SOCIETE - Ce n'est pas la fin du serpent de mer du statut du beau-parent. Ce concept a bien été abandonné en même temps que le projet de loi Famille que défendait Dominique Bertinotti dans le gouvernement de Jean-Marc Ayrault. Après le recul du mois de février face à la mobilisation de la Manif pour tous, c'est un texte détricoté qui a été construit et dont l'examen débute lundi 19 mai.
Néanmoins, les beaux-parents n'y sont pas totalement oubliés. Si le texte est adopté, ils pourront bénéficier d'un mandat d'éducation qui facilitera la vie de milliers de familles. Ils pourront ainsi plus facilement aller chercher les enfants à l'école ou les emmener chez le médecin. L’autorisation accordée au beau-parent nécessitera l’aval des deux parents biologiques et ne concernera que les actes dits usuels. "En matière d’éducation le beau-parent peut prendre l’enfant à l’école mais ne peut pas signer un papier d’orientation", explique Marie-Anne Chapdelaine, députée PS d’Ille-et-Vilaine, rapporteur du texte.
Ce n'est donc pas réellement une révolution mais un pas en avant important, surtout au regard du nombre grandissant de familles dans ce cas. Les dernières statistiques disponibles sont celles publiées par l'Insee en octobre 2013. Voici les principaux points qu'elles mettaient en évidence
1- Un beau-parent dans plus d'une famille sur dix
Certes, le modèle familial traditionnel (le père et la mère) est encore la norme en France mais ce n'est plus le seul, loin de là. En 2011, 29% des enfants ne vivaient plus avec leurs deux parents biologiques. 18% vivaient dans une famille monoparentale mais 11% étaient dans une famille recomposée où les enfants n'étaient pas tous ceux du couple actuel et qui comptait donc un beau-parent.
Cela représentait alors 1,5 million d'enfants qui vivaient dans 720.000 familles recomposées (soit autant de beaux-parents). Parmi ces enfants, 940.000 vivent avec un parent et un beau-parent tandis qu'un peu plus de 500.000 vivent avec leurs deux parents mais avec un demi-frère ou une demi-soeur.
2- Le plus souvent, un beau-père
79% des enfants qui étaient, en 2011, dans une famille recomposée vivaient principalement avec leur mère. Cela s'explique notamment par le fait que dans 7 cas sur 10, c'est la mère qui obtient la garde de l'enfant.
Même si le nombre de couples lesbiens va croissant, on peut affirmer à partir du premier chiffre que la très grande majorité des beaux-parents sont des hommes.
3- Moins de beaux-parents à Paris qu'en province
L'enquête de l'Insee montrait qu'à Paris, le nombre de familles recomposées est nettement inférieur à ce qu'il est ailleurs en France. Seulement 6,7% des familles étaient recomposées, contre 11% pour la moyenne nationale, faisant chuter, de fait, le nombre de beaux-parents.
Il ne faut pas croire pour autant que les familles parisiennes sont plus proches du modèle traditionnel. En fait, on compte 25% de familles monoparentales dans lesquelles le parent qui a la garde de l'enfant vit sans nouveau conjoint.
4- Des adultes déjà intégrés à l'éducation
L'étude de l'Insee montrait que la très grande majorité des enfants qui vivaient avec un beau-parent ne logeaient pas régulièrement chez leur autre parent biologique. C'était le cas de 70% des enfants. "Diverses raisons interviennent, explique l'Insee. Ainsi, certains enfants ne peuvent pas voir leur deuxième parent : c’est notamment le cas de ceux qui l’ont perdu ou de ceux qui n’ont jamais connu leur père. D’autres peuvent ne résider qu’épisodiquement chez le deuxième parent, un éloignement géographique pouvant, par exemple, expliquer l’absence de lien physique régulier, même si les relations téléphoniques sont maintenues."
En tout état de cause, ces enfants ont moins de contact avec leur deuxième parent biologique qu'avec leur beau-parent; ces derniers ont donc un rôle majeur voire primordial dans leur éducation. "Cette proposition de loi va simplement légaliser ce que les beaux-parents faisaient déjà, c'est tout à fait symbolique", analyse Sylvie Cadolle. Cette sociologue, experte de ces questions, limite en quelque sorte la portée réelle de cette proposition de loi.
- Autorité parentale
- Double résidence
- Médiation familiale
- Parole de l'enfant
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