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Au Royaume-Uni, une élève musulmane perd son procès contre son école pour interdiction de la prière
Jeunes filles voilées au Royaume-Uni. (Photo d'illustration)
OLI SCARFF/AFP

Au Royaume-Uni, une élève musulmane perd son procès contre son école pour interdiction de la prière

"Victoire"

Par Marianne avec AFP

Publié le

Ce mardi 16 avril, un établissement scolaire de Londres a remporté son procès contre une élève musulmane qui contestait l'interdiction de faire ses prières dans l'école, estimant que cela allait à l'encontre de sa liberté religieuse.

Elle contestait l'interdiction de faire ses prières dans son école, un établissement scolaire de Londres réputé pour ses règles strictes. S'estimant victime d'une politique discriminatoire, une élève avait attaqué devant la Haute Cour de justice la « Michaela Community School », une école « libre » située à Wembley, un quartier du nord-ouest de Londres. Mais, ce mardi 16 avril, l'école a remporté son procès contre la jeune fille.

Lors du procès, l'élève a soutenu que la position de l’école sur la prière, qui est l’un des cinq piliers de l’Islam, allait à l'encontre de sa liberté religieuse et représentait « le genre de discrimination qui fait que les minorités religieuses se sentent éloignées de la société ». L'école a pour sa part dit que les prières nuisaient à « l'inclusion » entre les élèves.

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L'établissement scolaire a expliqué les avoir interdites en raison d'un « changement culturel » marqué par de la « ségrégation entre les groupes religieux et une intimidation » parmi les élèves musulmans. Donnant raison à l'établissement ce mardi, le juge a estimé qu'il y avait « une connexion rationnelle entre l'objectif de promouvoir l'esprit d'équipe de l'école, l'inclusivité, la cohésion sociale et la politique concernant le rituel de la prière ».

« Le désavantage causé aux élèves musulmans par la politique de l'école sur la prière est selon moi contrebalancé par l'objectif de promouvoir les intérêts de l'ensemble (des élèves) de l'école, parmi lesquels les musulmans », a ajouté le magistrat. La cheffe de l'établissement, Katharine Birbalsingh, a réagi sur X : « Une école devrait être libre de faire ce qui est juste pour ses élèves ». Et d'ajouter : « La décision de la Cour est une victoire pour toutes les écoles ».

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Le gouvernement salue la décision

Cette école, créée en 2014, est souvent présentée dans les médias comme « la plus stricte » du Royaume-Uni. Elle est financée par l'État mais sa gestion est indépendante. Elle a été co-fondée par Suella Braverman, ancienne ministre de l'Intérieur, très à droite. « Nous sommes différents. Nous rendons la tradition à la mode », est-il écrit sur le site internet de l'école. Au procès, il a été dit que la moitié de ses 700 élèves sont musulmans.

La ministre de l'Éducation Gillian Keegan a salué le jugement, affirmant que les chefs d'établissement « étaient les mieux placés pour prendre des décisions concernant leur école ». Et d'escompter : « Michaela est une excellente école et j'espère que ce jugement va donner aux directeurs des écoles la confiance pour prendre de bonnes décisions pour leurs élèves ».

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne