Les talibans sont-ils devenus modernes ? C’est en tout cas l’image qu’ils tentent de donner depuis la reprise de l’Afghanistan en août 2021. Ceux qui “cassaient les téléviseurs et brûlaient des films lorsqu’ils étaient au pouvoir dans les années 1990 utilisent aujourd’hui la technologie vidéo moderne”, et en particulier les réseaux sociaux, rapporte ainsi une longue enquête du Washington Post. Dans des vidéos publiées sur YouTube, on peut ainsi trouver des militaires qui arpentent les rues de Kaboul à roller ou des influenceurs afghans qui présentent les dernières infrastructures flambant neuves.

Selon le Washington Post, le régime a mis en place une véritable stratégie de communication pour redorer l’image du pays à l’international, à mi-chemin entre censure et privilège. Les influenceurs jugés hostiles aux talibans sont menacés, tandis que ceux dont le travail est considéré comme bénéfique au pays se voient offrir certains privilèges, et à terme peuvent s’enrichir considérablement grâce à cette activité.

Autre point crucial de cette stratégie : l’usage de VPN – virtual private network pour “réseaux privés virtuels” utilisés, ici, pour se géolocaliser à l’étranger – et l’aide d’associés installés à l’étranger pour contourner les sanctions économiques mises en place par les États-Unis. Les talibans sont en effet exclus de nombreux médias sociaux américains, dont YouTube. Interrogé à ce sujet par le Washington Post, Jack Malon, porte-parole de YouTube, affirme lutter contre ce système bien rodé. “Si nous trouvons un compte qui semble appartenir aux talibans afghans et être géré par eux, nous le résilions”, a-t-il ainsi déclaré au média américain.