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Nigeria : un mois après, les 223 lycéennes toujours introuvables

Un mois après les avoir enlevées dans une école, le groupe islamiste armé Boko Haram a demandé un échange avec des prisonniers, ce que le gouvernement nigérian a refusé.

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Publié le 05 mai 2014 à 20h34, modifié le 15 mai 2014 à 07h28

Temps de Lecture 4 min.

Manifestation à Los Angeles, le 11 mai 32014, pour la libération des jeunes filles kidnappées par la secte islamiste Boko Haram.

Cela fait désormais un mois que 223 lycéennes nigérianes sont retenues par les islamistes armés du groupe Boko Haram, qui ont revendiqué l'enlèvement lundi 5 mai. Sur les 276 filles kidnappées le 14 avril dans le dortoir de leur école à Chibok, dans le nord-est du pays, seules 53 ont pu recouvrer la liberté en s'enfuyant.

  • Comment le groupe Boko Haram a-t-il enlevé les lycéennes ?

Des hommes armés, vêtus de treillis militaires, ont pris d'assaut, le 14 avril au soir, l'internat du lycée de la ville de Chibok, dans l'Etat de Borno (nord-est du pays), mettant le feu à plusieurs bâtiments avant de tuer un policier et un soldat et de pénétrer dans l'établissement. Ils se sont fait passer pour des soldats venus sécuriser l'école, avant d'obliger les lycéennes à en sortir. Ils les ont fait monter dans des camions puis se sont enfoncés dans la forêt de Sambisa, connue pour abriter des camps fortifiés de Boko Haram.

Un rapport d'Amnesty International affirme que l'armée nigériane avait été informée de l'imminence d'une attaque de Boko Haram contre le lycée de Chibok le 14 avril, mais n'avait pas réagi faute de moyens.

  • Que revendique le groupe Boko Haram?
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Boko Haram, dont le nom signifie « l'éducation occidentale est un péché » en langue haoussa, est un groupe islamiste terroriste qui revendique la création d'un Etat islamique dans le nord du Nigeria. Il prône l'application de la loi islamique et s'oppose à l'instruction des femmes. Le groupe a souvent pris pour cible des établissements scolaires dans le nord du pays, incendiant des écoles ou massacrant des étudiants dans leur sommeil. 

Revendiquant l'enlèvement des lycéennes le 5 mai dans une vidéo, Boko Haram s'est adressé aux parents, par la voix d'Aboubakar Shekau : « J'ai enlevé les filles. Je vais les vendre sur le marché, au nom d'Allah, a-t-il déclaré. [...] J'ai dit que l'éducation occidentale devait cesser. Les filles, vous devez quitter [l'école] et vous marier. »

Le 12 mai, par l'intermédiaire d'une nouvelle vidéo, les islamistes affirment avoir converti à l'islam les lycéennes et exigent, en échange de leur libération, celle de prisonniers du groupe islamiste aux mains du gouvernement. Aboubakar Shekau, qui apparaît dans la vidéo souriant, en tenue militaire et une kalachnikov appuyée sur l'épaule, a précisé qu'un tel échange ne concernerait que « celles qui ne se sont pas converties » à l'islam, celles ayant accepté de devenir musulmanes étant devenues « des sœurs ». Le gouvernement nigérian a immédiatement refusé.

  • Où sont retenues les 223 lycéennes ?

La porte-parole de la diplomatie américaine, Marie Harf, a fait savoir lundi que « beaucoup d'entre elles ont probablement été déplacées hors du pays, vers des pays voisins ». Diverses sources de l'Etat de Borno, citées par l'Agence France-Presse, ont évoqué le possible transfert des adolescentes au Tchad et au Cameroun voisins.

Lors d'un entretien télévisé dimanche sur la chaîne NTA (Nigerian Television Authority), le président du Nigeria, Goodluck Jonathan, a affirmé n'avoir aucune information précise sur le lieux de détention des jeunes filles. Le président a déclaré que les forces de sécurité étaient néanmoins à la recherche active des jeunes filles : « Nous avons utilisé des avions et des hélicoptères capables d'analyser et de scruter le terrain, mais nous n'avons obtenu aucun résultat », a-t-il reconnu.

De son côté, la diplomatie américaine a annoncé que des experts américains « passent au peigne fin » la vidéo du groupe islamiste nigérian diffusée lundi, afin d'exploiter « chaque indice pour voir comment nous pouvons retrouver ces filles ».

  • Que fait le gouvernement nigérian ?
Lagos, le 5 mai. Des Nigérians manifestent pour inciter le gouvernement à retrouver et libérer les quelque 223 lycéennes enlevées le 14 avril par le groupe Boko Haram.

Le ministère de l'intérieur nigérian a refusé lundi la proposition de Boko Haram d'échanger certaines fillettes contre des prisonniers, affirmant que « ce n'est pas à Boko Haram et aux insurgés de poser leurs conditions ». Un refus réitéré mercredi par le président, Goodluck Jonathan.

Très critiqué pour son inaction dans les jours qui ont suivi l'enlèvement des lycéennes, le président nigérian s'est dit « très optimiste » sur l'opération de recherche en cours, grâce à l'appui logistique de la communauté internationale. Il a ainsi appelé  à une « coopération maximale » des parents et des forces de sécurité pour retrouver les jeunes filles. Il a également mis en place un comité qui rassemble des agences de sécurité et des organisations internationales afin de récolter des indices pour aider à la possible libération des lycéennes.

  • Comment réagit la communauté internationale ?

Il aura fallu plus de deux semaines pour que l'opinion internationale se réveille. Mais depuis le début du mois de mai, le sort des 223 lycéennes nigérianes enlevées le 14 avril par le groupe islamiste Boko Haram est devenu « la » cause à soutenir.

Lire nos explications : Enlèvement de lycéennes au Nigeria : une indignation mondiale mais tardive

Après les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France, qui ont envoyé ces derniers jours des experts au Nigeria pour aider les forces de sécurité à rechercher les jeunes filles, Israël a à son tour proposé son aide dimanche, comme l'avait fait la Chine vendredi.

Dimanche soir, François Hollande a proposé un sommet sur la sécurité au Nigeria, qui devrait rassembler samedi prochain à Paris, autour du président français, les dirigeants d'au moins cinq pays africains : le Nigeria et quatre de ses voisins, le Tchad, le Cameroun, le Niger et le Bénin. Le président français a également « demandé aux Américains et aux Britanniques » de participer au sommet, « afin que nous puissions agir ensemble et de manière efficace ».

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