de sa campagne une Europe plus fédéraliste et ambitieuse sur la lutte contre le réchauffement climatique. Il appelle de ses vœux, entre autres, à un nouvel emprunt commun, et prône un soutien financier et militaire de taille à l’Ukraine.

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Récupérer les électeurs de gauche

Le transfert de voix inquiète Renaissance assez pour qu’elle souhaite adapter son discours à  l’attention des électeurs libéraux pro-européens, tentés de rejoindre la liste du socialiste.

Après la nomination d’un gouvernement en janvier jugé par beaucoup comme un gage donné à la droite, charge à Valérie Hayer, tête de liste Renaissance d’aller braconner sur les terres de gauche.

« Avec Raphaël Glucksmann, on vote à 90 % de la même façon au Parlement européen. Il devrait être avec nous, et il le sait », affirmait l’eurodéputée le 29 février dans les colonnes du Figaro.

Une affirmation largement rejetée par le premier concerné, qui accuse la majorité de s’être opposée à Bruxelles à des avancées sociales, comme la directive sur les travailleurs des plateformes, pour laquelle la France – à rebours de 25 Etats membres – s’est abstenue.

Depuis, elle prend le parti inverse d’associer la liste Parti socialiste – Place publique à La France insoumise (LFI), sans pour autant que les sondages perçoivent un quelconque changement de dynamique pour le moment.

Dans le même temps, Emmanuel Macron fait des clins d’œil aux électeurs de gauche en proposant quelques avancées sociales majeures : ainsi en est-il de la constitutionnalisation de l’IVG, le 5 mars dernier, une première mondiale.

En outre, dans une vidéo vue par l’AFP la semaine dernière, le chef de l’État affirme être favorable à l’inclusion de la notion de consentement dans la définition pénale du viol. Une volte-face lorsqu’on sait que la France s’y est opposée en février à Bruxelles.

« Quelle instrumentalisation de la cause des femmes à quelques semaines des élections européennes », déplore l’eurodéputée française Nathalie Colin-Oesterlé (PPE) auprès d’Euractiv.

« Emmanuel Macron s’est rendu compte qu’il avait fait une erreur et qu’il allait être attaqué pendant la campagne des européennes. C’est de la manipulation et ses alliés de gauche vont certainement lui rappeler », a-t-elle ajouté.

« Le gouvernement d’Emmanuel Macron n’est pas pro-européen pour un sou », affirmait mardi (19 mars) Aurore Lalucq, eurodéputée et co-présidente de Place publique, au Point.

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