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Archéologie

Sous le terrain de foot, un sanctuaire antique

Les vestiges d’un sanctuaire romain monumental, vieux de près de deux mille ans, ont été découvert près de Compiègne dans l'Oise.
par Dominique Poiret
publié le 28 mai 2014 à 15h03

«Une telle découverte, c'est vraiment exceptionnel pour nous autres archéologues. C'est le point culminant de notre carrière», explique à Libération Véronique Brunet-Gaston, archéologue heureuse, à propos des vestiges d'un sanctuaire romain monumental mis à jour à Pont-Sainte-Maxence, près de Compiègne (Oise). Elle supervise ce chantier pour l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap).

Ce qui est réellement marquant sur ce site, poursuit l'archéologue, «c'est l'excellent état de conservation de ces vestiges vieux de près de deux mille ans. On pourrait se croire sur un site romain ou grec, unique dans le nord de la Gaule». C'est sous un ancien terrain de football de la commune, qui doit accueillir prochainement un hypermarché, que les chercheurs de l'Inrap ont découvert cet édifice cultuel.

Parmi plusieurs centaines de blocs, se trouvent notamment une sculpture de Vénus, un Jupiter à cornes de bélier, des bas-reliefs portant encore des traces de couleurs, une frise représentant «presque intégralement les dieux du panthéon gréco-romain» et d'autres «sculptures de très grande qualité». «On se pose énormément de questions sur le contexte du lieu», qui correspond à la fin du règne de l'empereur Antonin, qui régna de 138 à 161 après J.-C., souligne Véronique Brunet-Gaston. Des études devront déterminer la nature et la fonction de cet édifice.

Une course contre les pelleteuses

La pièce maîtresse du bâtiment est sa façade grandiose de 90 mètres de long et 9,5 mètres de haut pour un mètre d'épaisseur seulement. Il est situé le long de la voie romaine Compiègne-Senlis, aujourd'hui route nationale, à une trentaine de kilomètres des importantes ruines gallo-romaines de Champlieu. «Jusqu'aux sondages réalisés en septembre par l'Inrap, rien n'indiquait que le site puisse renfermer un trésor vieux de près de deux mille ans, précise Véronique Brunet-Gaston. On est vraiment dans l'archéologie préventive. C'est un processus administratif courant: lorsque des vestiges ont déjà été trouvés, on continue de fouiller autour.»

Les fouilles ont commencé il y a deux mois environ. Réparties sur un périmètre de 16000 m2, elles doivent se poursuivre jusqu'à la fin du mois de juin. A ce moment-là, les truelles des archéologues devront céder la place aux pelleteuses et aux camions qui s'agitent déjà sur la parcelle voisine, et abandonner le site au chantier de l'hypermarché. La très grande difficulté de leur travail, c'est de prélever d'ici là «les blocs dans de bonnes conditions pour ne pas les abîmer», insiste l'archéologue.

Les pièces conservées seront provisoirement stockées dans un centre proche, en attendant de trouver un espace définitif pour procéder à leur étude. L’espoir de Véronique Brunet-Gaston, c’est que l’ensemble soit ensuite dévolu à un musée, ou qu’un lieu leur soit dédié.

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