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Turquie

Turquie: un an après, la révolte de Gezi couve

Mercredi, cela fera un an, jour pour jour, que les manifestants anti-Erdogan ont commencé l’occupation du parc Gezi, à Istanbul. Le début d’un mouvement populaire qui a été violemment réprimé par Recep Tayyip Erdogan. Candidat - non-déclaré - à la présidentielle d’août prochain, le Premier ministre continue de cristalliser la colère d’une partie de la population.

Des manifestants à Taksim, un quartier d'Istanbul affronte les gaz lacrymogènes de la police au cours d'une manifestation contre la démolition du parc Gezi, le 31 mai 2013.
Des manifestants à Taksim, un quartier d'Istanbul affronte les gaz lacrymogènes de la police au cours d'une manifestation contre la démolition du parc Gezi, le 31 mai 2013. BULENT KILIC / AFP
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De notre correspondant à Istanbul,

A quelques jours du premier anniversaire du début de la contestation de Gezi et des manifestations qui avaient duré des semaines dans tout le pays l’an dernier, la Palme d’Or du festival de Cannes a été dédiée samedi soir par le réalisateur de Sommeil d’hiver, Nuri Bilge Ceyhan, à la jeunesse turque et aux morts de l’année écoulée. Un signe, parmi d’autres, que ce mécontentement populaire qui avait éclaté l’an dernier – et qui s’est par la suite souvent de nouveau exprimé – est encore bien présent dans les mémoires.

Révolte latente

L’esprit de Gezi demeure vivant aujourd’hui, et, même réprimée, cette révolte reste latente. C’est indubitable. Samedi, alors que le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan tenait un meeting en Allemagne, il a été reçu par un comité d’accueil très important. Des dizaines de milliers de personnes qui, souvent, brandissaient des slogans citant Gezi et promettant que la résistance continuerait. Il en est de même en Turquie, où les manifestations sont de plus en plus fréquentes à l’approche de la date anniversaire. Un certain nombre de manifestations culturelles sont annoncées pour cette semaine. Mercredi 28 mai marquera l’anniversaire du début de l’occupation du parc Gezi dont la destruction était programmée, et samedi 31 mai coïncidera avec la date de l’évacuation brutale des campeurs par la police, qui a marqué le début de longues semaines de manifestations dans toute la Turquie.

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Un an après, il est certain que la contestation du pouvoir et de la personnalité du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan n’a pas diminué. Elle s’est même probablement renforcée depuis le dramatique accident de la mine de Soma et ses 301 morts. Les violents événements de ces derniers jours – deux morts jeudi et vendredi à Istanbul - semblaient se focaliser sur la communauté alévie.

La journée du 15 juin 2013 à Istanbul et Ankara en images

Les Alévis, en pointe des contestations

Les huit victimes de la répression policière autour de Gezi étaient toutes alévies, une branche hétérodoxe de l’Islam chiite traditionnellement opposée à l’Islam majoritaire sunnite de l’Etat turc. Jamais le Premier ministre n’a eu la moindre compassion pour ces victimes, qu’il a traitées d’athées, de gauchistes et de terroristes.

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Les victimes alévies de la mine de Soma, dans le village d’Elmadere, sont les seules à n’avoir reçu aucune visite de condoléances. Et c’est lors d’une veillée funèbre en leur mémoire qu’un homme a été tué à balles réelles sans raison apparente dans une salle de prière alévie d’Istanbul. Les alévis se sentent de plus en plus stigmatisés par le gouvernement islamiste de M. Erdogan, et ils sont de plus en plus en révolte contre l’AKP, le parti au pouvoir. Ils sont dans tous les mouvements de contestation, notamment pour défendre le régime syrien qui est, comme eux, de confession alaouite, contre la rébellion syrienne armée par la Turquie.
Ce dimanche, de grands rassemblements alévis sont organisés à Istanbul et dans de nombreuses villes du pays pour dire « ça suffit ». Il faut espérer qu’ils ne seront pas l’occasion de nouvelles violences.

La présidentielle en ligne de mire

La perspective de l’élection présidentielle, en août prochain, n’est sans doute pas de nature à apaiser ces tensions. Le Premier ministre, dont la personnalité a été fortement critiquée lors des manifestations de Gezi et des autres mouvements de contestation depuis, n’a pas annoncé sa candidature. Mais il ne fait aucun doute qu’il souhaite devenir le futur président de la République. C’est même le seul candidat connu – si pas officiellement déclaré – de ce scrutin. C’est pour faire campagne auprès des électeurs turcs d’Europe qu’il était à Cologne, samedi.

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Recep Tayyip Erdogan n’a jamais fait mystère de son désir de devenir le premier président turc élu au suffrage universel et il a de sérieuses chances de l’emporter, au moins au second tour, malgré la contestation dont il fait l’objet. L’opposition n’a toujours pas trouvé de candidat, ce qui laisse au candidat Erdogan toute marge de manœuvre pour mener campagne. Mais l’extrême polarisation de l’atmosphère politique risque de se renforcer à l’approche du scrutin, notamment au cours de ce mois anniversaire de juin.

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