Le combat d'une mère pour protéger sa fille

Inceste à La Réunion : "la parole de l'enfant n'a aucune valeur et il faut que cela change"

  • Publié le 4 mai 2024 à 19:21

Ce samedi 4 mai 2024, l'Union des femmes réunionnaise est revenue sur l'histoire d'une maman, dont la fille de huit aurait été victime de la part de son père. Il y a de cela une semaine, cette mère en colère l'absence de prise en compte de la parole de sa fille. Une enfant qui va chez son père, les droits de visite n'ayant pas été suspendus. Cette maman est accompagnée par des associations, dont l'Union des femmes réunionnaises, qui la soutient dans son combat. L'association a décidé d'interpeller la procureure de Saint-Denis pour que cette enquête soit rouverte (Photo : sly/www.imazpress.com)

En colère, cette mère a dénoncé sur Réunion La 1ère les attouchements dont aurait été victime sa fille de huit de la part de son père.

Si l'enfant aurait déjà été entendu à plusieurs reprises par la brigade des mineurs, le père dispose toujours d'un droit de visite et d'hébergement de la petite.

Toutefois, la mère de famille – pour protéger son enfant – a décidé de ne pas présenter l'enfant à son géniteur.

Le père lui, aurait porté plainte contre la maman pour non présentation d'enfant.

- "L'enfant n'est pas protégé" -

"Nous sommes là pour dénoncer encore une fois le parcours d'une petite fille et sa maman qui dénoncent des violences sexuelles de la part du papa", déclare Évelyne Corbière, présidente de l'UFR.

Selon l'association, ce qui est plus difficile, "c'est que la parole de l'enfant ne soit pas reconnue."

"La présomption d'innocence du père est réelle mais la parole de cette enfant n'est pas prise en compte par la justice et cette enfant crie au secours, on ne l'entend pas", dénonce-t-elle.

"Il faut agir pour l'intérêt supérieur de l'enfant or là cet enfant n'est pas protégé", poursuit Evelyne Corbière.

À l'inverse, "la mère est forcée de présenter l'enfant alors que la petite refuse", dénonce l'UFR.

"Il y a une volonté de transformer cette affaire d'inceste en autre chose de type conflit parental alors qu'on le redit, ce n'est pas un conflit entre les parents."

"Le sujet principal c'est la petite fille qui a parlé et il faut écouter ce qu'elle a à dire."

Cette maman est accompagnée par des associations, dont l'Union des femmes réunionnaises, qui la soutient dans son combat.

- Un "cri du coeur" -

L'UFR, comme les autres associations, à l'image de l'association EPA et "C'est un cri du cœur. Il faut prendre en compte la parole des enfants. On s'est battu pour que les enfants parlent", lance Pierrette Mira, directrice de l'association Femmes Solid'Air.

"Ces petits ont besoin de nous sinon qui vient les aider."

Jessy Yong-Pen de l'association "Écoute-moi, Protège-moi, Aide-moi", le dit : "on gère ce fléau au quotidien mais on remarque toujours le même scénario. Quand l'enfant parle ou la mère parle ça pose problème à la justice".

"S'il n'y a pas de traces sur l'enfant on dit qu'il n'y a que la parole et elle n'est jamais entendue et forcément les parents sont discrédités de manière systématique."

"Face à la justice, une mère, un père, un enfant n'a pas de poids malgré ceux qui dénoncent. La parole n'a aucune valeur et il faut que cela change", ajoute Jessy Yong Pen. "On ne protège pas nos enfants."

L'UFR qui demande la rouverture de l'enquête. Tout en rappelant – selon les chiffres de la Civiise – que 73% des plaintes pour inceste sont classées sans suite.

La Ciivise veut améliorer le traitement judiciaire. L'enfant doit être mis en sécurité immédiatement. Sur le modèle des ordonnances de protection pour les femmes battues, la Ciivise préconise une ordonnance de sûreté de l'enfant (OSE) que pourrait déclencher le juge "en cas d’inceste vraisemblable".

En deux ans, la commission a recueilli 27.000 témoignages et a rédigé de nombreuses préconisations qui ont intégré le plan de lutte contre les violences faites aux enfants.

- Un enfant violé toutes les trois minutes en France -

160.000 enfants sont violés ou agressés chaque année. Un toutes les trois minutes en France.

La Ciivise révèle que seules 8 % des victimes, qui ont témoigné auprès de la Ciivise ont été crues, écoutées et protégées.
Un rapport qui fustige des actions politiques à la traîne, et appelle à un soutien social massif et rapide des enfants victimes.

Les chiffres de la Ciivise montrent que "près de six professionnels sur dix n’ont pas protégé l’enfant à la suite de la révélation des violences (58 %)".

Moins d’une victime d’inceste sur dix révèle les violences au moment des faits. 60 % des personnes concernées attendent au moins dix ans avant d’arriver à se confier. Si elles sont crues, si on ne les rend pas responsables de leur agression, si elles sont protégées, les victimes réduisent leur possibilité de développer des comportements à risque, l’impact sur leur santé physique et psychique.

À La Réunion, le risque d'être victime de violences sexuelles est près de 50% plus élevé que la moyenne nationale.

En cas d'urgence, le seul numéro à composer est celui de Police Secours.

Le 112, numéro d'urgence européen
Le 114 pour les personnes sourdes, malentendantes, aphasiques, dysphasiques
Le 115 pour la mise à l'abri pour un hébergement d'urgence
Le 15 pour les urgences médicales, ou le 18
Le 119 pour les enfants en danger
Le 08 019 019 11 pour les auteurs de violences conjugale

Vous pouvez signaler des faits de violences intrafamiliales en ligne, directement auprès du commissariat ou de la gendarmerie la plus proche sur le www.servicepublic.fr/cmi Anonyme et gratuit, ce tchat est accessible 24h/24 et 7j/7 pour échanger avec des policiers ou des gendarmes spécialement formés aux violences sexistes et sexuelles.

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