L’UE se garde de prendre position quant aux accusations russes sur l’attentat à Moscou

Type de contenu:

Actualités Basé sur des faits, soit observés et vérifiés directement par le journaliste, soit rapportés et vérifiés par des sources bien informées.

La fusillade à Moscou est l’attaque la plus meurtrière revendiquée par l’État islamique sur le sol européen et en Russie depuis le siège de l’école de Beslan en 2004. [EPA-EFE/MAXIM SHIPENKOV]

Bien que les pays européens aient présenté leurs condoléances, ils se sont abstenus de tout commentaire sur les implications de l’attentat, et certains craignent que l’attaque terroriste en Russie pousse Vladimir Poutine à adopter une attitude encore plus agressive en Ukraine.

L’État islamique a publié de nouvelles vidéos de l’attentat qui a fait 137 morts dans la salle de concert Crocus City Hall, à l’extérieur de Moscou, vendredi (22 mars), corroborant ainsi sa revendication de l’attaque, malgré les tentatives russes d’en rejeter la responsabilité sur l’Ukraine, ce que Kiev nie.

La fusillade à Moscou est l’attaque la plus meurtrière revendiquée par l’État islamique sur le sol européen et en Russie depuis le siège de l’école de Beslan en 2004. Quatre des auteurs présumés comparaissent ce lundi (25 mars) devant un tribunal moscovite.

Les experts russes ont décrit l’attaque de vendredi comme un échec du Service fédéral de sécurité de la Fédération de Russie (FSB).

« Le FSB s’est manifestement trompé dans ses priorités. Ses principales ressources étaient consacrées à l’Ukraine et à l’opposition intérieure », a déclaré Mark Galeotti, expert des services de sécurité russes, à The Guardian.

Des condoléances, mais pas adressées à Vladimir Poutine

L’Union européenne s’est déclarée « choquée et consternée » par l’attentat. « L’UE condamne toute attaque contre des civils. Nos pensées vont à tous les citoyens russes touchés », a déclaré Peter Stano, porte-parole de l’UE pour les affaires étrangères.

La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, et le président du Conseil, Charles Michel, ont également condamné l’attentat, de même que la porte-parole de l’OTAN, Farah Dakhlallah.

L’Europe attendra de nouveaux développements du côté russe avant de se positionner sur la question, selon un diplomate du sud de l’Europe contacté par Euractiv.

Le président français Emmanuel Macron a déclaré qu’il « condamnait fermement l’attaque terroriste revendiquée par l’État islamique » dans un communiqué publié par l’Élysée, exprimant également sa solidarité avec les victimes et le peuple russe.

Le gouvernement français, quant à lui, a porté son alerte de sécurité au niveau le plus élevé dimanche (24 mars).

En Allemagne, le ministère des Affaires étrangères a déclaré : « Le contexte doit être clarifié rapidement. Nous adressons nos plus sincères condoléances aux familles des victimes », tandis que la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, a condamné ce qu’elle a qualifié d’« acte terroriste odieux ».

« L’horreur du massacre de civils innocents à Moscou est inacceptable », a annoncé Mme Meloni, exprimant son « entière solidarité avec les personnes touchées et les familles des victimes ».

L’Espagne s’est déclarée « choquée » par l’attentat, affirmant qu’elle « condamne toute forme de violence ».

Guerre en Ukraine : un missile russe a violé l’espace aérien polonais lors d’une offensive

Lors d’une frappe aérienne nocturne dimanche (24 mars) ciblant l’Ukraine occidentale, un missile de croisière russe a brièvement traversé l’espace aérien polonais, selon les forces armées du pays.

Des inquiétudes quant aux répercussions sur la guerre

Alors que l’attentat fait voler en éclats la promesse de sécurité faite par Vladimir Poutine aux Russes, les observateurs s’attendent à le voir chercher une victoire facile ailleurs, en particulier en redoublant de violence en Ukraine.

Le Kremlin tentera d’échapper à ses responsabilités en utilisant la propagande pour suggérer l’implication de l’Ukraine et de l’Occident, ce que de nombreux citoyens russes croiront probablement parce qu’ils vivent dans un environnement médiatique contrôlé, a expliqué Tsvetlin Yovchev, ancien chef de l’agence bulgare de contre-espionnage DANS, à Nova TV.

« La Russie a sous-estimé, ignoré et même tourné en dérision le signal d’une attaque terroriste envoyé par les États-Unis […]. Il n’est pas possible de prendre des mesures de sécurité élémentaires dans un endroit comme celui-là, où plus de 6 000 personnes se rassemblent.
Il s’est avéré qu’il n’y avait même pas de patrouilles de police », a-t-il ajouté.

L’attaque a ravivé les souvenirs des décennies passées, notamment les guerres contre les séparatistes tchétchènes dans les années 1990 et 2000, qui ont contribué à l’ascension au pouvoir de Vladimir Poutine.

M. Poutine s’est en effet servi de la plupart de ces incidents violents, comme la prise d’otages du théâtre de Moscou en 2002 ou le siège de l’école de Beslan en 2004, pour justifier le recul des libertés politiques ou la répression contre les séparatistes tchétchènes.

Dimanche, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, a qualifié M. Poutine de « menteur pathologique », ajoutant que le « seul objectif du Kremlin est d’inciter davantage de Russes à mourir dans leur guerre insensée et criminelle contre l’Ukraine, et d’instiller encore plus de haine pour les autres nations, pas seulement les Ukrainiens, mais l’Occident tout entier ».

L’UE impose des droits de douane sur les céréales russes

La Commission européenne a proposé d’augmenter les droits de douane sur les importations de céréales et d’huiles russes et biélarosses afin à la fois de ne pas déstabiliser le marché européen, de ne pas financer l’agression russe contre l’Ukraine et d’essayer de calmer les manifestations des agriculteurs.

Pas de lien avec l’Ukraine

Le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, a appelé au calme, soulignant les tentatives de Moscou d’instrumentaliser l’attentat.

« Après l’attentat terroriste de Moscou, que nous avons condamné, nous devons rester calmes, prudents, éviter l’escalade », a déclaré M. Tajani aux journalistes en marge d’une initiative électorale de Forza Italia.

« Je crois qu’après chaque vérification et chaque évaluation, des considérations doivent être faites, qui doivent en tout cas pousser toutes les parties à être très prudentes », a-t-il ajouté.

« Nous devons inviter la Russie à ne pas instrumentaliser l’attaque ». « Nous vivons un moment de grande tension internationale, nous devons donc être très prudents et vérifier toutes les informations », a-t-il souligné.

De même, le ministre italien de la Défense, Guido Crosetto (Fratelli d’Italia, FdI), a exclu toute implication de l’Ukraine.

« Il n’y a aucun lien entre l’Ukraine et l’État Islamique. [Et des liens pareils] ne seraient pas non plus autorisés par les alliés des Ukrainiens, qui considèrent [l’ÉI] de la même manière que le Hamas, une organisation terroriste, à combattre de toutes les manières. Pour Kiev, ne serait-ce que penser à aider l’ÉI équivaudrait à un double suicide », a-t-il déclaré au quotidien italien Il Messaggero.

Roderich Kiesewetter, porte-parole de l’Union chrétienne-démocrate (CDU/CSU) pour la politique étrangère en Allemagne, a déclaré au journal Bild am Sonntag qu’en rejetant la responsabilité sur l’Ukraine, la Russie montre qu’elle a l’intention « d’utiliser cette attaque terroriste de manière stratégique pour sa guerre, […] une nouvelle vague de mobilisation en Russie est probable ».

Le ministre polonais de la Défense, Wladyslaw Kosiniak-Kamysz, a déclaré que la Pologne surveillait constamment la situation.

« Je suis en contact avec l’état-major de l’armée polonaise, tous les services et nos alliés. Nous analysons cette situation en fonction de son impact possible sur la sécurité de la Pologne. »

L’UE sous la menace du terrorisme, selon un rapport espagnol sur la sécurité

L’UE est confrontée à un « risque réel et direct » d’augmentation des « menaces terroristes » aux guerres à Gaza et en Ukraine, selon un rapport antiterroriste du Conseil national de sécurité espagnol.

[Édité par Anna Martino]

Inscrivez-vous à notre newsletter

S'inscrire