Olivier Assayas : “Je suis à la marge, heureusement”

En compétition avec “Sils Maria”, Olivier Assayas a répondu à notre questionnaire express sur l'état du cinéma français. Il nous parle d'indépendance et de ses maîtres en cinéma.

Publié le 22 mai 2014 à 11h35

Mis à jour le 09 octobre 2020 à 09h34

<span style="font-size: smaller;">Quelle place avez-vous le sentiment d'occuper dans le cinéma français ?
Marginale, heureusement.

Quel est, selon vous, son principal atout sur le plan économique ? Sur le plan esthétique ?
Le cinéma français est riche et le cinéma indépendant bénéficie d’une fraction de ces biens.
Esthétiquement, il a une longue histoire derrière lui, qui n’est pas déterminée par les valeurs de l’industrie.

D'après votre expérience, quel est le principal dysfonctionnement du cinéma français ?
Cynisme et mépris du cinéma au sein des groupes. Les mini-studios français pourraient faire du cinéma, ils font du business très bas de gamme.

Qu'est-ce qu'il serait urgent de changer ?
Je suis convaincu que la nouvelle convention collective est mal pensée parce qu’elle privilégie l’industrie et ses lois au détriment de l’art et de sa liberté.

Etre cinéaste en France, on en vit ?
Dans mon cas, oui. Mais je me considère privilégié.

Vous-même, allez-vous voir des films français ?
Bien sûr. Je n’attends pas la « boîte des César » pour le faire - d’autant plus que je ne vote pas.

Avec quel courant esthétique du cinéma français, passé ou présent, vous sentez-vous des affinités ?
Il y a une histoire du cinéma français qui commence avec Méliès et Lumière, qui se continue avec Feuillade, Gance, L’Herbier, qui se réinvente au moment du parlant avec Renoir, Guitry, Grémillon. Bresson est le plus grand. La Nouvelle Vague définit une fois pour toutes l’espace dans lequel se pratiquera le cinéma moderne ; j’ai profité de cette liberté et je leur en suis éternellement reconnaissant. J’ai toujours admiré l’indépendance et la solitude de Jean-Pierre Melville, de Jean-Pierre Mocky et de Maurice Pialat. J’ai appris à faire du cinéma en regardant les films d’André Téchiné, de Benoît Jacquot, de Philippe Garrel, de Jacques Doillon.

Selon vous, le cinéma français reflète-t-il la France d'aujourd'hui ?
Sans doute, mais selon les modalités de l’inconscient.

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