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Les collectivités locales ignorent la rigueur

+DOCUMENT Les collectivités locales ont continué de dépenser et d’embaucher en 2013. Les investissements ont bondi de 5,4% alors que les recettes n’ont gagné que 1,5%, entamant l’épargne des collectivités.

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Par Matthieu Quiret, Julie Chauveau

Publié le 27 juil. 2014 à 22:13

En 2013, les collectivités locales ont défié la rigueur. Dans son rapport annuel, l’Observatoire des finances locales, réalisé par des représentants des collectivités, reconnaît noir sur blanc que , soit la même pente qu’en 2011 et 2012. « Le rythme de croissance des frais de personnel semble indiquer que les effectifs ont continué à progresser en 2013 » euphémise également le rapport.

Les élus ont visiblement fait la sourde oreille aux appels répétés à la sobriété des gouvernements successifs. Ils ont aussi fait fi du tarissement des recettes dû à la crise de l’immobilier. Un manque a gagner qu’ils ont essayé de compenser par d’autres recettes, en alourdissant la fiscalité locale de 1,9%. Les seuls impôts locaux ont progressé de 4,6%. Pas étonnant, dès lors, que leur besoin de financement soit passé de 700 millions d’euros en 2011 à 9,2 milliards en 2013. Soucieux de maintenir le déficit des finances publiques sous les 3% du PIB, l’Etat a fini par mettre les collectivités à la diète forcée. Leur dotation est amputée cette année de 1,5 milliard et les économies devront totaliser 1 1 milliards d’euros d’ici à 2017.

Investissements taillés

André Laignel, président du Comité des finances locales, justifie tous ces chiffres par l’augmentation des dépenses contraintes par l’Etat, passées de 1,3 à 1,5 milliard d’euros. « L’Etat nous demande des économies tout en nous imposant la mise en place des rythmes scolaires, la revalorisation des salaires des catégories C, les nouvelles exigences du Grenelle de l’environnement, etc. » Pour le maire d’Issoudun, les hausses d’effectifs résultent des demandes croissantes de la population, pour des crèches par exemple.

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Selon un autre expert des finances locales, le diagnostic n’est pas si négatif. Pour lui, les collectivités ont eu un comportement classique en année électorale. Les élus auraient même commencé à montrer quelques signes de bonne volonté en stabilisant la hausse de la fiscalité, en évitant d’atteindre certains niveaux d’endettement que l’on retrouvait auparavant dans ces années d’élections. André Laignel pointe en particulier une baisse de 26% des dépenses d’équipement. Ce qui semble indiquer que les collectivités ont préféré tailler dans leurs investissements plutôt que dans leurs dépenses de fonctionnement. L’expert rappelle que la pression de l’Etat ne commence vraiment qu’en 2014 et que c’est sur cet exercice qu’il faudra juger la réaction des élus. Le président du Comité des finances locales prévient que la politique de rigueur des élus qui s’annonce risque de peser sur l’emploi. Il cite les chiffres avancés par les lobbyistes du BTP, selon lesquels 60.000 emplois pourraient disparaître en 2015.

En 2014, forte réduction des investissements et poursuite des embauches au programme

La baisse des dotations de l’Etat a donné le signal. En 2014, les collectivités ont prévu de freiner sur les investissements, selon André Laignel. Cette tendance naturelle, après une année électorale, est cette fois amplifiée par l’inquiétude des élus face à la dégradation de leurs comptes, en particulier leur trésorerie fortement mise à contribution depuis deux ans. Une étude de La Banque Postaleévalue même à 5,6% la baisse prévisible. En 2014, les recettes de fonctionnement enregistreraient la plus faible évolution depuis vingt ans. D’autant qu’André Laignel anticipe une accélération des embauches cette année pour absorber les nouveaux rythmes scolaires. Pour 2015, La Banque Postale s’attend à des investissements encore plus faibles, sous la barre des 50 milliards.

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L"intégralité du rapport

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