Dans la ville de Chilpancingo, le siège du gouvernement de l’État mexicain de Guerrero ainsi que plusieurs véhicules ont été ravagés par les flammes le lundi 8 avril, rapporte El País América.

À l’origine de l’incendie, des pétards lancés par des étudiants de l’École normale rurale d’Ayotzinapa. Ces derniers demandent justice pour leur camarade de classe Yanqui Kothan Gómez, abattu le 7 mars à Chilpancingo, lors d’un contrôle de police. Un communiqué du secrétariat à la Sécurité et à la Protection citoyenne du Mexique (Seguridad) avait alors affirmé que l’étudiant de 23 ans conduisait une camionnette volée avec trois de ses amis à bord. Le groupe de jeunes aurait refusé d’obtempérer aux ordres des policiers et aurait tiré plusieurs coups de feu depuis le véhicule. Une situation qui aurait conduit les forces de l’ordre à répliquer, tuant alors Yanqui Kothan.

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Selon le média mexicain Proceso, les étudiants à l’origine de l’incendie ont distribué des tracts dans la ville de Chilpancingo pour justifier leur attaque contre le siège du gouvernement de Guerrero. Ils y dénoncent la façon dont est menée l’enquête sur la mort de Yanqui Kothan, ainsi que la fuite d’un des policiers à l’origine du tir. Ils ont aussi pointé du doigt la fuite dans la presse des résultats toxicologiques de la victime. Ce dernier a été testé positif à l’alcool et à la cocaïne, des éléments qui auraient détourné l’attention de l’enjeu réel de ce drame, rapporte El País.

Les disparus d’Iguala

Mais cette affaire réveille surtout des blessures profondes dans la région. En 2014, 43 étudiants de cette même école ont subitement disparu alors qu’ils se rendaient à Mexico, la capitale du pays. Dix ans après le drame, la lumière n’a toujours pas été faite sur cette affaire qui a instauré un climat de défiance entre les proches des victimes et les institutions. “Dans ce contexte, l’affaire Yanqui Kothan vient jeter de l’huile sur un feu qui est tout sauf maîtrisé”, analyse El País, rappelant que des responsables de l’État de Guerrero ont déjà été démis de leurs fonctions dans le cadre de cette affaire : “le secrétaire général du gouvernement de Guerrero, Ludwig Marcial Reynoso ; le secrétaire à la Sécurité, Rolando Solano Rivera ; et la procureure de l’État, Sandra Luz Valdovinos”.