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Le Viagra, seul effet secondaire désirable

Testé par les chercheurs de Pfizer pour traiter l'angine de poitrine, le sildénafil s'est révélé avoir un pouvoir érectile.

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Par Chantal Houzelle

Publié le 11 juil. 2014 à 01:01Mis à jour le 6 août 2019 à 00:00

Même si c'est rarissime, les effets secondaires d'un nouveau médicament ne s'avèrent pas forcément indésirables. Les plus de 37 millions d'hommes dans le monde, dont 1 million en France, qui ont eu recours à la célèbre pilule bleue pour traiter leurs troubles érectiles, ne diront certainement pas le contraire. Depuis sa mise sur le marché en 1998 par le laboratoire américain Pfizer, le Viagra, délivré sur prescription dans 120 pays et non remboursé en France, est devenu le blockbuster le plus convoité de l'histoire de la pharmacie mondiale. Un chiffre suffit à illustrer son succès phénoménal : six comprimés sont distribués, chaque seconde, sur la planète.

Par quel heureux hasard les chercheurs de Pfizer ont-ils mis la main sur ce traitement « miracle », tant l'impuissance masculine semblait un casse-tête insoluble pour le corps médical ? En 1989, ils ont synthétisé la molécule de sildénafil dans le but de traiter l'angine de poitrine. Deux ans plus tard, lors du premier essai clinique mené dans cette indication, les docteurs Peter Ellis et Nick Terret, d'abord déçus de constater que ce principe actif ne produisait pas l'effet escompté sur cette pathologie cardiaque, ont vite oublié leur déconvenue. Alertés par le coup de téléphone d'un médecin de la ville galloise de Merthyr Tydfil, au nord de Cardiff, où se déroulait cette étude, ils ont eu l'agréable surprise de découvrir un effet secondaire du sildénafil des plus inattendus : il provoquait des érections involontaires. Autre facteur chance : la cohorte n'incluait que des hommes. Pour vérifier son réel pouvoir érectile, Pfizer va réaliser, de 1992 à 1997, des essais de grande envergure sur plus de 8.000 patients âgés de 19 à 87 ans.

Quel est le mécanisme d'action du Viagra ? Son principe actif, le citrate de sildénafil, est un inhibiteur puissant et sélectif de la phosphodiestérase de type 5 (PDE5). Cette enzyme est responsable de la dégradation de la guanosine monophosphate cyclique (GMPc) dans les corps caverneux, qui, durant la stimulation sexuelle, est produite dans le pénis pour favoriser l'afflux sanguin déclenchant une érection. C'est précisément en bloquant l'élimination de la GMPc que la fameuse pilule, en forme de losange, restaure la fonction érectile, mais nécessite néanmoins une stimulation sexuelle pour donner sa pleine efficacité. Bien qu'il soit né d'un effet secondaire « désirable », le Viagra n'est naturellement pas exempt de désagréments : céphalées, sensations vertigineuses, troubles visuels... Longtemps attribuée à des causes psychiques, l'impuissance masculine est devenue, incontestablement grâce à ce médicament précurseur, une pathologie à part entière, qui n'est plus prise à la « légère ». Des études épidémiologiques ont confirmé que 89 % des cas sont bien dus à une cause vasculaire. De surcroît, il est aujourd'hui établi qu'il ne s'agit pas que d'une maladie vasculaire limitée aux seuls corps caverneux. La dysfonction érectile est même considérée comme un symptôme sentinelle, qui joue un véritable rôle de marqueur clinique prédictif d'événements cardio-vasculaires potentiellement graves. Malgré tout, les troubles sexuels qui touchent, en France, un homme sur trois après la quarantaine, restent un sujet encore tabou, nécessitant des trésors de pédagogie. Selon une étude européenne récente, 33 % de la gent masculine affectée affirment ne s'être jamais confiés à personne et seuls 10 % prennent un traitement. Cet énorme potentiel attire, malheureusement, les contrefacteurs, qui ont fait du Viagra l'un des médicaments au monde les plus copiés et vendus illégalement sur Internet, profitant du désir d'anonymat des acheteurs. Pour garder la main sur son leadership face à une vive concurrence : Lilly avec le Cialis, Bayer avec le Levitra... Pfizer a lancé le 22 juin 2013, au lendemain de la perte de son brevet en France, son propre générique, le sildénafil Pfizer. Ce comprimé se distingue du Viagra original, toujours commercialisé, par sa couleur blanche et l'absence du sigle mythique : VGR.

Chantal Houzelle

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