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Patrimoine

Ces éleveurs vous invitent à investir dans ce que vous buvez ou mangez

Devenir propriétaire de chênes truffiers, d'un troupeau de vaches laitières, ou de bouteilles de vin qui vieillissent dans une cave... C'est possible, et cela rapporte. Démonstration. 
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VACHES
SUPERSTOCK/SUPERSTOCK/SIPA

Le "Made in France" est tendance et se décline à toutes les sauces. D'un côté, Arnaud Montebourg le brandit comme un impératif pour sauver l'industrie nationale et une mission dans laquelle tous les concitoyens du pays ont un rôle à jouer en consommant français. De l'autre, les entreprises s'en servent comme d'un argument de vente, estampillant leurs produits de ce tampon, ou dans un registre plus flou, Renault qui utilise la "French touch" pour redorer l'image de ses véhicules.

Pour participer à cet élan collectif qui repose sur l'idée que consommer français, c'est agir pour le bien-être de la société, vous pouvez cesser de faire vos courses chez les hard-discounters allemands Lidl ou Aldi, et vous approvisionner en légumes français chez La Ruche qui dit oui ou Kelbongoo. Ou bien, mieux encore, vous pouvez jouer les financiers patriotes et tenter de gagner de l'argent en plaçant votre argent dans des produits (français, bien sûr) qui finiront ensuite sur votre table. Voici trois exemples d'investissements tangibles à réaliser dans la gastronomie française.

1. Les vaches

Produit: Des vaches laitières (montbéliardes, jersiaises, normandes, prim'holstein).

Entreprise: Association Française Investissement en Cheptel (AFIC).

Fonctionnement: Vous investissez dans des vaches qui sont louées à des éleveurs. Vous apportez la mise de départ pour acheter les bêtes, et l'éleveur s'occupe de les entretenir et de les nourrir, de payer les assurances, de fournir les soins, et d'amortir le capital. Une régie (la société Elevage et Patrimoine, qui dépend de l'AFIC) fait l'intermédiaire. L'éleveur, en rémunération de son travail et afin de financer ses frais de fonctionnement, récupère le lait, l'ensemble de la descendance mâle, et la moitié de la descendance femelle pour renouveler l'âge du troupeau. L'autre moitié de la descendance femelle est divisée entre lui et vous. Les génisses qui vous sont réservées constituent votre retour sur investissement. Deux options s'offrent alors à vous: prendre vos gains (c'est-à-dire vendre les vaches qui vous reviennent une fois qu'elles ont atteint l'âge adulte), ou les réinvestir pour faire croître le capital (c'est-à-dire intégrer ces vaches au troupeau, de la même façon qu'un investisseur en Bourse réinvestit les dividendes annuels). 

Ticket d'entrée: 1.630 euros, le prix d'une vache, auquel s'ajoutent 125 euros de droit d’enregistrement. "Il n'y a aucun autre frais que l’achat de la vache", rappelle Pierre Marguerit, directeur général de Elevage et Patrimoine. "C’est comme acheter un appartement pour le louer."

Rentabilité espérée: Entre 4 et 5% par an. En effet, sur 100 vaches louées à un éleveur, on compte en moyenne 86 naissances, qui se divisent en général entre 46 mâles et 40 femelles. Les mâles reviennent à l'éleveur. Sur les 40 femelles, 20 lui reviennent également pour remplacer les vaches réformées. Sur les 20 génisses qui restent, entre 4 et 5 reviennent à l'investisseur, et le reste à l'éleveur.

Durée de l'investissement: Au minimum 3 ans. "Il faut 9 mois pour qu'une vache naisse et 27 pour qu’elle se transforme en vache adulte et puisse être vendue", explique Pierre Marguerit, qui considère que l'investissement n'est pas rentable en dessous de 5 ans.

Avantages de ce type d'investissement: Il repose sur un marché à la hausse. "La demande de produit laitier augmente de 2,5% par an car la population mondiale s'accroît", constate le directeur général d'Evelage et Patrimoine. "830 millions de personnes n’arrivent pas à se nourrir correctement. On compte 3,5 millions de vaches laitières en France. Nous pensons qu’un tiers pourrait être en location, donc le marché potentiel est énorme." Deuxièmement, il peut constituer un revenu complémentaire à l'âge de la retraite et pallier au problème du vieillissement de la population. Enfin, c'est un investissement éthique. "Ce qu’on constate chez nos investisseurs, c’est l’envie de faire des choses qui ont du sens avec leurs économies. Cela va permettre à des éleveurs de gagner leur vie, c'est beaucoup plus intéressant que d’acheter les actions d’une société qui vend des mitraillettes." 

Inconvénients: C'est un investissement peu liquide. "Il faut avoir des capitaux et du temps", insiste Pierre Marguerit. "C’est du long terme." De plus, il est soumis au dynamisme de l'agriculture française. Or, Pierre Marguerit reconnaît que la production laitière est en baisse, et que certains éleveurs se posent la question de rester sur cette filière ou non. Enfin, il dépend des conditions climatiques et subit des risques agricoles.

2. Les vins

Produit: Des vins français issus de vignobles prestigieux (bordeaux, bourgogne, côtes du rhône...) à partir de 50 à 60 euros la bouteille.

