Publicité

Jeunes diplômés, le choix de l’exil

Les jeunes sont de plus en plus nombreux à faire leur valise pour décrocher un premier emploi à l’étranger. Le contexte économique et social lié à ce désir d’expatriation est devenu un enjeu politique débattu à l’Assemblée nationale. Faut-il s’inquiéter de cet envol des « talents »? Le point de vue des deux co-animateurs de la commission nationale Talent Management de l’ANDRH.

Au top 3 des pays favoris des jeunes diplômés, on trouve la Suisse (ici la vielle de Lucerne) le Royaume-Uni et les États-Unis
Au top 3 des pays favoris des jeunes diplômés, on trouve la Suisse (ici la vielle de Lucerne) le Royaume-Uni et les États-Unis (Shutterstock)
Publié le 11 juil. 2014 à 07:02

Cet article vous est proposé en partenariat avec Personnel, la revue de l’ANDRH

L’expatriation des Français augmente depuis dix ans : + 3 à 4 % par an, selon le Quai d’Orsay. Premiers concernés : les jeunes et les profils qualifiés. En effet, plus de la moitié des 1,5 à 2 millions de Français installés à l’étranger possède un niveau master ou doctorat. Les départs ont fait un bond de 14 % en cinq ans, selon une enquête menée par RTL avec Le Nouvel Observateur. Actuellement, au top 3 des pays d’accueil, on trouve la Suisse, le Royaume-Uni et les États-Unis. Le Canada est aussi une destination favorite. Les ingénieurs, eux, enregistrent une augmentation des départs vers les pays d’Asie du Sud-Est, en Chine, à Singapour.

Le phénomène n’est pas prêt de se calmer puisque 27 % des jeunes diplômés, en recherche d’emploi, imaginent leur avenir à l’étranger, d’après le baromètre Ifop pour le cabinet Deloitte sur l’humeur des jeunes diplômés. Ils n’étaient que 13 % l’an dernier. Tous les profils sont concernés : un étudiant en école de commerce sur cinq et un sur dix en école d’ingénieurs, partent une fois leur diplôme en poche, soit près de 40 000 jeunes diplômés pour ces deux filières.

Quelles sont les motivations au départ ?

Publicité

L’étude de l’Association des ingénieurs et scientifiques de France a analysé les raisons du départ des jeunes Français. On y retrouve pèle mêle, le taux de chômage qui touche 24,5 % des moins de 24 ans ; un passage quasi obligé à l’international, une envie d’entreprendre. En effet, en mars 2014, une enquête de la chambre de commerce de Paris notait un changement de profils Français en partance. Le nombre de salariés détachés diminue d’année en année (de 36 à 19 % entre 2003 et 2013) alors que celui des créateurs d’entreprise augmente de manière significative (de 10 à 18 %). La Conférence des grandes écoles évoquait aussi en juin 2013 une « fuite », faute de salaires suffisamment attractifs au sein de l’Hexagone. Bref, le professionnalisme des recruteurs qui sera toujours à l’œuvre, de façon irremplaçable !

Frédéric Oger, co-animateur de la commission nationale Talent Management de l’ANDRH

« Les entreprises qui disposent d’une forte marque employeur, qui sont des multinationales attractives comme Altran ne sont pas confrontées à ce problème de fuite de jeunes diplômés dans l’immédiat. Bien au contraire, nous recevons encore un grand nombre de candidatures de qualité pour des postes en France. Nous avons même des CV de candidats étrangers qui souhaitent venir travailler dans l’Hexagone. Il faudrait aussi qu’on essaie de mesurer cet attrait de la France pour les jeunes diplômés étrangers. Dans la commission nationale Talent Management de l’ANDRH, composée majoritairement de grands groupes qui disposent d’une image employeur forte, l’expatriation des jeunes est plutôt une opportunité pour recruter à terme des profils plus internationaux. Mais les PME et structures plus petites peuvent en effet, éprouver plus des difficultés pour attirer les jeunes diplômés. Le contexte général est aussi pessimiste avec des « feedback » négatifs sur l’emploi. Mais on commence à lire des articles sur le frémissement d’une tendance haussière de l’activité d’ici la fin de l’année. Dès que les signaux de croissance seront positifs, les opportunités de rester seront plus nombreuses. L’expatriation des jeunes a touché aussi la Grèce et l’Espagne notamment, compte tenu du contexte économique et social dans ces pays. Mais une fois de retour au pays, les entreprises leur offrent de belles opportunités et des postes à responsabilités qu’ils n’auraient pas décrochés s’ils étaient restés en France. »

Odile Pellier, co-animatrice de la commission nationale Talent Management de l’ANDRH

« Depuis l’an dernier, nous avons lancé des recrutements de VIE et nous recevons des candidatures que nous n’avions pas pour des postes à pourvoir en France. En effet, nous recrutons des formations supérieures scientifiques (ingénieurs ou universitaires), qui maîtrisent l’anglais et disposent de compétences commerciale ou marketing. Parfois, nous demandons même une spécialisation en gestion industrielle ou de production. Cette double voire triple compétence est difficile à trouver chez des profils jeunes diplômés ou expérimentés, si bien qu’on ne pensait pas pouvoir trouver facilement ce type de profils sur le marché. Mais pour des fonctions à l’international dans le cadre de VIE, nous recevons des CV parfaitement adaptés à nos besoins. Nous rencontrons même des jeunes en CDI prêts à quitter leur emploi pour un VIE qui est un CDD. Il est donc clair que l’attrait est fort pour l’international. Ce constat peut d’un côté inquiéter les DRH mais peut aussi les rassurer car pour développer nos entreprises, nous avons besoin de profils internationaux, qui font preuve d’agilité interculturelle et de capacités linguistiques. L’exil des jeunes diplômés peut être plus problématique pour les entreprises qui ne déploient pas d’activité à l’international. Quelle sera leur capacité à attirer des candidats ? »

Sylvie Aghabachian

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité