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ÉTATS-UNIS

"La fac de droit, c’est cher" : les drôles de pancartes des SDF de San Francisco

On passe souvent à côté d’eux sans leur prêter attention. Pour changer cela, un habitant de San Francisco a décidé d’aider les sans-abris en leur fournissant des pancartes humoristiques. Une initiative décalée qui n’est pas du goût de tout le monde.

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Toutes les photos ont été postées par Anthony Bustos sur son compte Twitter.

On passe souvent à côté d’eux sans leur prêter attention. Pour changer cela, un habitant de San Francisco a décidé d’aider les sans-abris en leur fournissant des pancartes humoristiques. Une initiative décalée qui n’est pas du goût de tout le monde.

Des milliers de sans domicile fixe vivent à San Francisco. Une nuit, l’année dernière, la ville a enregistré un pic de 6 000 SDF dormant dans ses rues. Des chiffres qui ne concernent que les adultes, mais il y aurait également près de 1 000 mineurs. Malgré les 165 millions de dollars dépensés par an (120 millions d’euros), la situation ne s’améliore pas.

"Quelqu'un pense que tu es sexy", un panneau original pour un sans-abri.

Anthony Bustos, un habitant de la ville, a donc décidé d’aider les sans domicile fixe en troquant leurs panneaux habituels "j’ai faim" ou "aidez-moi" pour d’autres, capables de faire rire et d’attirer la sympathie des passants. Ce n’est pas la première fois qu’une telle initiative est lancée aux États-Unis : dans le Massachusetts, le projet "Panneaux des SDF" a permis a des artistes d’imaginer des affichettes colorées pour inciter les passants à prêter attention aux personnes démunies.

"Beaucoup me disent qu’ils gagnent plus d’argent grâce à ces pancartes "

Anthony Bustos, acteur dans l'entrepreneurariat social à San Francisco, est l’initiateur du projet.

Lorsque j’ai eu cette idée, je conduisais sur l’avenue Van Ness de San Francisco, et j’ai vu un SDF avec une pancarte "pauvre et affamé", comme on en voit souvent dans la ville. Je l’ai regardé et je me suis dit : 'Ça serait tellement mieux s’il avait écrit quelque chose de drôle'. J’ai pris un bout de papier, j’ai écrit 'la fac de droit, c’est cher' et je lui ai donné. Il a adoré. J’en ai ensuite fait plusieurs que j’ai gardées dans ma voiture. À chaque fois que je croisais un SDF, je lui proposais ces pancartes humoristiques.

Pour moi, lorsque je croise un SDF, j’ai envie de pouvoir poser un regard différent sur lui. Quoi de mieux qu’un écriteau qui me fera sourire ! Mes panneaux préférés, c’est 'Lâchez la thune', 'J’ai besoin d’une nouvelle machine à remonter le temps', 'Poudlard ou rien' [en référence à l’école d’Harry Potter réservée aux sorciers, NDLR], ou 'Besoin d’argent pour devenir un Jedi'.

 

"Poudlard ou rien", une pancarte en référence à l'école d'Harry Potter où ce dernier apprend à être un sorcier.

Mon objectif, ce n’est pas de résoudre du jour au lendemain le problème des SDF. C’est plutôt de changer la vision des passants. C’est une façon de dire à ces gens qu’un sans-abri, ce n’est pas juste une personne au bord de la rue, c’est quelqu’un qui a besoin d’attention, qui a des désirs et des objectifs. Je voulais évidemment les aider à gagner un peu plus d’argent. Je pense que ça a influencé certaines personnes, car j’ai eu des retours très positifs de la part de certains SDF à qui j’ai donné ces panneaux. Certains ont toujours les panneaux que je leur ai donnés il y a longtemps. Quand je les rencontre, je leur donne mon numéro de téléphone et mon adresse email au cas où ils auraient une urgence.

 

"Besoin d'argent pour m'entrainer à être un Jedi" (guerrier-philosophe de la série Star Wars).

La première fois, je ne leur donne pas d’argent, parce que je ne veux pas qu’ils pensent que je les paye pour tenir ces panneaux. D’autres fois, je leur en donne, mais jamais lorsque je leur transmets ces écriteaux. J’ai eu des réactions très variées : le tiers des SDF refuse de prendre les panneaux. J’évite d’approcher les SDF qui sont trop saouls ou drogués, car je veux qu’ils soient capables de comprendre la démarche. Il y a aussi ceux qui sont fiers des panneaux qu’ils ont déjà, ils estiment que c’est une partie d’eux. L’un d’entre eux m’a ouvertement envoyé balader quand j’ai voulu lui donner mon panneau. A contrario, d’autres SDF sont ravis. Un sans-abri qui vit à deux pas de chez moi me dit qu’il reçoit davantage d’argent depuis qu’il a son panneau 'Poudlard ou rien', et que parfois, les touristes demandent s’ils peuvent prendre une photo avec lui.

"Keanu Reeves (l'acteur de Matrix) est mon pote"

Bustos a également été très critiqué pour cette initiative. Certains l’accusent de se moquer des sans-abris et de ne pas leur être vraiment utile. Il leur répond :

Beaucoup de gens sont contre ce que je fais. Ils disent que mon projet n’est que de la poudre aux yeux, et je comprends leur point de vue. Il y a énormément de sans-abris à San Franciso, ce n’est pas un problème que j’ai la prétention de vouloir résoudre avec mes petits bras. La seule chose que je peux faire, c’est aider individuellement certains SDF. Nous avons tous besoin d’un peu de sens de l’humour avec ce genre de problème.

Et vous ? Que pensez-vous de l’initiative de Bustos ? Trouvez vous qu’il prend à la légère un problème grave ou pensez vous que cela peut aider à attirer l’attention sur le problème ? N’hésitez pas à laisser votre commentaire en dessous de cet article !

 

"Je suis beaucoup trop sobre pour ça !"

Ce article a été rédigé en collaboration avec Andrew Hilliar (@andyhilliar), journaliste à France 24.

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