Centrafrique : barricades à Bangui, ville sous haute tension

Centrafrique : barricades à Bangui, ville sous haute tension

    Au lendemain de l'attaque inédite d'une église ayant fait une quinzaine de morts, Bangui, la capitale centrafricaine, est restée sous une extrême tension jeudi, avec des barricades érigées en ville et des échauffourées entre jeunes et soldats africains.

    Jeudi, «plusieurs civils» ont été blessés dans l'après-midi dans le centre de Bangui au cours d'échauffourées avec des soldats de la force africaine Misca, a indiqué le colonel Bengone Otsaga, chef de la police de la mission. Un peu plus tôt, des soldats africains avaient effectué des tirs de sommation pour disperser des jeunes qui tenaient des barricades. En vain. Dans le même quartier, un jeune homme a été blessé par balle dans des circonstances non élucidées.

    La capitale paralysée jusqu'en fin de journée

    Dans le quartier de Lakouanga, dans le centre-ville épargné jusque-là par les violences, la mosquée a été saccagée par des civils en colère. De nombreuses barricades, dont s'échappait parfois une colonne de fumée noirâtre visible au loin, avaient été érigées dans la journée dans toute la ville. Bangui s'en trouvait paralysée, taxis et bus ne circulant plus.

    En fin de journée, les militaires français de la force Sangaris et les soldats de la Misca avaient pu retirer beaucoup de ces barricades, permettant au convoi de la présidente centrafricaine, Catherine Samba Panza, de retour de Brazzaville, de circuler sans encombres entre l'aéroport et ses bureaux. Mais une poignée de barricades, trop volumineuses, n'avaient pu être démontées, notamment aux abords du quartier majoritairement musulman du PK-5.

    Et les forces militaires ne cachaient pas leur crainte que des représailles soient en préparation, après l'attaque de l'église Notre-Dame de Fatima mercredi. Des militaires de Sangaris et de la Misca, ont été positionnés autour du PK-5.

    L'UE «extrêmement préoccupée»

    C'est la première fois depuis plus d'un mois que des barricades sont érigées dans les rues de Bangui. A ces check-points improvisés, des dizaines de jeunes ne cachaient pas leur colère envers la force multinationale, qu'ils accusent d'avoir «laissé faire» l'attaque de l'église.

    Prise entre deux feux, la Misca peine à rétablir l'ordre, dans l'attente des 12.000 Casques bleus promis par l'ONU pour le mois de septembre. L'Union européenne s'est déclarée «extrêmement préoccupée» et a appelé les autorités du pays à «poursuivre sans relâche leur action en faveur de la réconciliation nationale».