Entreprise: Cavissima

Fonctionnement: Quand Thierry Goddet, président fondateur de Cavissima, a lancé son entreprise en 2009, il est parti du constat "que le vin coûtait de plus en plus cher, et donc qu'il fallait le conserver dans d'excellentes conditions" mais que "beaucoup de personnes qui voulaient une cave n'ont pas la place ou la possibilité d'en avoir une." Cavissima vous permet donc d'acheter des vins relativement jeunes et de les conserver dans une cave adaptée qui appartient à l'entreprise, mais identifiée comme la vôtre.

"Il y a un facteur de conservation du capital vraiment important", justifie Thierry Goddet, qui précise que "l'idée c'est d'attendre que le vin se raréfie et fasse l'objet d'une demande intéressante pour prendre de la valeur." Vous pourrez ensuite revendre vos bouteilles directement en ligne, sur la place de marché intégrée de Cavissima. Les commissions sont prélevées non pas sur la transaction, mais sur la plus-value.

Ticket d'entrée: "Nous ouvrons une cave à partir de 400 euros", déclare Thierry Goddet.

Durée de l'investissement: Entre 3 et 7 ans dans l'idéal, selon le fondateur de Cavissima.

Rentabilité espérée: Entre 5 et 15%.

Avantages de ce type d'investissement: Comme le lait, le vin jouit d'une demande mondiale grandissante. "Le vin est un produit culturel en train de s'imposer partout dans le monde", se réjouit Thierry Goddet. "On le voit en Chine, aux Etats-Unis, en Inde. Il grignote sans cesse des parts de marché. De façon générale pour l'investissement dans le vin, la volatilité est très faible sur les cours, beaucoup plus faible que pour les produits boursiers." Autre avantage de l'alcool: c'est un actif tangible. "On peut investir dans une cave qui va prendre de la valeur et à tout moment décider soit de la revendre, soit de se faire livrer les bouteilles. Si jamais les cours viennent à changer, le client peut récupérer sa cave. C'est l'un des rares investissements qui ne laisse pas un mauvais goût dans la bouche." Enfin, Thierry Goddet évoque la fiscalité intéressante. "La loi précise qu'on est tenu de déclarer sa plus-value dès lors que la valeur de cession d'un lot dépasse 5.000 euros. Or un lot, quand il s'agit d'investir dans le vin, c'est une caisse, qui dépasse rarement 5.000 euros. Donc cet investissement est rarement soumis à fiscalité."

Inconvénients: Comme le lait, le vin est soumis aux risques agricoles, et aux aléas de la production. "Imaginons que demain il y ait une série de 5 millésimes excellents, les client se détourneront peut-être des millésimes un peu moins bons", avertit Thierry Goddet. Le marché du vin est également parfois sujetà de fortes spéculations qui peuvent s'avérer dangereuses. Enfin, il s'inscrit dans une démarche de long terme. "Il faut être patient, il faut consacrer une part de son épargne qu'on est capable d'oublier quelques temps."

3. Les truffes

Produit: Des chênes truffiers.

Entreprise: Ronds de sorcière

Fonctionnement: L'entreprise Ronds de sorcière, créée en 2007, s'est spécialisée dans la trufficulture, et possède un peu plus de 16.000 chênes truffiers répartis sur 65 hectares. Vous pouvez acquérir un ou plusieurs arbres dont vous devenez propriétaire, et qui produiront des truffes au bout de 6 à 7 ans. Le système est ensuite le suivant: Ronds de sorcière mutualise la production de truffes d’un même millésime. Elle retire la moitié qui est réinvestie pour assurer le fonctionnement de truffière. L'autre moitié est divisée par le nombre d’arbres. Chaque propriétaire reçoit ensuite sa quote-part, au prorata du nombre d'arbres qu'il possède. Le risque est ainsi mutualisé.

Ticket d'entrée: 290 euros, le prix des chênes les moins chers, ceux qui ont été plantés en 2013 (et produiront donc des truffes dans 6 ans seulement).

Durée de l'investissement: Une truffière entretenue a une durée de vie de 20 ans. "Normalement, au bout de 9 ans l’arbre est rentabilisé", assure Olivier de Guyenro, fondateur de Ronds de Sorcière.

Rentabilité espérée: 11% par an "à fonds perdus", selon les termes de Olivier de Guyenro. Autrement dit, l'argent investi dans le chêne n'est pas récupéré in fine, dans l'hypothèse où vous le conservez durant toute sa durée de production de truffes. "Un chêne truffier donne 50 grammes de truffes en moyenne par an", peut-on lire sur le communiqué de presse de Ronds de sorcière. "Comme une truffière entretenue peut produire 20 ans, un investissement génère, au cours actuel de la truffe (1.200 euros le kilo), un gain conséquent (...) au fil des saisons."

Avantages de ce type d'investissement: Le rendement est important. De plus, "ce sont des paiements en nature, c’est un retour en nature qui présente un côté convivial et ludique", ajoute Olivier de Guyenro. "Si vous êtes gastronome, vous touchez un vrai produit, vous pouvez communiquer auprès de vos amis en disant 'c’est mes truffes', c’est valorisant."

Inconvénients: "Nous sommes dépendants de Dame Nature!", rappelle le fondateur de Ronds de sorcière. Comme pour les vaches et les vins, cet investissement comestible est soumis aux aléas agricoles. De plus, c'est un engagement sur le très long terme, et le capital initial n'est pas récupéré à la fin, même si l'arbre peut être vendu en cours de route.

 

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