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Taïwan a peur du géant chinois

Le ministre tawaïnais des Affaires continentales et le vice-ministre chinois des Affaires étrangères se sont rencontrés mardi

Le ministre tawaïnais des Affaires continentales et le vice-ministre chinois des Affaires étrangères se sont rencontrés mardi

Photo : AFP / MARK RALSTON

Radio-Canada

Ils parlent la même langue et ont une histoire commune. Pourtant, ce qu'on appelle les deux Chine n'ont aujourd'hui presque rien en commun. La petite Taïwan est moderne et libre. Le géant chinois est toujours communiste et son régime a des allures de « Big Brother ».

Un texte d'Yvan CôtéTwitterCourriel

Ce contraste fait craindre le pire à Claudine Chang lorsqu'il est question d'un possible accord de libre-échange. La jeune enseignante s'inquiète pour sa qualité de vie si Taipei et Pékin ouvrent leurs marchés. Elle redoute d'être un jour censurée par la Chine si les ennemis d'hier se réconcilient.

On ne sait pas s'ils [les Chinois] vont utiliser l'économie pour manipuler la politique à Taïwan. Vous savez nos mentalités sont vraiment différentes.

Une citation de Claudine Chang

Les cicatrices du passé

L'accord sur les services prévoit l'ouverture de 64 secteurs aux entreprises chinoises, dont ceux de la culture, des banques et des télécommunications. Un traité qui a poussé des milliers d'étudiants à sortir dans les rues pour dénoncer ce qu'ils appellent « une vente à rabais » du petit archipel au géant chinois.

Au-delà du volet économique, il y a aussi le passé trouble des deux États qui ajoute à la complexité du dossier. Il y a 60 ans, Chiang Kai-shek a fait de Taïwan sa base de repli après avoir perdu son combat face Mao Zedong.

La Chine demande toujours la réunification avec Taïwan qu'elle considère comme une « province rebelle ». Plusieurs personnes à Taïwan croient que Pékin profitera cette fois-ci du traité pour réunifier les deux territoires.

« La Chine semble avoir compris qu'elle n'a pas besoin de faire la guerre, dit avec regret Claudine. Les changements ici ne surviendront peut-être pas immédiatement, mais peut-être dans 10 ou 20 ans. »

Les télécommunications ciblées

Une inquiétude aussi partagée par Lin Zhongnan, un professeur à l'Université nationale de Taïwan. L'ingénieur s'intéresse tout particulièrement au volet des télécommunications dans l'entente. Il craint qu'en ouvrant les marchés, la Chine ait accès à plusieurs informations confidentielles par l'entremise de ses entreprises.

Ce qu'il faut comprendre, c'est que nos communications seront dorénavant plus faciles à intercepter. Cela pourrait mettre la sécurité de l'État en danger, et l'enjeu ici est ni plus ni moins que la sauvegarde de notre démocratie et notre liberté d'expression.

Une citation de Lin Zhongnan, professeur à l'Université nationale de Taïwan

Mais avec son économie vacillante, Taïwan a-t-elle le luxe de tourner le dos à la Chine? Claudine, comme une bonne proportion des Taïwanais, croit à regret que la réponse est non.

« Avec la Chine, c'est compliqué, explique Claudine. On veut être ami avec le pays, mais on ne sait jamais qu'elle sera la finalité. J'espère que l'on gardera au moins l'atmosphère [de l'archipel] et le même rythme de vie, mais je ne sais pas. »

Pour le moment, Claudine et les manifestants ont remporté la première manche. Le traité est sur la glace, mais seulement jusqu'à l'ouverture de la prochaine session parlementaire à l'automne.

 

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