En Inde, un isoloir installé pour un seul votant

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DémocratieEn Inde, un isoloir installé pour un seul votant

Un moine vivant dans une forêt étant l'unique votant dans la région, la commission électorale a fait un voyage de deux jours pour lui.

Au fin fond de la forêt de Gir, dans le nord-ouest de l’Inde, un moine hindou a voté mardi dans un isoloir spécialement installé pour lui, unique électeur à des kilomètres à la ronde, pour ce scrutin auquel participent plus de 968 millions d’électeurs.

Plus grand exercice démocratique du monde, étalé entre le 19 avril et le 1er juin, les élections générales indiennes sont encadrées par des lois garantissant qu’aucun électeur ne soit éloigné de plus de deux kilomètres d’un bureau de vote.

Des agents électoraux de l’État du Gujarat ont accompli un voyage de deux jours, dont une longue et cahoteuse traversée en jeep dans la forêt de Gir, dernier habitat naturel du lion d’Asie en voie de disparition, pour installer cet isoloir et permettre à Mahant Haridas Udaseen, moine de 42 ans, de voter.

«Chaque vote est important»

«Le fait qu’une équipe de 10 personnes soit venue ici dans la jungle pour un seul électeur montre à quel point chaque vote est important», a commenté auprès de l’AFP le moine, exhibant son index marqué d’un trait d’encre indélébile, preuve de son vote.

Il est le gardien d’un temple dédié à la divinité hindoue Shiva, situé près d’une rivière infestée de crocodiles. Il s’y est établi en 2019 après la mort de son prédécesseur. Le moine, vêtu d’une robe safran et le front enduit de poudre de bois de santal, s’est présenté avant le déjeuner au bureau de vote, installé dans un bureau du département des forêts à Banej. «J’adore l’attention que je reçois en tant qu’électeur solitaire dans la forêt», admet-il.

Plus d’un demi-million de personnes visitent cette forêt chaque année à bord de 4x4 pour tenter d’apercevoir des léopards, des chacals et des hyènes. Mais c’est surtout le lion asiatique, dont il ne reste que 700 individus environ que les visiteurs cherchent à observer. «Cela témoigne du pouvoir de la démocratie, cela me donne le sentiment d’être la personne la plus importante au monde», poursuit l’homme de foi.

L'équipe a dormi à même le sol

Selon les règles de la commission électorale, le bureau de vote devait rester ouvert jusqu’au soir, même après que l’unique électeur de la liste ait voté. La loi exige aussi que chaque bureau de vote soit tenu par au moins six agents électoraux et deux policiers. «Dans une démocratie, chaque personne est importante», approuve Padhiyar Sursinh, agent électoral qui a parcouru 65 km depuis depuis la ville d’Una pour être sur place.

«Il est de notre devoir de veiller à ce que personne ne soit privé de son droit de vote, même si cela implique d’entreprendre un voyage aussi ardu que celui-ci», souligne-t-il.

Il a fallu faire près de trois heures de route sous 40°C jusqu’à Banej. M. Sursinh et son équipe ont passé la nuit dans le bâtiment du département des forêts. Ils ont dîné d’un simple repas composé de pain et de lentilles et dormi à même le sol. «Nous avons dû tout préparer un jour à l’avance pour que le bureau puisse être ouvert tôt dès 7 heures du matin conformément aux règles électorales», explique M. Sursinh. «Il n’y a pas de réseau de téléphonie mobile, donc pas de droit à l’erreur ici.»

À près de 2000 km de là, dans le nord de l’Inde, c’est le froid glacial qu’une équipe d’agents électoraux devra braver pour permettre à la circonscription de Tashigang de prendre part au vote, dans les montagnes de l’État de l’Himachal Pradesh. A 4650 mètres d’altitude, ils installeront alors le bureau de vote le plus haut du monde.

(afp)

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