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Des inondations records dans plusieurs pays d'Afrique, noyés sous les besoins d'assistance

L'Afrique de l'Est connaît ces dernières semaines des pluies torrentielles qui ont causé la mort d'au moins 58 personnes en Tanzanie durant la première quinzaine d'avril et de 13 autres au Kenya. D'autres pays sont affectés : Burundi, Zambie, RDC, Congo-Brazzaville... Deux coupables bien identifiés : le réchauffement climatique accentué par le phénomène El Niño.

Les inondations dans les rues de Mombasa au Kenya, le 17 novembre 2023.
Les inondations dans les rues de Mombasa au Kenya, le 17 novembre 2023. © REUTERS - STRINGER
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  • Au Congo-Brazzaville, un habitant sur douze a besoin d'assistance humanitaire 

Dans les départements des Plateaux, de la Cuvette et de la Likouala, la décrue continue, mais à mesure que l'eau se retire, il faut évaluer les dégâts, désinfecter, réhabiliter écoles, centres de santé, sanitaires et points d'eaux. Toutes choses qui demandent du temps et d'importants moyens. « Il s'agit de rendre l'eau potable dans des situations où la malnutrition était déjà présente. Il faut pouvoir intensifier les programmes de lutte contre la malnutrition dont les cas aigus et sévères doivent être pris en charge de manière régulière et permanente », témoigne Georges Gonzales, représentant adjoint en charge des programmes de l'Unicef au Congo-Brazzaville.

Quatre mois après des inondations records qui ont affecté neuf départements sur douze, le Fonds des Nations unies pour l'Enfance (Unicef) estime que 100 000 enfants ont besoin d'une assistance humanitaire au Congo-Brazzaville. Pour 49 000 d'entre eux, la scolarité a été interrompue. L'Unicef concentre ses efforts dans les trois départements les plus durement touchés, situés dans le nord le long des fleuves Congo et Oubangui. La représentante de l'Unicef en République du Congo s'est rendue dans le district de Mpouya. Elle parle d'une situation préoccupante face à la dégradation des conditions d'apprentissage pour les enfants en âge d'être scolarisés. L'Unicef distribue des kits scolaires, installe des classes temporaires qui doivent être fonctionnelles d'ici la fin du mois.

Côté santé, les besoins sont nombreux. Comprimés pour traiter l'eau, mesures pour limiter le risque de maladies, reprises du suivi des cas de malnutrition et de la vaccination... Certaines zones sinistrées sont accessibles seulement par voie fluviale. Pour atteindre les plus reculées, il faut parfois une semaine. Selon la dernière évaluation, plus d'un demi-million de personnes ont besoin d'assistance humanitaire après ces inondations, soit un habitant sur douze. Si l'Unicef a eu les financements pour la réponse d'urgence (gouvernement du Japon, UsAid, Cerf), l'organisation s'inquiète du peu de fonds mobilisés pour le plus long terme notamment pour la reconstruction des écoles. 

  • Dans l'est de la RDC, la ville de Kalemie est sous l'eau depuis plusieurs semaines

La ville de Kalemie est coupée en deux, rapporte notre correspondante à Lubumbashi Denise Maheho. Les pluies abondantes ont provoqué la montée du niveau des eaux du lac Tanganyika et les dégâts matériels sont énormes. L’avenue Lumumba, principale artère qui relie le centre-ville à la commune de Lukuga, est couverte d’eau sur plus de 100 mètres. Avec, par endroits, plus de deux mètres de profondeur. Seuls quelques gros camions tentent encore d’emprunter cette avenue, mais la traversée se fait désormais en pirogue.

En plus de la montée des eaux du lac Tanganyika, les rivières environnantes ont débordé et les dégâts sont importants. Selon la société civile locale, plus de 3500 ménages sont touchés, des centaines de maisons d’habitation, de commerce et même d'infrastructures publiques sont inaccessibles. Mais ce bilan pourrait s’alourdir car chaque jour, des familles menacées par l’eau, abandonnent leurs maisons. Certaines infrastructures comme des hôtels, des écoles sont soit détruites, soit inaccessibles.

Jules Mulya, président du patronat local, explique que les activités économiques sont aussi affectées. La plupart des maisons de commerce sont inondées, même les entrepôts des marchandises. Le port de Kalemie, poumon économique de cette ville, n’est pas aussi épargné. Pour sa part, le ministre provincial des Infrastructures, John Seya, indique que la province n'a pas les moyens financiers pour faire face à ces sinistres.

