Abus sexuel sur 300 patientes: deux hôpitaux accusés d’avoir «sciemment» ignoré les comportements d’un médecin
Deux hôpitaux de Chicago ont été accusés d’avoir «sciemment offert une plateforme» à un médecin pour abuser sexuellement plus de 300 patientes, en choisissant d’ignorer les plaintes contre lui durant des années, selon une poursuite.
«Les femmes ont signalé. Elles ont fait des rapports, encore et encore. On leur a demandé de remettre en question leurs expériences même en tant que femmes. On leur a dit que les abus dont ils se plaignaient étaient médicalement nécessaires et normaux», a déploré mardi l’avocate au dossier, Symone Shinton, en conférence de presse, selon NBC News.
Selon la poursuite, déposée mardi devant le Tribunal de circuit du comté de Cook à Chicago, Fabio Ortega, 77 ans, aurait abusé de plus de 300 patientes hispanophones, avec certains témoignages remontant aussi loin qu’en 1989.
Le septuagénaire, vers qui les patientes hispanophones avaient été dirigées en raison de sa maîtrise de l’espagnol, aurait profité du fait qu’elles ne parlaient que très peu ou pas anglais pour réaliser des «examens pelviens inutiles» ou leur poser des questions «intrusives» sur leur sexualité, selon la poursuite.
Dans l’un des cas, il aurait comparé la taille de ses doigts à celle des parties génitales du mari de l’une des patientes en plein examen.
Le médecin avait finalement plaidé coupable en 2021 d’abus sexuel sur deux patientes, en écopant d’une peine de prison de trois ans qu’il aurait déjà complétée.
Mais là où le bât blesse, c’est que les membres du personnel du NorthShore Medical Group et de l’hôpital Swedish Covenant, tous deux gérés aujourd’hui par Endeavour Health, auraient dissimulé des plaintes déposées contre le médecin durant des années, lui offrant le champ libre pour poursuivre ses abus.
«[Ils lui ont] sciemment offert une plateforme pour abuser sexuellement» de centaines d’autres patients, a poursuivi le document de cour, selon le média américain.
La poursuite n’a été déposée en le nom que d’une des plus de 300 victimes qui ont approché le cabinet d’avocats à la suite d’une annonce, mais d’autres poursuites devraient suivre sous peu, a souligné Parker Stinar, un autre avocat des plaignantes.
Il a précisé qu’une action collective n’était pas envisagée malgré le nombre important, puisque les dommages individuels au même niveau d’un cas à l’autre.
«Malheureusement, ce que l'on constate couramment, c'est que les patients issus de minorités sont réduits au silence par les prestataires de soins de santé lorsqu'ils font part de leurs inquiétudes ou déposent des plaintes», a ajouté l’avocat.
