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Le moustique-tigre continue sa conquête en France

Un site Internet vient d'être ouvert par le ministère de la santé afin de pouvoir signaler la présence du moustique tigre, vecteur des virus de la dengue, du chikungunya et du zika.

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Publié le 20 mai 2014 à 15h55, modifié le 21 mai 2014 à 09h04

Temps de Lecture 4 min.

Femelle

La progression est lente mais inexorable. Aedes albopictus, le « moustique-tigre », vecteur de maladies infectieuses comme le chikungunya et la dengue, est désormais implanté dans dix-huit départements métropolitains : Alpes-Maritimes, Alpes de Haute-Provence, Var, Bouches-du-Rhône, Haute-Corse, Corse-du-Sud, Gard, Hérault, Aude, Pyrénées-Orientales, Ardèche, Vaucluse, Drôme, Isère, Rhône, Haute-Garonne, Lot-et-Garonne et Gironde. Il y a encore cinq ans, l'insecte, arrivé en France en 2004, n'en occupait que cinq.

« Le risque augmente d'année en année, explique Didier Fontenille, directeur du Centre national d'expertise sur les vecteurs (CNEV). Les zones où il s'est installé durablement se multiplient, les moustiques sont plus nombreux et l'importation de virus en provenance de zones tropicales progresse au rythme de l'augmentation des voyages. » Alors que la période de surveillance vient de débuter – l'activité d'aedes albopictus s'étend du 1er mai à la fin octobre –, le CNEV a créé un site pour le grand public consacré au moustique noir à rayures blanches.

« IL PRÉFÈRE PIQUER UN HUMAIN QU'UN ANIMAL »

Ce site officiel, ouvert à la demande du ministère de la santé, doit permettre de s'informer et de signaler la présence de l'insecte. Il est conseillé de prendre le moustique en photo puis d'envoyer la preuve de son éventuelle présence au CNEV. « C'est une espèce invasive qui vit dans les villes et les villages. Son cycle de vie est inféodé au mode de vie urbain, il aime les petites collections d'eau, les petits réservoirs que l'on peut trouver dans les jardins, sur les balcons, les soucoupes, les jouets, etc. Et il préfère piquer un humain qu'un animal », explique Rémi Foussadier, directeur de l'Entente interdépartementale de démoustication (EID) Rhône-Alpes.

Implantation d'aedes albopictus en France fin 2013.

Le moustique tigre est un adepte de l'auto-stop et du voyage en poids lourd. Le transport international de pneus usagés est un important facteur de propagation, et sa présence a été signalée dans une dizaine de départements supplémentaires dont, plus au nord, l'Yonne et la Côte-d'Or. On peut croiser aedes albopictus notamment sur les aires d'autoroute, où de nombreux pièges pondoirs ont permis de signaler son passage.

PRÈS DE 40 000 CAS DE CHIKUNGUNYA DANS LES ANTILLES

Si le nombre de moustiques tigres présents en France se chiffre par milliards, les épidémies et les cas de maladie autochtone (contractée en métropole) sont excessivement rares. Plusieurs cas de chikungunya autochtones avaient été signalés dans le Sud-Est en 2010. La dernière épidémie importante s'est déroulée en Italie, avec 300 personnes infectées durant l'été 2007. Aujourd'hui, en Europe, le moustique-tigre est présent en France, en Italie, en Espagne, Slovénie, Bosnie, Albanie, Grèce, Bulgarie, au Monténégro et jusqu'aux Pays-Bas.

En fait, le danger vient des zones tropicales et des territoires d'Outre-Mer, où dengue et chikungunya sont très présents. Selon le bilan sur la situation du chikungunya de la Cellule interrégionale d'épidémiologie (CIRE) Antilles-Guyane du 15 mai, 40 000 cas environ ont été enregistrés depuis le début de l'épidémie fin 2013, dont près de 25 000 en Martinique dont trois mortels et 13 600 en Guadeloupe dont un mortel. A Saint-Martin, trois décès ont  été enregistrés pour 3 240 cas. Martinique et Guadeloupe sont en phase épidémique, alors que « la circulation virale s'intensifie et de nouveaux foyers émergent » en Guyane, selon la CIRE.

LE SCÉNARIO D'UNE PROPAGATION RAPIDE

« Avec l'épidémie actuelle dans les îles, la période des vacances et les nombreuses personnes qui en reviendront, il faut être très vigilant, prévient M. Fontenille. Les virus du chikungunya, de la dengue ou du zika peuvent arriver en métropole, les villes les plus exposées étant Nice, le deuxième aéroport français, Marseille, Montpellier et, dans une moindre mesure, Toulouse, Bordeaux, Lyon. »

Le scénario pour une propagation rapide du ckikungunya est connu. Une personne infectée par le virus dans une région à risque, tropicale, est piquée par un moustique tigre une fois revenue sur le sol métropolitain. La femelle porte alors le virus dans ses glandes salivaires. En piquant une nouvelle personne, elle innocule salive et virus. « Une femelle moustique peut piquer deux à trois personnes pour un seul repas, notamment si elle est interrompue durant celui-ci, raconte le chercheur directeur du CNEV. Et elle prend un repas environ tous les trois jours. Durant son mois de vie, le moustique peut avoir contaminé dix, vingt, voire trente personnes. »

MOUSTIQUES STÉRILES LÂCHÉS EN PLEIN CHAMP

Pour les spécialistes d'aedes albopictus, le risque est donc important et sa remontée vers le nord inexorable. Ses œufs peuvent résister à des températures proches de 0°C. Et ceux-ci peuvent tenir six mois à sec et donc être facilement transportés. Sa prolifération n'est pas spécialement liée au réchauffement climatique. « Le moustique profite d'abord de l'urbanisation grandissante et du développement des transports », précise Didier Fontenille.

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Pour lutter contre le moustique tigre, la France conduit, sur l'île de la Réunion, une expérimentation de moustique mâle stérile. En fécondant les femelles, celui-ci empêche la reproduction. Commencée en 2009, l'expérience va entrer dans une nouvelle phase, où les moustiques stériles seront lâchés en plein champ. Cette technique, tiennent à rappeler les responsables du CNEV, permet de s'affranchir des insecticides, qui sont polluants et dangereux pour les abeilles.

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