Les syndicats de l'opérateur téléphonique avaient annoncé en mai que 2 000 emplois du groupe étaient menacés. Selon BFM Business, la confirmation est venue du PDG de Bouygues, Olivier Roussat, auditionné le 28 mai par le Sénat. L'opérateur devrait annoncer, mercredi 11 juin, un plan de départs qui portera sur 1 500 à 2 000 postes.
Après l'échec de sa tentative de rachat de SFR, Bouygues Telecom cherche désormais à redonner du souffle à sa filière de télécommunications. « Nous avons décidé de nous organiser par nous-mêmes pour survivre avec moins de revenus, en réduisant sensiblement la taille de l'entreprise, ce qui aura donc des conséquences sur l'emploi, hélas. Ces réductions d'emplois [sont la] condition pour continuer à vivre dans un monde à quatre opérateurs », a déclaré M. Roussat lors de son audition.
Deux ans après le guichet de départs volontaires qui avait vu partir 596 salariés, le groupe continue à souffrir de l'entrée de Free sur le marché de la téléphonie mobile. Jusque là véritable « machine à cash », Bouygues Telecom n'a pas tardé à tomber dans le rouge après l'arrivée du groupe de Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde). En 2012, le troisième opérateur français a enregistré, pour la première fois en onze ans, une perte de 14 millions d'euros contre un bénéfice de 331 millions l'année précédente.
Un des axes principaux du plan devrait être la simplification des offres de tarifs, plus d'un millier actuellement, qui permettra de réduire les effectifs des équipes marketing et informatique.
RÉDUCTION DRASTIQUE DES DÉPENSES
« Nous devons réduire de façon drastique nos dépenses. Nous avons décidé d'économiser 300 millions supplémentaires par an, après avoir réduit nos coûts de fonctionnement de 600 millions en deux ans. Notre objectif est d'économiser un milliard par an d'ici trois ans », a expliqué Olivier Roussat.
Après la mise en garde par les syndicats sur un potentiel plan social, le ministre de l'économie, Arnaud Montebourg, avait invité Bouygues à se pencher sur la possibilité d'une fusion avec un autre opérateur.
« Il est assez incroyable que dans un secteur en croissance nous ayons des plans sociaux. Nous sommes maintenus à quatre opérateurs qui se font une concurrence de plus en plus dure au détriment de l'emploi ».
Des commentaires auxquels le PDG de Bouygues a répondu lapidairement
« Nous ne voulons dépendre de personne pour restaurer notre rentabilité. »
La situation s'est dégradée pour Bouygues Télécom depuis que Vivendi a retenu l'offre du câblo-opérateur Numericable pour la vente de sa filiale télécoms SFR, en dépit des efforts de l'opérateur, qui avait notamment reçu l'appui du bras armé financier de l'Etat, la Caisse des dépôts et consignations (CDC). Le rapprochement SFR-Numericable devrait donner naissance à un numéro deux puissant dans le mobile et dans le fixe derrière l'opérateur historique Orange, mais il fragilise Bouygues Telecom, qui a cédé des parts de marché depuis l'arrivée de Free (Iliad) dans le mobile en 2012.
« Bouygues Telecom reste évidemment attentif à l'évolution du secteur des télécoms. Cette évolution conduit tous les opérateurs du marché à réfléchir à toutes les hypothèses et opportunités », a précisé M. Roussat, allusion à peine voilée à un rachat par Free ou Orange.
Voir les contributions
Réutiliser ce contenu