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UKRAINE

"L'Ukraine est-elle en train de basculer dans la guerre civile ?"

Au lendemain d’affrontements meurtriers entre pro-russes et soldats ukrainiens à Sloviansk, la menace d’un basculement de l’Ukraine dans la guerre civile se précise.

FRANCE 24
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"Une question est actuellement sur toutes les lèvres : l’Ukraine est-elle en train de basculer dans la guerre civile ?". Selon Douglas Herbert, envoyé spécial de FRANCE 24 à Donetsk, l’atmosphère se révèle chaque jour plus explosive dans l’est de l’Ukraine, en proie à des offensives séparatistes pro-russes depuis début avril.

"Les autorités ukrainiennes sont convaincues que ce qui se joue actuellement dans l’Est est une guerre organisée contre elles par des rebelles parfois très bien équipés, très bien formés et plus que jamais déterminées à tenir bon", poursuit le reporter de FRANCE 24. L’aéroport de Donetsk a été fermé lundi 5 mai, dans la soirée, sur ordre du gouvernement, qui a lancé une vaste "opération anti-terroriste" dans l’Est. Les journalistes de FRANCE 24 ont également constaté l’annulation de tous les vols internationaux. Les avions à destination de Kiev, en revanche, étaient toujours programmés.

"On constate que les pro-russes commencent à accélérer le mouvement, en prenant petit à petit des bâtiments publics, note Douglas Herbert. Hier, par exemple, on a vu des hommes en uniforme de camouflage s’emparer de la caserne des sapeurs pompiers de Donetsk. Les assaillants étaient très bien armés – ils avaient des kalachnikovs –, ils ressemblaient fort à ces hommes en vert que j’avais vu à l’œuvre en Crimée [en mars dernier, NDLR]. Cet événement s’inscrit dans une série de saisies de bâtiments stratégiques dans cette ville. […] Les séparatistes sont extrêmement déterminés". Le journaliste a par ailleurs démenti la rumeur de démission du maire de Donetsk sous la pression des séparatistes, et a assuré que les services municipaux fonctionnaient toujours.

"Aucune arme lourde pour éviter un bain de sang"

Après un mois de tensions dans plusieurs villes de l’est ukrainien, la situation s’est brutalement dégradée vendredi 2 mai, quand une quarantaine de militants pro-russes ont été tués dans l’incendie de la maison des syndicats d’Odessa, dont ils avaient pris possession. Lundi 5 mai, à l’issue d’un week-end marqué par des échanges de tirs, la périphérie de Sloviansk, fief des séparatistes, a été le théâtre d’intenses combats entre miliciens pro-russes et l’armée ukrainienne. "Un bain de sang", rapporte mardi 6 mai Douglas Herbert. Selon Kiev, 30 pro-russes, quatre soldats et un civil ont été tués. Le leader des séparatistes, Igor Strelkov, avait auparavant affirmé qu’une dizaine de ses combattants avaient perdu la vie au cours des affrontements. Plus d’une trentaine de personnes auraient été blessées.

Lundi, Kiev a envoyé une unité de forces spéciales, soit environ un millier d’hommes, vers Odessa pour éviter que la rébellion ne s’étende. Le président ukrainien par intérim Olexandre Tourchinov a démis le gouverneur de la région, après l’incendie meurtrier du 2 mai. Il avait auparavant limogé le chef de la police de la ville. Par ailleurs, l’armée ukrainienne, qui a lancé le 2 mai une offensive autour de Sloviansk, resserre son étau autour de la ville. Cependant, les forces ukrainiennes apparaissent faibles et incapable d’assurer l’intégrité territoriale du pays face à la multiplication des offensives pro-russes.

Semaine sous haute tension

"Il est très difficile de savoir sur le terrain si cette opération militaire menée en ce moment par l’armée ukrainienne porte ses fruits, commente Douglas Herbert. La stratégie consistant à encercler les séparatistes et à les contraindre à se replier vers le centre-ville de Sloviansk semble compromise par le fait que Kiev a assuré qu’aucune arme lourde ne serait utilisée pour éviter un bain de sang."

La veille de ces heurts, dans une interview au Financial Times publié le 1er mai, le Premier ministre par intérim Arseni Iatseniouk avait assuré que son pays entrait dans "les dix jours les plus dangereux depuis son indépendance" en 1991. Et pour cause : une semaine sous haute tension s’annonçait d’ores et déjà. Le 9 mai, jour d’une grande fête traditionnelle célébrant la victoire sur les nazis en 1945, les séparatistes ont promis une démonstration de force. Et deux jours plus tard, le 11 mai, se tient un référendum sur l’autonomie de la région du Donbass, dont Donetsk est la capitale, organisé par les partisans de la "République populaire de Donetsk". 

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