55 sites industriels vont jouer le jeu de la sobriété pour économiser de l’eau, alors que le changement climatique raréfie cette ressource précieuse. Mais le secteur arrive loin derrière l’agriculture ou encore le nucléaire qui sont les plus gros consommateurs d’eau.

Danone, Coca-Cola, Solvay, Volvic, Lindt… Ce sont désormais 55 sites industriels qui s’engagent à réduire leur consommation d’eau de plus de 10% d’ici à 2030. C’est ce qu’a annoncé ce vendredi 22 mars le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, qui se rendra dans la journée dans l’une de ces entreprises. Une démarche qui s’inscrit dans la continuité du plan Eau lancé il y a un an avec au départ 13 usines pilote.

Ces 55 sites représentent au total un quart de la consommation d’eau industrielle en France…mais, pour rappel, le secteur ne représente que 4% de la consommation d’eau en France, bien loin derrière les usages agricoles (58%), la production d’eau potable (26%) et le refroidissement des centrales nucléaires (12%). Qu’en est-il alors des autres secteurs ?

Les mesures agricoles en suspens

En ce qui concerne l’agriculture, touchée de plein fouet par les impacts du changement climatique, 7 des 53 mesures du Plan eau lui sont consacrées. Ainsi, “à partir de 2024”, 30 millions d’euros supplémentaires par an doivent être consacrés au soutien des pratiques agricoles économes en eau (filières peu consommatrices d’eau, irrigation au goutte-à-goutte,…), un fonds d’investissement hydraulique agricole doit également être abondé à hauteur de 30 millions d’euros par an pour remobiliser et moderniser les ouvrages existants (curages de retenues, entretien de canaux…) et développer de nouveaux projets. Les paiements pour services écosystémiques (préservation de zones humides, faible niveau d’intrants sur les zones de captage…) doivent aussi être renforcés.

Toutefois ces mesures n’ont pas encore été mises en œuvre, et certaines sont suspendues au projet de loi d’orientation pour la souveraineté agricole et le renouvellement des générations en agriculture qui doit être présenté en Conseil des ministres le 29 mars. En préparation depuis plus d’un an, le texte a été fortement remanié depuis le début de la crise agricole. Le syndicat Modef, qui défend l’agriculture “familiale à taille humaine” et l’agroécologie, a réagi à la nouvelle version en accusant le gouvernement de “prôner le modèle agro-industriel”.

Pas un mot en revanche sur les mégabassines qui cristallisent pourtant les tensions sur le terrain. Interrogé sur le plateau de Télématin sur France 2, Christophe Béchu a réfuté ce terme avant de déclarer que la France avait “besoin de davantage de retenues (d’eau)”, notamment dans les montagnes, même s’il fallait regarder “projet par projet” pour identifier “ceux sur lesquels il y a matière à accélérer et ceux sur lesquels il peut y avoir des débats”.

La réutilisation des eaux usées progresse

Le ministre de la Transition écologique s’est également félicité d’avoir réglé le problème de fuites dans 93 des 171 communes identifiées comme perdant plus de 50 % de l’eau. Toutefois, un rapport d’Intercommunalités de France a révélé cette semaine qu’au total, 198 collectivités, la plupart situées en zone de montagne, affichaient un taux de fuite de leur réseau d’eau potable supérieur ou égal à 50 %.

L’un des volets du Plan eau porte aussi sur la réutilisation des eaux usées (Reut). En 2023, 12 projets ont été mis en service, et le cadre réglementaire évolue pour autoriser le Reut dans le secteur agroalimentaire et l’arrosage des espaces verts et l’irrigation des cultures. Un autre décret sur les usages domestiques suivra. Enfin, le Plan eau ne contient aucune mesure concernant les centrales nucléaires.

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