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Déportation des Acadiens: c’est pour avoir refusé de porter un serment inconditionnel au roi d’Angleterre que 10 000 personnes ont été déportées il y a 250 ans

Charles III est venu visiter en avril 1996, au plus bas de sa popularité à l’époque. On lui avait offert comme cadeau un rabot fabriqué par un artisan du Village historique acadien.
Charles III est venu visiter en avril 1996, au plus bas de sa popularité à l’époque. On lui avait offert comme cadeau un rabot fabriqué par un artisan du Village historique acadien. Photo fournie par Philippe Basque


Le rejet de la proposition du député Joël Arsenault visant à rendre optionnel le serment d’allégeance au roi d’Angleterre à la Chambre des communes, le 8 avril, a fait remonter la tragédie de milliers d’Acadiens déportés il y a 250 ans pour avoir refusé de porter ce serment.

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«Les Acadiens sont encore très sensibles à l’évocation de cet épisode difficile de leur histoire, un peu comme la défaite des Plaines d’Abraham reste difficile pour la mémoire des Québécois», explique l’historien Philippe Basque en entrevue au Journal

M. Basque a l’habitude de résumer pour les touristes la Déportation des Acadiens, qui s’est déroulée entre 1755 et 1763. 

L’historien du Village historique acadien, un hameau du 18e siècle reconstitué près de Caraquet, au Nouveau-Brunswick, rappelle que les Acadiens ont beaucoup souffert de leur opposition à la monarchie britannique. 

Charles III est venu visiter en avril 1996, au plus bas de sa popularité à l’époque. On lui avait offert comme cadeau un rabot fabriqué par un artisan du Village historique acadien.
Le Village historique acadien, près de Caraquet. Philippe Basque

Charles III est venu visiter en avril 1996, au plus bas de sa popularité à l’époque. On lui avait offert comme cadeau un rabot fabriqué par un artisan du Village historique acadien.
Le Village historique acadien, près de Caraquet. Philippe Basque

«Ce serment avait pour but, d’une part, d’interdire aux Acadiens de prendre les armes contre l’administration britannique, ce qui ne posait pas de problème particulier, mais aussi de renoncer à la religion catholique. Et ça, c’était très grave à l’époque», rappelle-t-il. C’est pourquoi les 270 délégués acadiens de la milice refusent de porter un serment d’allégeance inconditionnel au roi d’Angleterre.

10 000 déportés

À partir du Traité d’Utrecht en 1713, les quelque 1700 habitants de l’Acadie située dans les provinces actuelles du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse et de l’Île du Prince-Édouard sont devenus des sujets britanniques.

Le changement n’avait pas provoqué de crise; au contraire, une paix s’était installée pour trois décennies durant lesquelles la population acadienne bondit à plus de 15 000 personnes. C’est alors que les choses se sont gâtées.

Les colons britanniques revendiquaient le territoire de cette population francophone, ce qui mènera à un affrontement entre la minorité francophone et l’administration anglaise.

Le gouverneur de la Nouvelle-Écosse, Charles Lawrence, décrète le 28 juillet 1755 la déportation des récalcitrants et confisque leurs terres, leur bétail et leurs bâtiments. Plusieurs fermes et maisons seront brûlées ou détruites.

Selon l’Encyclopédie canadienne, pas moins de 10 000 Acadiens seront déplacés, parmi lesquels un bon nombre moururent. Des 3100 Acadiens déportés en 1758, plus de la moitié décédèrent avant d’atteindre leur destination. 

Charles III est venu visiter en avril 1996, au plus bas de sa popularité à l’époque. On lui avait offert comme cadeau un rabot fabriqué par un artisan du Village historique acadien.
Philippe Basque Philippe Basque

Grand retour

«Les Acadiens seront très nombreux à revenir sur place quand les sanctions n’auront plus d’effet», reprend M. Basque. Mais plusieurs ne seront pas bienvenus et seront repoussés. C’est cette errance perpétuelle que raconte le poème Évangeline, de Longfellow.

La déportation s’est révélée «autant inhumaine qu’inutile du point de vue militaire» selon James Marsh qui signe l’article dans l’Encyclopédie.

Charles III est venu visiter en avril 1996, au plus bas de sa popularité à l’époque. On lui avait offert comme cadeau un rabot fabriqué par un artisan du Village historique acadien.
Charles III, alors prince, au Village historique acadien en 1996. Philippe Basque

On tente aujourd’hui de garder vivant le souvenir de cette tragédie en accueillant les visiteurs dans des sites comme le Village acadien, où 50 000 touristes affluent chaque année.

Le roi d’Angleterre, Charles III, est lui-même venu en visite en 1996 alors qu’il était prince.

C’est à lui que les députés de la Chambre des communes ont rendu hommage après le vote en entonnant God save the king

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