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En Europe, cette "super-autoroute" de la cocaïne qui décuple les violences

Drogue
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Vidéo GEO : Les humains consommaient-ils de la drogue lors des cérémonies de l’âge du bronze ?

Sur la mer du Nord, le port d'Anvers concentre les arrivées d'une large part des cargaisons illégales de cocaïne. Malgré les efforts des douanes, la drogue irrigue les réseaux européens, dans un record de violences.

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Dans le froid mordant de la fin janvier 2024, les 27 ministres de l’Intérieur de l’Union européenne se sont réunis au port d’Anvers, mastodonte logistique et naval de près de 130 km2. De là, ils ont lancé pour le continent une "Alliance des ports", destinée à coordonner les mesures de lutte contre le trafic de drogue dans l’Union.

Anvers, "capitale européenne de la cocaïne"

Le lieu choisi n’avait rien d’un hasard : la ville d’Anvers a raflé pour la seconde année consécutive le titre de "capitale européenne de la cocaïne", selon les résultats publiés en mars dernier par l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies et le groupe SCORE, un réseau européen d'analyse des eaux usées.

Le rapport, qui centralise les résultats des analyses des eaux usées de 88 villes de 23 pays de l'UE et de la Turquie, soit 55,6 millions d'habitants, montre une augmentation marquée de la consommation de cocaïne ainsi que de kétamine et de MDMA.

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EN IMAGES
Les plus beaux clichés du World Press Photo 2024

Anvers fait état quotidiennement de 1 721 milligrammes de cocaïne détectés pour 1 000 personnes. Une baisse, par rapport à 2022, qui ne suffit toutefois pas à retirer Anvers de la tête de liste. Loin de là.

Les milliards de la drogue en Europe

En fait, selon l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime, les saisies de cocaïne à Anvers ont été multipliées par plus de 20 au cours de la dernière décennie. Des chiffres qui seraient toutefois bien en-deçà de la réalité des passages de drogues : de l'aveu même des douanes belges, elles ne parviennent à capturer que 10 à 40 % de la cocaïne qui transite par le port d’Anvers.

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Pour cause : le port, plus grand que la ville de Paris, est la première destination européenne pour les marchandises d'Amérique latine, qui entrent par millions de conteneurs chaque jour, et une "super-autoroute" pour la cocaïne dans la région, affirme Bloomberg, qui a enquêté sur le sujet. L'agence antidrogue de l'Union européenne estime à 31 milliards d'euros (33 milliards de dollars) la valeur minimale au détail du marché des substances illicites de l'Union européenne.

Les techniques des réseaux criminels sont nombreuses pour récupérer les kilos de marchandises illégales qui débarquent par bateau : envoyer des mineurs (qui risquent donc une plus faible peine devant un tribunal) ramper sous les grillages du port pour récupérer la cocaïne, débarquer dans le bassin portuaires des plongeurs chargés de détacher de la coque immergée des bateaux des paquets de drogues soudés là par les expéditeurs à l’autre bout du monde…

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Lors d’un évènement organisé début mai, la police maritime d'Anvers a décrit une autre tactique fréquente, le "Cheval de Troie" : des homme se cachent dans un conteneur, et une fois que celui-ci est déposé dans l’enceinte du port, ils peuvent se faufiler et récupérer de la cocaïne dans un autre conteneur entrant. Arrêter les réseaux criminels est comme chercher une aiguille dans une botte de foin : le port traite plus de 12 millions de conteneurs par an, rappelle Bloomberg.

Depuis le port d’Anvers, la cocaïne irrigue toute l’Europe : Rotterdam, Eindhoven, Dortmund, Rotterdam, Paris, Genève, Zurich… Aux Pays-Bas, cinq villes figurent dans le top 10 de la liste de l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies.

Des violences décuplées

Selon un rapport de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies et d’Europol publié en mars, certains "états membres de l'UE connaissent actuellement des niveaux sans précédent de violence liée au marché de la drogue, notamment des meurtres, des tortures, des enlèvements et des intimidations".

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Ces violences ont souvent lieu entre réseaux criminels, mais des innocents en sont également victimes. Ainsi, l’homicide d’une fillette de 11 ans lors de tirs croisés liés à la drogue en Belgique en 2023 a choqué le pays.

À Marseille en 2023, 47 personnes ont été abattues sur fond de trafics de stupéfiants, soit 14 de plus qu'en 2022. Les victimes "collatérales" de ces affrontements se multiplient. Aux Pays-Bas, la violence liée à la drogue dans le pays a connu un pic spectaculaire ces dernières années, avec plus de 250 explosions de maisons rien que cette année, liées à des guerres de territoire entre gangs, selon la police néerlandaise, citée par Bloomberg.

Parallèlement, les saisies de cocaïne dans le pays ont fait un bond de 18 % en 2023 par rapport à l'année précédente, pour atteindre 60 000 kilogrammes.

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Une nécessaire "guerre contre la drogue" ?

"La situation empire", a déclaré la commissaire européenne chargée des affaires intérieures, Ylva Johansson, lors d'une récente interview retranscrite sur le site de la Commission européenne. "Alors que nous enregistrons des saisies record, nous constatons également que les prix n'augmentent pas et que la pureté augmente, ce qui signifie qu'il y a beaucoup de cocaïne disponible sur le marché européen."

Pour l’Union européenne qui, note Bloomberg, n’a jamais enclenché une véritable "guerre contre la drogue" telle que celle menée par les États-Unis à partir de la présidence Nixon, l’entreprise est démesurée.

La sécurité dans le port d’Anvers a été renforcée, les scans de conteneurs se sont multipliés, au niveau européen, l’alliance des ports doit permettre la mise en place un partenariat public-privé contribuant à la lutte contre le trafic de drogue. Mais le phénomène connaît une ampleur croissante. "Le budget est trop faible pour prendre les mesures réelles qui pourraient faire la différence", a reconnu Bart De Wever, maire d'Anvers lors d'une interview à Bloomberg.

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"Il est impossible d'éradiquer le phénomène, mais il devrait être possible de le limiter à un niveau acceptable". "Nous devons rester ici et leur rendre la vie aussi difficile que possible", a renchéri la semaine dernière la ministre belge de l'intérieur, Annelies Verlinden.

Mais l’Europe n’y arrivera pas seule, et la Belgique, encore moins. "Ce n'est pas un problème d'Anvers. Ce n'est pas un problème de Bruxelles. Ce n'est pas un problème de la Belgique. Ce n'est pas un problème européen. C'est un problème mondial", a déclaré le ministre de la justice, Paul Van Tigchelt, lors d'un entretien à Bloomberg.

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