  • Burundi appelle au secours

Les autorités ont finalement dû se résoudre à appeler à l’aide. Selon une bonne source, il y a quelques semaines, face aux pluies record, la Plateforme nationale de gestion des catastrophes et les partenaires financiers avaient préparé un document pour que le gouvernement déclare l’état de catastrophe naturelle. Selon un bon connaisseur du dossier, Bujumbura aurait d’abord refusé. Mais la pression des bailleurs de fonds a augmenté. Ces derniers disant que sans cette déclaration, l’aide financière serait plus difficile à obtenir. En parallèle, des figures connues, des politiques ou encore la protection civile, mettaient la pression sur les autorités pour qu’elles franchissent le pas et reconnaissent cette catastrophe naturelle.

Au final, dans le communiqué, l’expression n’est pas employée, mais les autorités demandent bien l’aide de la communauté internationale. Le gouvernement dit avoir fourni semences, argent, vivres, médicaments ou encore de l’eau. Malgré cela, « nous avons besoin de ressources financières pour faire face aux défis croissants », indique le texte. Des fonds destinés à financer un plan de réponse et soutenir le mécanisme national d’alerte... Le ministère de l'Intérieur, les acteurs humanitaires et le système des Nations unies au Burundi appellent les partenaires qui ne l'ont pas encore fait à contribuer pour répondre aux besoins de court terme, alléger les souffrances des communautés, mais aussi à plus long terme, renforcer les capacités du pays pour limiter les chocs liés aux phénomènes météorologiques extrêmes. 

Les autorités ne révèlent pas le nombre de victimes, mais insistent sur les « effets dévastateurs des pluies, exacerbées par El Niño ».

Glissements de terrain, vents violents et grêle ont gravement touché le Burundi avec 204 000 personnes concernées. 209 salles de classe, 19 000 habitations, 40 000 hectares de champs détruits depuis septembre, indique le communiqué. Les perspectives sont par ailleurs inquiétantes avec des pluies de niveau encore anormal attendues jusqu’à mai. 306 000 personnes ont besoin d'une assistance humanitaire selon une communication conjointe du gouvernement et du système des Nations unies faite mardi 16 avril. Le nombre de personnes déplacées a augmenté de 25% pour atteindre presque 100 000. Le ministère de l'Intérieur et les Nations unies déplorent aussi des pertes en vies humaines, mais ne précisent pas combien. Depuis septembre, plus de 40 000 hectares de cultures ont été détruits.

Aloys Batungwanayo habite Bujumbura. Il a dû quitter sa maison inondée par les eaux du lac Tanganyika. Il décrit l'état de la capitale.

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Aloys Batungwanayo, sinistré à Bujumbura

Le Burundi est considéré comme l'un des vingt pays les plus vulnérables au monde face aux aléas climatiques. De nouvelles pluies au-dessus des normales saisonnières sont annoncées jusqu'au mois de mai. 

  • La Zambie réclame l'accès au fonds pertes et dommages

La Zambie est confrontée à l’une des pires sécheresses de son histoire, provoquée par le phénomène climatique El Niño, le président de la Zambie, Hakainde Hichilema, a réclamé une aide d’urgence de 900 millions de dollars à la communauté internationale. Depuis une dizaine d'années, les catastrophes climatiques se multiplient dans toute l'Afrique australe. 

L’air grave, le cœur lourd, dans un discours télévisé, le président zambien a lancé un appel pour venir en aide aux six millions de personnes affectées par la sécheresse qui dure depuis plus d’un an. En février dernier, déjà, il déclarait la Zambie en situation d’urgence et de catastrophe nationale, et s’en remettait à l’aide extérieure alors que le pays est en état de faillite depuis 2020. 

Les catastrophes climatiques se multiplient ces dernières années, dans toute l’Afrique australe. Récemment, le Zimbabwe et le Malawi, frappés eux aussi par la sécheresse, ont également demandé l’appui de la communauté internationale. Selon les scientifiques, l’augmentation des températures dans cette partie du continent a été deux fois plus rapide que la moyenne mondiale au cours des cinq dernières décennies, l’exposant davantage aux phénomènes extrêmes. Le mois dernier, le ministre de l’Environnement zambien, Collins Nzovu, a réclamé que son pays ait enfin accès au fonds pertes et préjudices voté lors de la dernière COP. Un fonds pour compenser les dégâts provoqués par le réchauffement climatique pour des pays, comme la Zambie, qui n’en sont pas responsables.

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