"Fermez les guillemets": la dernière de Bouillon de culture, quand Bernard Pivot répondait à son questionnaire

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"Fermez les guillemets": la dernière de Bouillon de culture, quand Bernard Pivot répondait à son questionnaire

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Bernard Pivot pose pour les photographes le 29 juin 2001 sur le plateau de la dernière édition de son émission "Bouillon de culture".
Bernard Pivot pose pour les photographes le 29 juin 2001 sur le plateau de la dernière édition de son émission "Bouillon de culture".
© AFP - Pierre-Franck Colombier

Bernard Pivot est décédé ce lundi à l'âge de 89 ans. Le journaliste a reçu pendant des années des personnalités du monde de la culture. Toutes et tous se voyaient poser les dix fameuses questions à la fin de l'émission. Pour la dernière de "Bouillon de culture", il y répondait lui-même.

Après avoir animé "Apostrophes" à 724 reprises de 1975 à 1990, Bernard Pivot créait "Bouillon de culture" en janvier 1991. Cette émission diffusée chaque semaine en deuxième partie de soirée, abordait aussi bien la littérature que le cinéma, le théâtre ou les arts. De nombreuses grandes personnalités, venant de tous les horizons, furent ainsi conviées : Umberto Eco, Sœur Emmanuelle, Kirk Douglas, Robert Badinter, Woody Allen...

Aussi divers qu'ils furent, ces entretiens se terminaient tous par le même rituel : un questionnaire. Dix questions façon questionnaire de Proust, mais revisitées par le "Roi lire". Ce moment était attendu avec délice par toutes les téléspectatrices et les téléspectateurs. Les réponses fusaient ou se faisaient attendre, elles étaient drôles, parfois graves, mais rendaient toujours ce moment chaleureux et vivant. L'émission se refermait ainsi.

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"Votre mot préféré ? - Aujourd'hui, avec une apostrophe au milieu"

Mais le 29 juin 2001, lors du 407e "Bouillon" Bernard Pivot mettait un terme à ce rendez-vous culturel hebdomadaire. Rebaptisé pour l'occasion "Inventaire avant fermeture définitive", le journaliste était entouré d'une douzaine d'habitués : Jean d'Ormesson, Erik Orsenna, Isabelle Huppert, Fabrice Luchini, Gilles Lapouge, Jean Tulard, Denise Bombardier, Annie Cohen-Solal, Amélie Nothomb, Georges Charpak, Patrick Rambaud et l'animateur de télévision américain James Lipton, l'un de ses fervents admirateurs. Une conversation joyeuse, sans trop de nostalgie, qui dura près de trois heures. Vint alors le moment de rendre l'antenne. C'est alors Jean d'Ormesson, le recordman des passages dans les émissions de Pivot ("Ouvrez les guillemets", "Apostrophes", "Bouillon de culture"), qui se chargea de poser les habituelles questions.

"Votre mot préféré ? - Aujourd'hui, avec une apostrophe au milieu.

Le mot que vous détestez ? - Un mauvais sentiment, décrit par un mauvais mot : con-cu-piscence.

Votre drogue favorite ? - La lecture des journaux en général, et de "L'Equipe" en particulier.

Le son, le bruit que vous aimez ? - Le son très discret des pages que je tourne en lisant un livre, ou le son aussi discret du stylo sur la feuille.

Votre juron, gros mot ou blasphème favori ? - Oh putain ! Oh putain ! Oh putain ! Toujours trois fois !

Homme ou femme pour illustrer un nouveau billet de banque ? - Michel Bouquet dans "L'Avare" de Molière.

Le métier que vous n'auriez pas aimé faire ? - Président de France-Télévision ou directeur d'une chaîne du service public.

La plante, l'arbre ou l'animal dans lequel vous aimeriez être réincarné ? - Un cep de la romanée-conti.

Si Dieu existe, qu'aimeriez-vous, après votre mort, l'entendre vous dire ? - Vous avez toute l'éternité pour apprendre l'anglais."

Rires sur le plateau, la séquence est joyeuse. Puis à l'écran, Bernard Pivot reprend la parole et déclare, avec son entrain de toujours : "Le livre se referme, je vous souhaite une bonne nuit à tous, fermez les guillemets."

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