Des drapeaux européens à Bruxelles. Crédit : Reuters
Des drapeaux européens à Bruxelles. Crédit : Reuters

Bruxelles a décidé de limiter la délivrance de visas aux ressortissants éthiopiens. Une mesure de représailles : l’Union européenne estime que l’Éthiopie ne coopère pas en matière de demandes de renvois de migrants en situation irrégulière.

L’Union européenne (UE) a durci lundi 29 avril les conditions de délivrance de visas pour les Éthiopiens. Pour Bruxelles, il s’agit d’une mesure de sanction contre ce pays de la Corne de l’Afrique accusé de ne pas reprendre suffisamment ses ressortissants quand ils se trouvent en situation irrégulière et doivent être expulsés.

Pour rappel, quand un migrant est débouté de sa demande d’asile et doit quitter un pays de l'UE, son pays d’origine doit délivrer un laissez-passer consulaire afin d’autoriser son renvoi. Or, certains pays n'envoient jamais les documents demandés. La délivrance des laissez-passer dépend ainsi beaucoup des partenariats ou tensions diplomatiques entre les pays d'origine et les Vingt-Sept.

Délai de traitement de 15 à 45 jours

L’UE tente, par le biais des visas, de faire pression sur ces pays d’origine : pas de renvois, moins de visas.

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Bruxelles, donc, serre la vis. Les Éthiopiens désireux de se rendre dans l’UE ne pourront plus bénéficier de dérogation, ne pourront plus bénéficier d’un visa à entrées multiples. Les titulaires de passeports diplomatiques ne seront plus dispensés de paiement des droits de visa, indique un communiqué du Conseil de l’UE.

De plus, le délai de traitement des demandes de visa passe de 15 à 45 jours, en vertu de ces mesures "temporaires" qui ne sont "pas assorties d’une date de fin précise".

Des sanctions similaires ont été prises en 2021 à l’encontre de la Gambie.

En 2023, plus de 80 000 ressortissants ont été renvoyés hors de l'UE

Actuellement, environ 20% des étrangers qui reçoivent l’ordre de quitter l’UE - parce qu’ils y sont entrés ou y séjournent sans autorisation - sont renvoyés dans leur pays d’origine ou de transit.

Cette proportion était de 10% en 2021 et 2022 pour les Éthiopiens, selon le Conseil, institution représentant les États membres.

Le Conseil précise que sa décision "fait suite à une évaluation de la Commission concluant que la coopération de l’Éthiopie dans le domaine de la réadmission de ses ressortissants en séjour irrégulier dans l’UE est insuffisante".

"Les autorités éthiopiennes ne répondent pas aux demandes de réadmission et des difficultés persistent en ce qui concerne la délivrance de documents de voyage d’urgence et l’organisation des opérations de retour volontaire et non volontaire" des migrants, souligne le communiqué.

En 2023, 430 600 ressortissants de pays tiers ont reçu l’ordre de quitter l’UE, et 83 400 ont été renvoyés dans un pays hors de l’UE, soit 19%, selon la Commission européenne.

 

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