Dans une décision historique, les Etats-Unis fixent des limites d’émissions de CO2 pour les centrales à charbon mais aussi pour les futurs centrales à gaz. Une première dans un pays où 16% de l’électricité est produite à partir de charbon et 60% à partir de gaz.

Il s’agit d’annonces “énormes” qui “nous font avancer dans notre combat contre la crise climatique”, a déclaré Ali Zaidi, le conseiller climat du président démocrate, candidat à sa réélection. Cette norme est l’un “des outils les plus efficaces jamais développés pour réduire les émissions nocives pour le climat du secteur énergétique”, a également réagi l’organisation Sierra Club. “C’est historique”, le gouvernement de Joe Biden “en aura fait plus que n’importe quelle autre administration” pour le climat, a abondé auprès de l’AFP Margie Alt, directrice de la “Climate action campaign”, coalition regroupant une dizaine d’organisations environnementales.

Le captage et stockage de CO2 mis en avant

La réglementation avait été proposée il y a un an par l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA), et après une consultation publique obligatoire, elle est désormais finalisée avec plusieurs changements. La réglementation finale ne couvre plus les centrales à gaz déjà existantes, qui doivent désormais faire l’objet d’une norme séparée. Et la date à laquelle les centrales à charbon devront capter leur CO2 a été repoussée de 2030 à 2032.

Aucune technologie n’est imposée aux entreprises pour atteindre les objectifs de réduction d’émissions, mais l’EPA avance que la meilleure option sera le captage et stockage de CO2 (CCS), qui permet de l’emprisonner au lieu de le relâcher dans l’atmosphère. “Des représentants de plusieurs compagnies électriques ont indiqué que le CCS est une technologie viable pour le secteur énergétique aujourd’hui”, a assuré le patron de l’EPA, Michael Regan. Il a également souligné que la grande loi climatique de Joe Biden adoptée en 2022 (IRA), comportait des crédits d’impôts pour cette technologie afin de soutenir son développement.

Il n’existe pour le moment dans le monde qu’environ 40 sites de captage de CO2 pour des processus industriels ou la génération d’électricité, selon l’Agence internationale de l’énergie. Pour l’organisation 350.org, ces technologies n’ont pas encore fait leur preuve, et c’est plutôt le nombre de ces centrales qui devrait être réduit.

L’équivalent des émissions annuelles de 328 millions de voitures

Ces nouvelles mesures doivent permettre d’empêcher l’émission de près de 1,4 milliard de tonnes de CO2 d’ici 2047, soit l’équivalent des émissions annuelles de 328 millions de voitures, a fait valoir l’EPA. Il n’existait jusqu’ici pas de norme fédérale limitant les émissions des centrales à charbon déjà existantes. Ces dernières représentent pourtant la plus grosse source d’émissions du secteur énergétique, selon l’EPA, même si une quantité importante de centrales à charbon a fermé durant la dernière décennie aux Etats-Unis.

Dans le même temps, la production électrique via l’énergie solaire et éolienne, mais aussi celle des centrales à gaz, a augmenté. La production d’électricité représente environ un quart des émissions de gaz à effet de serre du pays, soit le deuxième secteur émetteur le plus important après les transports. En 2023, environ 60% de la production électrique des Etats-Unis provenait de centrales à gaz (43%) ou à charbon (16%), selon l’Agence américaine d’information sur l’énergie, suivies par les énergies renouvelables (21%), et le nucléaire (18%).

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