Un lac vient
d’apparaître comme par magie dans la région de Gafsa [ville du sud de la Tunisie, située au milieu d’un
alignement montagneux connu pour ses mines de phosphate]. Découvert par des habitants,
sur la route d’Om Larayes, à quelque 25 km de Gafsa, on l’appelle
déjà “Gafsa Beach”. Parfait pour l’été, mais aucune
sécurité pour les nageurs n’a été mise en place par les autorités.

Il s’agit
d’un canyon désert qui a été submergé, il y a une dizaine de jours, par des eaux
souterraines, jusqu’à constituer un lac assez profond pour que des habitants puissent s’y baigner.

Le
journaliste et reporter Lakhdhar Souid, originaire de la région et présent sur
place, est surpris par ce phénomène énigmatique. Il estime que la
hauteur de l’eau, sur une surface de 1 hectare, varierait entre 5 et 18 mètres. Ceci a attiré une foule de baigneurs, venus à pied, en voiture ou en
bus. Le nombre, selon lui, atteindrait les 600 personnes.

Pour
certains observateurs, comme les agents de la protection civile, le volume
total de l’eau serait de 1 million de mètres cubes. Lakhdhar Souid déplore “l’absence
de l’Etat” pour livrer des données précises : “Nous ne pouvons que donner nos observations.
L’Etat est totalement absent alors qu’il devrait être là pour étudier ce cas. J’essaye de joindre l’administration des ressources aquatiques,
mais personne ne répond. Alors nous essayons de comprendre par
nous-mêmes.” Il n’est pas exclu que l’eau soit radioactive

Selon un
géologue de la région contacté par Souid, il pourrait y avoir deux explications
à ce phénomène : un mouvement sismique qui aurait provoqué une fuite de
la nappe phréatique, d’autant que, depuis les Romains, on sait que
l’endroit est riche en eau et que plusieurs sources anciennes ont émergé en ce point précis.

Dans cet
endroit improbable, les baigneurs s’amusent à faire des plongeons et à surfer.
Seulement, les dangers de mort dans un tel lieu de baignade sont réels. On peut
par exemple citer le lac bleu de Beaumont-sur-Oise, dans la banlieue de Paris,
apparu d’une façon aussi intempestive. Des baigneurs s’y noient chaque
année, emportés par les tourbillons et les aspirations de la nappe phréatique.

D’autre
part, selon Lakhdhar Souid, il n’est pas exclu que l’eau soit radioactive et
cancérigène par l’effet de l’extraction du phosphate dans la région :
L’Etat doit intervenir pour nous
dire si la baignade est dangereuse ou non. Et il n’y a aucune sécurité : aucun
maître-nageur n’est présent, et la protection civile* est venue seulement les premiers
jours.”