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France

Rachat d'Uramin: la police perquisitionne chez Areva et Lauvergeon

Une dizaine de perquisitions ont eu lieu mardi 3 juin au siège de la société Areva, dans le cadre de l'enquête sur le rachat à prix d'or, en 2007, de la société minière canadienne Uramin par le géant du nucléaire français. Une autre s'est déroulée chez son ancienne dirigeante Anne Lauvergeon et plusieurs anciens cadres.

Anne Lauvergeon, la présidente du groupe français Areva.
Anne Lauvergeon, la présidente du groupe français Areva. AFP/JOEL SAGET
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C'est un pré-rapport de la Cour des comptes qui a déclenché l'ouverture d'une enquête préliminaire sur cette affaire pour « présentation ou publication de comptes inexacts ou infidèles », « diffusion d'informations fausses ou trompeuses » et « faux et usage de faux ».

Rachat accéléré d'Uramin

Fin 2006, Areva envisage le rachat d'Uramin. Le géant du nucléaire vient alors de rater de gros contrats avec la Chine et sa dirigeante Anne Lauvergeon, considérée comme proche des socialistes, risque d'être sur la sellette avec la victoire probable de Nicolas Sarkozy à la présidentielle. « Atomic Anne », comme elle est surnommée, a besoin de résultats, et vite. Elle accélère la procédure de rachat d'Uramin, une start-up canadienne. Immatriculée dans les îles Vierges, un paradis fiscal des Caraïbes, Uramin n'a jamais produit d'uranium, mais détient plusieurs gisements, parmi lesquels Trekkopje, en Namibie, et Bakouma, en Centrafrique. Anne Lauvergeon avait alors promis que ces gisements devraient produire plus de 90 000 tonnes d'uranium, leur exploitation ne devant, selon elle, poser aucun problème technique.

Une OPA à 1,8 milliard d'euros

Or, non seulement le gisement namibien aurait été très largement surrévalué, mais il aurait fallu construire une usine de désallement de 200 millions de dollars pour l'exploiter. Côté centrafricain, le gisement de Bakouma se situe à près de 900 kilomètres au nord-est de Bangui et nécessitait lui aussi de gros investissements en infrastructures.

Malgré toutes ces informations, déjà disponibles à l'époque, Areva a décidé de racheter Uramin et de payer ses actions huit fois leur prix initial pour atteindre la somme astronomique d'1,8 milliard d'euros. L'OPA - le rachat d'Uramin - est finalement signée au lendemain de l'élection de Nicolas Sarkozy. Quelques mois plus tard, c'est avec une Anne Lauvergeon tout sourire que le tout nouveau président français fait sa première visite d'Etat en Chine.

Aujourd'hui, l'avocat d'Anne Lauvergeon explique que ces perquisitions sont un non-évènement. Pour Jean-Pierre Versini-Campinchi, il s'agit de d'actes procéduraux classiques et logiques en matière d'enquête financière.

Les objectifs des enquêteurs

L'objet de cette enquête préliminaire menée par le pôle financier récemment créé est de comprendre pourquoi Areva a acheté Uramin à un montant si surévalué. Mardi, ce sont donc tous les hauts responsables d'Areva qui ont été perquisitionnés par la police française. Tous les cadres qui sont intervenus dans le rachat d'Uramin. Les policiers de la brigade financière sont allés, bien sûr, au siège d'Areva, puis au domicile d'Anne Lauvergeon, l'ancienne patronne du groupe, sans oublier non plus d'aller chez son ancien bras droit Sébastien de Montessus.

Sebastien de Montessus n'est pas un inconnu. Il était renvoyé devant le tribunal correctionnel de Paris, ces jours derniers, pour avoir fait espionner Anne Lauvergeon et son entourage. Plus précisément, le bras droit d'Anne Lauvergeon a cherché, par des moyens peu orthodoxes, à savoir si son mari Olivier Fric avait pu être l'un des bénéficiaires de la vente miraculeuse d'Uramin.

Pour l'heure l'acquisition d'Uramin ne semble pas avoir donné lieu à des manœuvres frauduleuses. Il ressort surtout que cet achat relève plutôt d'un pari industriel hasardeux, un pari qui a viré au fiasco financier. Malgré les affirmations d'Anne Lauvergeon qui, prise dans la tourmente, ne cesse de défendre son bilan.

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