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En Floride, les citoyens voteront sur le droit à l’avortement en même temps que l’élection présidentielle

Un amendement garantissant le droit à l’IVG sera proposé sur les bulletins de vote du scrutin national de novembre

La Cour suprême de Floride à Tallahassee (image d'illustration).  — © MARK WALLHEISER / AFP
La Cour suprême de Floride à Tallahassee (image d'illustration). — © MARK WALLHEISER / AFP

Surprise en Floride où le droit à l’IVG est de plus en plus débattu. La Cour suprême de cet Etat a validé, lundi, l’inscription sur les bulletins de vote aux élections américaines de novembre d’un amendement garantissant le droit à l’avortement.

Ce succès des militants du droit à l’avortement dans leur lutte pour mettre cette question au cœur de la campagne a été néanmoins nettement tempéré par une décision rendue simultanément par la plus haute juridiction de cet Etat du sud-est, autorisant l’entrée en vigueur d’une loi interdisant l’IVG au-delà de six semaines de grossesse.

Le président sortant démocrate Joe Biden a fait de la protection du droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) un axe de sa campagne face à son prédécesseur républicain Donald Trump.

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Une question inscrite sur les bulletins de trois Etats

Des militants du droit à l’avortement tentent dans une quinzaine d’Etats du pays de faire inscrire cette question sur les bulletins de vote, ce qui pourrait faciliter une mobilisation de l’électorat démocrate, en particulier chez les jeunes. Parmi ces Etats, plusieurs sont susceptibles de faire basculer l’élection, comme la Pennsylvanie (nord-est), l’Arizona ou le Nevada (sud-ouest). Ils ont déjà obtenu gain de cause dans les Etats de New York et du Maryland (est), et désormais en Floride.

Une pétition citoyenne ayant rassemblé le nombre requis de quelque 900 000 signataires propose qu’un amendement à la Constitution de Floride «limite l’ingérence de l’Etat dans l’avortement».

La Cour suprême de l’Etat rejette les objections des autorités républicaines et «approuve l’inscription de l’amendement proposé sur le bulletin de vote» lors des élections présidentielle et législatives de novembre. S’il est adopté par au moins 60% des voix, cet amendement sera ajouté à la Déclaration des droits de la Constitution de Floride.

Il interdit «l’adoption de toute loi prohibant, criminalisant, retardant ou restreignant l’avortement avant la viabilité ou lorsqu’il est nécessaire pour protéger la santé de la patiente», la viabilité du fœtus étant généralement estimée autour de 24 semaines.

L’une des initiatrices de la pétition, Lauren Brenzel, a salué la décision de la Cour suprême, soulignant dans un communiqué que les responsables politiques de l’Etat «essayaient d’interdire l’avortement avant que la plupart des femmes se rendent même compte qu’elles sont enceintes». «Les Floridiens ont vu leur Parlement adopter une interdiction de l’avortement à partir de 15 semaines, puis de six semaines et ceci est notre chance de participer à une démocratie directe pour arrêter ces politiques impopulaires et nuisibles», a-t-elle ajouté.

Un sujet sensible en période électorale

Car dans l’immédiat, la plus haute juridiction de Floride a également rejeté lundi la suspension d’une loi promulguée en avril 2023 par le gouverneur républicain de l’Etat, Ron DeSantis, interdisant l’avortement au-delà de six semaines de grossesse. Ce texte entrera en conséquence en vigueur dans 30 jours.

En mars, le prédécesseur républicain de Joe Biden, Donald Trump, a indiqué qu’il pourrait se prononcer pour une interdiction nationale au-delà de 15 ou 16 semaines. Mais il a également estimé qu’il ne revenait pas à l’administration fédérale de trancher sur ces questions, mettant en garde contre le coût électoral d’une position trop conservatrice sur ce sujet éminemment sensible.

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«Cette nouvelle interdiction extrême - à laquelle Donald Trump a personnellement ouvert la voie – va représenter une interdiction pour tout le sud-est» du pays, a réagi dans un communiqué l’équipe de campagne de Joe Biden.

Donald Trump se targue d’avoir, par ses nominations à la Cour suprême des Etats-Unis, abouti au revirement de jurisprudence de juin 2022 qui a annulé la garantie fédérale du droit à l’avortement. Depuis cette décision redonnant aux Etats toute latitude pour légiférer dans ce domaine, une vingtaine ont interdit ou sévèrement restreint l’accès à l’IVG.