Ce vendredi, Joe Biden est au Guatemala. Le secrétaire d'Etat américain a ajouté cette étape à sa tournée en Amérique centrale pour y évoquer un problème d'immigration: 47 017 enfants clandestins voyageant seuls, la plupart venus d'Amérique centrale, ont été interceptés à la frontière américaine ces six derniers mois. Soit deux fois plus que l'année précédente.

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Joe Biden doit rencontrer les présidents du Salvadore, du Honduras et du Guatemala. Il compte faire passer un message de culpabilisation auprès des parents qui envoient leurs enfants, parfois âgés d'à peine cinq ans, vers cette frontière où ils sont la proie de bandes criminelles et de trafiquants. Le représentant des Etats-Unis espère surtout endiguer un phénomène difficile à gérer.

Rumeur sur un permis de séjour

Selon la police des frontières et plusieurs associations, une rumeur pousse les familles à envoyer leurs enfants aux Etats-Unis: le gouvernement américain délivrerait des permis de séjour aux enfants arrivés avant la fin du mois de juin 2014. Plus vraisemblablement, il s'agit du document de convocation au tribunal de l'immigration remis aux migrants lorsqu'ils sont pris en charge à leur arrivée.

Face à ces milliers d'enfants, la police des frontières est débordée: son centre de rétention en Californie et le centre d'hébergement d'urgence, à Nogales en Arizona, n'ont pas suffisamment de capacité d'accueil. Ouvert à la presse cette semaine, ce vaste hangar peut accueillir jusqu'à 1500 personnes, raconte le Los Angeles Times, dont le reporter décrit les enfants dans des cellules, dormant à même le sol sous de fines couvertures de la Croix-Rouge. Sur les photos, leur jeune âge est frappant.

Des services sociaux débordés

L'administration Obama s'est alarmée de cette "crise humanitaire" et le Sénat a voté une rallonge de deux millions de dollars pour les services sociaux. Mais les Etats-Unis comptent bien renvoyer ces enfants dans leur pays au plus vite, a expliqué le ministre de la sécurité intérieure, Jeh Johnson.

En réalité, cela pourrait prendre un peu de temps: les enfants seuls ne sont pas concernés par les procédures d'expulsion rapide, explique le Miami Herald. Les jeunes Mexicains peuvent être reconduits à la frontière sans procédure judiciaire, mais les migrants du Honduras, du Guatemala ou du Salvadore sont pris en charge par les services sociaux et suivent une procédure d'expulsion. Seul un tribunal peut décider ou non de lancer une procédure pour obtenir un statut légal. Sinon, ils sont reconduits à la frontière. Mais le système actuel est conçu pour traiter 6000 à 8000 dossiers et non près de 50 000, estime l'association de protection de l'enfance Kind.

Fuir la violence

Après le permis de séjour fictif, la seconde raison invoquée par les enfants migrants lorsqu'ils sont interrogés est la violence dont ils sont victimes dans leur pays d'origine. Ici, rien de fictif. Selon un rapport du Haut Comité pour les Réfugiés des Nations Unies (HCR), 60% de ces mineurs peuvent prétendre à une protection humanitaire en raison des conditions dans lesquelles ils vivent chez eux: violence domestique, traite des humains, crime organisé...

Le phénomène des enfants clandestins arrivés seuls aux Etats-Unis n'est pas nouveau. Il connaît une mutation profonde qui relance vivement le débat sur l'immigration aux Etats-Unis, alors que la grande réforme du président Obama est toujours au stade de projet.

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