Le ministre de l'économie, Arnaud Montebourg, l'a annoncé vendredi 20 juin : l'Etat a fait le choix de devenir actionnaire principal d'Alstom. Le conseil d'administration du groupe devait alors se prononcer sur l'offre de General Electric. Les discussions se poursuivent entre l'Etat et Bouygues pour le rachat de ses parts.
- Le conseil d'administration valide l'offre de General Electric
C'était au conseil d'administration d'Alstom de trancher. Il a annoncé officiellement, samedi 21 juin, qu'il acceptait d'entrer en négociations exclusives avec General Electric (GE). Le temps pressait car l'offre de l'américain allait expirer lundi et son patron, Jeff Immelt, avait prévenu qu'il n'entendait pas octroyer de délai supplémentaire.
Le gouvernement français a annoncé vendredi soir préférer l'offre de l'américain GE à celle déposée par le tandem germano-nippon Siemens/Mitsubishi Heavy Industries, et son intention d'entrer au capital d'Alstom à hauteur de 20 % afin d'exercer sa « vigilance patriotique », selon les mots d'Arnaud Montebourg.
Dans un communiqué publié samedi, GE assure que l'alliance avec Alstom sera effective « en 2015 ». L'opération se traduira « dès la première année » par une forte amélioration du bénéfice par action – qui est un des indicateurs préféré des investisseurs américains –, affirme le groupe.
Consultez notre chronologie des événements : Le rachat d'Alstom, une affaire d'Etat
- L'Etat va-t-il parvenir à racheter les parts de Bouygues dans Alstom ?
L'Etat va devenir le principal actionnaire d'Alstom. Encore faut-il qu'il parvienne à un accord avec Bouygues, qui détient quelque 29 % du capital d'Alstom. Arnaud Montebourg a ainsi prévenu samedi soir que « s'il n'y a pas d'entrée de l'Etat [au capital d'Alstom] parce que M. Bouygues ne veut pas vendre ses actions, l'opération avec GE ne se fera pas ».
Samedi matin, les discussions entre l'Etat et Bouygues pour le rachat des parts du groupe français étaient « bloquées », achoppant sur le prix. L'Etat veut payer 28 euros par action, soit le cours atteint vendredi à la clôture de la Bourse, alors que Bouygues en demande 35 euros. La transaction doit être négociée avant la réouverture du marché parisien, lundi à 9 heures. Plusieurs sources citées par l'AFP et Reuters se montraient, samedi soir, plus optimistes quant à un accord.
D'un côté, Bouygues cherche à vendre la totalité de sa participation (29,4 %), qu'il valorise dans ses comptes 3,07 milliards d'euros, après avoir dû passer par une dépréciation de 1,4 milliard d'euros en 2013. Le groupe a payé sa participation relativement cher, selon des analystes. Au plus fort, l'action valait 55 euros en 2010, contre 28 vendredi, à la clôture de la Bourse. Et surtout, il a besoin d'argent, notamment pour relancer Bouygues Telecom.Une source au fait des discussions a indiqué que Bouygues chercherait à vendre sa participation à 35 euros par titre.
De l'autre côté, l'Etat ne peut pas paraître dispendieux et devra montrer qu'il a tout fait pour négocier au plus serré avec Bouygues. Il propose de racheter les actions au prix du marché. Soit un montant de 1,7 milliard d'euros.
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- Comment l'Etat va-t-il financer cette prise de capital ?
Arnaud Montebourg assure dans un entretien au Parisien que l'entrée de l'Etat au capital d'Alstom « coûtera zéro euro aux contribuables » et sera financée par la vente de « certaines » participations de l'Etat dans des grands groupes français.
« Aujourd'hui, parce que nous avons vendu un peu de Safran, d'Airbus et d'Aéroports de Paris, nous disposons de 2,7 milliards d'euros en caisse. Une partie de cette somme nous a permis de financer le réinvestissement [à hauteur de 800 millions d'euros] dans PSA, lors de l'entrée du chinois Dongfeng. Et nous sommes confortables pour intervenir dans Alstom. »
- L'Etat va-t-il sortir victorieux ?
Dès vendredi, le gouvernement faisait dans l'autosatisfaction dans la gestion de ce dossier. « Alstom aujourd'hui serait sans conditions dans les mains de General Electric depuis des mois si nous n'étions pas intervenus », se félicitait le premier ministre, Manuel Valls. « Fluidité dans la méthode et résultats, cohérence gouvernementale : l'Etat a été très professionnel. Ça a été dur, mais ça a été une très bonne négociation », assurait même vendredi soir un proche du président de la République.
Ce dossier est présenté comme « l'anti-Florange ». Alors ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg avait proposé que l'Etat nationalise le site d'Arcelor-Mittal à Florange, idée que le premier ministre de l'époque, Jean-Marc Ayrault, avait sèchement balayée. Cette fois, le ministre, qui a combattu le premier projet d'alliance entre Alstom et GE, soutient avec l'appui du gouvernement et de l'Elysée, la nouvelle offre, améliorée.
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