De jeunes Israéliens refusent de faire l'armée pour protester contre l'occupation des territoires palestiniens

Cinquante-huit jeunes Israéliens assument publiquement de ne pas faire l'armée. Ils dénoncent "les violations des droits de l'homme en Cisjordanie".

De notre correspondante à Jérusalem,

Des soldats israéliens surveillent une colonie juive en Cisjordanie (photo d'illustration).
Des soldats israéliens surveillent une colonie juive en Cisjordanie (photo d'illustration). © ABBAS MOMANI / AFP

Temps de lecture : 3 min

Ils sont 58 jeunes Israéliens entre 17 et 20 ans, de milieux parfois très différents. Mais tous ont signé une lettre ouverte au Premier ministre, Benyamin Netanyahou, dans laquelle ils annoncent leur refus de faire l'armée pour, disent-ils, "ne pas cautionner l'occupation des territoires palestiniens". Ils dénoncent "les violations des droits de l'homme en Cisjordanie, la construction des colonies, les détentions administratives, la torture, les punitions collectives et une répartition injuste de l'eau et de l'électricité". Pour eux, et ils l'écrivent, "tout service militaire perpétue la situation actuelle et de ce fait nous ne pouvons prendre part à un système qui se livre à de tels actes".

Publié d'abord sur le site en ligne de Yesh Gvul ("Il y a une limite", en français), une organisation anti-occupation qui soutient les objecteurs de conscience, le texte et ses signataires ont très vite suscité de vives réactions. Au sein de la majorité gouvernementale, on n'a pas du tout apprécié. Du côté de la droite libérale, Yaïr Lapid, le ministre des Finances et patron du parti de Yesh Atid ("Il y a un avenir"), a qualifié ces nouveaux "refuzniks" de "tire au flanc trop gâtés", avant d'ajouter : "J'ai honte de vous."

"Nous voulons ébranler la pensée consensuelle"

Sur un plateau de télévision, un des signataires de la lettre a été interpellé en ces termes : "Lavette, tu porteras la marque de Caïn jusqu'à la fin de tes jours", "ton refus, pour moi, c'est comme l'assassinat de Rabin". Les signataires répondent que le but de leur démarche est d'abord fondé sur la nécessité de provoquer un débat public : "Nous voulons questionner, défier et ébranler la pensée consensuelle, conventionnelle." Et, pour cela, ils sont prêts à en subir les conséquences. Aujourd'hui, refuser de faire l'armée est passible d'un an de prison.

Ce n'est pas la première fois qu'Israël est confronté à ce genre d'initiative. Il y a 44 ans, une première lettre de refus était adressée par des lycéens au chef du gouvernement de l'époque. Depuis, trois autres ont suivi, en 1979, 2001 et 2005. En janvier 2004, cinq jeunes ont été condamnés à un an de détention. En février dernier, Omar Saad, un jeune Druze de Galilée, s'est vu infliger par un tribunal militaire une peine de prison de vingt jours. Sa cinquième condamnation en dix-huit mois, depuis qu'il a reçu son ordre de marche et a annoncé son refus d'obéir.

Ce service est réservé aux abonnés. S’identifier
Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point.

0 / 2000

Voir les conditions d'utilisation
Lire la charte de modération

Commentaires (35)

  • CHARLEGROUPI

    Quand on veut dominer le monde, il faut de l'argent, certe, pour payer les corrompus, manipuler les médias, s'équiper militairement, etc. Mais à un moment donner, il faut affronter des forces physiques et mentales qu'aucunes pièces de monnaies ne peut acheter. Cela s'appelle, l'intégrité, le courage, la loyauté, la dignité, etc. Tout ces qualificatifs engendrent des sacrifices en vies humaines, en confort du quotidien, que seuls les plus valeureux sont prêts à donner. C'est pourquoi il est difficile pour Israel d'aligner les mêmes ambitions pychologiques que leurs ennemis.

  • sergio46

    Si la Palestine ne fait pas partie d'Israël, les colonisations sont illégales et Israël n'a aucun droit à s'opposer à l'indépendance de la Palestine et à son droit de constituer un Etat !
    Si la Palestine fait partie d'Israël, vous traitez différemment les Palestiniens et donc vous pratiquez l'apartheid et ne pouvez prétendre au qualificatif de démocratie !

  • Abdellah

    Encore merci Danièle, pour cet article, longue vie à la liberté d'expression, j'aime ce genre de journalisme qui relate les vraies informations.