Marine Harvest. Des emplois partis en fumée

C'est fini. L'usine Marine Harvest de Poullaouen (29) a fermé ses portes ce vendredi. En moins d'un an et malgré des bénéfices colossaux, l'entreprise norvégienne a fait partir en fumée plus de 200 emplois et 46 ans de production de saumon.

Six mois après la grève, quasiment rien n'a changé. Toujours ces tee-shirts orange, ce feu qui a vite repris sur les cendres passées et ces regards où se mêlent colère et inquiétude. Même la pluie, qui a accompagné leurs dix jours de combat automnal, est venue saluer les salariés de Marine Harvest de Poullaouen pour le dernier jour de leur usine.

285 salariés sur le carreau

Les machines se sont arrêtées quelques heures plus tôt. Définitivement. 46 ans après la création par Pierre Chevance de ce qui était alors la première usine de saumon fumé en France, c'est fini. Au nom de la rentabilité, le groupe norvégien numéro un mondial du saumon, qui réalise des centaines de millions d'euros de bénéfices, a choisi de fermer le site de Poullaouen laissant sur le carreau 285 salariés (185 CDI et 100 intérimaires). Pour 230 d'entre eux, l'histoire est déjà terminée, pour 50 autres du service expéditions, elle s'achèvera en décembre 2015. Les 80 reclassements proposés à Landivisiau n'ont rien changé. Seules trois personnes ont accepté.

Les salariés sont amers. Malgré leur lutte, ils n'ont pas sauvé leur emploi. Et ce ne sont pas les indemnités obtenues, certes conséquentes, qui les consoleront. Ils en veulent à leurs patrons et savent qu'ils vont « ramer pour retrouver un boulot ». De leur côté, les membres du comité de soutien continuent d'accuser les représentants du personnel coupables, selon eux, de ne pas s'être battus pour l'emploi mais pour les primes. « Aujourd'hui, on peut évidemment dire qu'on aurait pu mieux faire mais je n'en suis pas convaincu. On est triste de ne pas avoir sauvé les emplois mais on a fait ce qu'on a pu », commente Michel Crespin, délégué CGT.

Cercueil et tee-shirts dans le feu

Place à l'enterrement. Environ 80 salariés sont là soutenus par 40 personnes dont une poignée d'ouvriers de Tilly-Sabco et quelques bonnets rouges. Au son du biniou, un cortège se forme avec, en tête, le cercueil symbolisant les emplois partis en fumée. Il est jeté dans le feu. Puis, c'est le tour des tee-shirts orange. Plusieurs femmes pleurent. Parmi elles, Françoise et Nicole, respectivement 27 et 35 ans de maison. Pour elles, le tee-shirt ne suffit pas. Elles jettent aussi leur gilet. Celui qu'elle portait chaque jour pour travailler.

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