Vers un géant mondial de la télé-réalité
Rupert Murdoch veut créer une coentreprise qui réunirait Shine, Endemol et CORE Media Group.
Par Fabienne Schmitt
« The Voice », « Secret Story » et « Nouvelle Star » réunis sous un même toit ? L’hypothèse pourrait bien devenir réalité. Fox, le groupe du magnat des médias Rupert Murdoch, a indiqué en fin de semaine être en négociation avec le fonds Apollo Global Management pour créer une coentreprise dédiée à la production audiovisuelle qui réunirait Shine Group (100 % de Fox), Endemol et CORE Media Group (détenus par Apollo). Un accord « préliminaire » a été signé, a précisé Fox, mais il n’y a, à ce stade, « aucune garantie » que la transaction envisagée aboutisse.
L’accord donnerait naissance à un géant de la télé-réalité et à un leader mondial de la production audiovisuelle. Aujourd’hui, en chiffre d’affaires, c’est l’allemand Fremantle (Bertelsmann) qui est le numéro un du secteur avec 1,5 milliard de revenus, contre autour de 1,3 milliard pour Endemol. D’après Natixis, le nouveau groupe né du rapprochement de Shine, Endemol et CORE Media Group générerait un chiffre d’affaires de l’ordre de 2,8 milliards de dollars (un peu plus de 2 milliards d’euros).
Davantage de moyens financiers
Il ferait émerger un groupe très puissant sur les programmes de flux (divertissement, talk-shows, télé- réalité) avec des franchises ayant connu des succès dans le monde entier comme « Master Chef «, « The Voice » (Shine), « American Idol » (« Nouvelle Star » en France), « So you Think you Can Dance » (CORE Media), ou encore « Big Brother », ses déclinaisons « Loft Story », « Secret Story », « L’Ile de la tentation ») et « Money Drop ». Et présent aussi dans la fiction avec « Broadchurch » ou « Bron » (« Tunnel » en France).
Fox, qui a récemment annoncé , semble manifestement résolu à acquérir une taille mondiale dans ses activités audiovisuelles. L’opération permettrait des réductions de coûts à travers des synergies et assurerait au futur ensemble davantage de moyens financiers pour assumer « la prise de risque créatif » et « attirer les meilleurs talents créateurs », selon une source proche des négociations, citée par l’AFP. Ce nouveau poids lourd de la production serait en position de force sur son marché pour « créer des opportunités avec de nouveaux acheteurs » ou encore « diffuser de manière plus efficace des émissions dans plusieurs pays ».
Un secteur en ébullition
Une telle intitiative n’est cependant pas sans risques. « Cette position hégémonique peut faire peur aux chaînes partout dans le monde qui hésiteront à favoriser l’émergence d’un très gros acteur – voire plus gros qu’elles. Elles pourraient être tentées de limiter le poids de leur commande pour ne pas être en situation de dépendance », affirme un bon connaisseur du secteur. « Tous les ans, il y a sur le marché trois à quatre grands formats indispensables que tout le monde veut. Après, il y a plein de programmes différents. L’arbitrage peut se faire à ce niveau-là. »
Le secteur de la production audiovisuelle est, en tout cas, en pleine ébullition. Les américains Discovery et Liberty Global se sont offert récemment le plus gros producteur britannique indépendant, All3Media, que lorgnait aussi Fremantle. ITV vient de racheter le producteur de télé-réalité américain Leftfield et Warner a acquis Eyeworks, classé 7e producteur en Europe par Natixis. Nul doute que d’autres transactions suivront.