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Climat : la Pologne, championne du charbon, accueille les négociations

La 19e conférence de l'ONU sur les changements climatiques s'ouvre lundi à Varsovie, alors que les Philippines ont subi le plus puissant cyclone tropical jamais enregistré.

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Publié le 11 novembre 2013 à 11h16, modifié le 11 novembre 2013 à 13h31

Temps de Lecture 4 min.

L'actualité dramatique aux Philippines planera cette année encore sur la conférence annuelle de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques, qui s'est ouverte lundi 11 novembre, à Varsovie, pour deux semaines. Le typhon Haiyan, qui s'est abattu vendredi sur l'archipel, fait en effet écho à son prédécesseur Bopha, survenu en décembre 2012, alors que les négociateurs étaient réunis à Doha (Qatar).

En "solidarité" avec son pays et afin d'obtenir des avancées, le délégué des Philippines, Naderev Sano, a annoncé qu'il allait "volontairement jeûner" durant la conférence "jusqu'à ce que des résultats significatifs soient en vue".

En 2012, il avait déjà rappelé au Monde ce que coûte aux pays vulnérables l'incapacité des grands pollueurs à parvenir à un accord :

"Le changement climatique avance très vite et quand nous voyons l'état des négociations, oui, la frustration et l'émotion montent. Quand je pense aux gens chez moi qui souffrent à cause des catastrophes naturelles, pas une fois mais plusieurs fois par an, je me dis que je dois continuer à me battre. Cela me brise le coeur de voir, d'un côté, toute la souffrance que provoque ce typhon qui a encore frappé mon pays et, de l'autre, le monde qui n'a pas trouvé la volonté politique d'agir contre le changement climatique comme il le devrait".

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> Lire aussi : "Le réchauffement climatique renforce la puissance des typhons"

"UNE MANIFESTATION DE L'INDUSTRIE DU TABAC À CÔTÉ D'UN CONGRÈS SUR LE CANCER"

Pour la deuxième année consécutive également, la conférence "climat" se tient dans un pays connu pour la dureté de ses positions. La Pologne a été jusqu'à organiser un Congrès mondial du charbon à deux pas du grand stade où se réunissent les délégations onusiennes.

Une façon très directe de rappeler qu'elle n'entend pas se passer de l'énergie la plus polluante au monde, dont elle dépend à 95 % pour ses approvisionnements. "La houille et le lignite, et bientôt le gaz de schiste, resteront pour nous les principales sources d'énergie", a récemment déclaré le premier ministre, Donald Tusk.

"C'est comme s'ils lançaient une invitation à une manifestation de l'industrie du tabac à côté d'un Congrès mondial sur le cancer", a dénoncé Jamie Henn, le porte-parole de la campagne internationale 350 ppm, en appelant la secrétaire exécutive de la convention, Christiana Figueres, à réclamer "la fin du charbon".

De son côté, l'Union européenne (UE) tente de minimiser les écarts de ce membre de la famille plutôt gênant, alors qu'elle affiche toujours l'ambition de se montrer exemplaire dans la négociation. "La présidence d'une conférence climat a un rôle limité et les Polonais ne peuvent faire n'importe quoi. Ils sont tenus de respecter la position de l'Union, qui a été arrêtée en conseil des ministres le 14 octobre", se rassure un fonctionnaire bruxellois.

La réalité est que la Pologne, sur laquelle s'alignent les autres pays du groupe de Visegrad (Hongrie, République tchèque, Slovaquie), est un vrai problème pour l'UE. Un seul exemple : Varsovie ne souhaite pas dévoiler, avant 2015, ses engagements chiffrés de réduction des émissions de gaz à effet de serre qui devront figurer dans l'accord. 2015 est la date butoir que se sont fixée les 195 pays membres à Durban, il y a deux ans, pour parvenir à un accord global, dont l'objectif reste de contenir l'élévation moyenne des températures à 2 C. Or toute la diplomatie de l'UE consiste à obtenir ces engagements chiffrés dès 2014, pour avoir le temps de les évaluer et de les discuter.

Regarder la carte interactive sur les impacts du réchauffement climatique
Carte des risques liés au réchauffement climatique.

IL NE FAUT PAS S'ATTENDRE À DES ANNONCES SPECTACULAIRES

De quoi parlera-t-on à Varsovie ? De tout, car aucun des dossiers devant composer le futur accord n'est réglé. Pour autant, les Nations unies, pour ne pas laisser cours à de fausses attentes, ont pris soin de préciser qu'il ne s'agirait que d'une conférence "d'étape". Il ne faut donc pas s'attendre à des annonces spectaculaires.

Sur le Fonds vert, par exemple, promis aux pays en développement pour les aider à financer leur politique de lutte contre le changement climatique, on peut tout au plus, semble-t-il, espérer l'adoption d'une date pour une première levée de fonds. En 2009, lors de la conférence de Copenhague, les pays industrialisés se sont engagés à verser 100 milliards de dollars (74,7 milliards d'euros) par an d'ici à 2020.

> Lire aussi : Les chances de limiter le réchauffement climatique diminuent, alerte l'ONU

Les pays les plus vulnérables au changement climatique se saisiront sans doute de la catastrophe philippine pour réaffirmer leur demande de création d'un mécanisme de compensation pour "pertes et dommages" qui leur donnerait les moyens de s'adapter à la récurrence des événements climatiques extrêmes, ou bien à la perte de territoire dans le cas des petites îles.

Pour la France, qui a pris la lourde responsabilité d'accueillir la conférence de 2015, l'important sera d'obtenir la signature d'une "feuille de route" cadrant la négociation jusqu'à Paris. De manière à se donner une chance de déminer, étape par étape, les points de désaccords. Sans attendre, comme cela avait été fatal à Copenhague, le dernier moment pour constater qu'un compromis serait impossible.

Au cours des derniers mois, les Etats-Unis et la Chine ont montré leur volonté de collaborer dans la lutte contre le changement climatique, notamment à travers un projet visant à éliminer les gaz à effet de serre à courte durée de vie, mais à très fort pouvoir de réchauffement, comme le méthane ou les gaz HFC. C'est un signal positif, car il n'y aura pas d'accord en 2015 sans entente entre les deux premières puissances mondiales.

Pour autant, les divergences restent immenses et aucun négociateur ne se risquerait aujourd'hui à parier qu'un échec semblable à Copenhague peut être écarté.

> Lire aussi (édition abonnés) : Le Sud et le Nord désormais responsables à part égale du réchauffement climatique

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