Le Nigeria est en alerte rouge depuis ce week-end [26-27 juillet], après le
décès d’un Libérien, victime du virus Ebola à Lagos, signale The Nation. En clair, le gouvernement et l’OMS prennent
des mesures préventives dans les ports et aéroports. Quant aux 200 personnes
avec lesquelles voyageait l’homme qui est décédé de la fièvre hémorragique, elles
doivent être examinées. Enfin, l’hôpital qui a traité ce patient va fermer
ses portes, indique le quotidien nigérian The
Guardian

L’Afrique
fait actuellement face à la plus grave épidémie qu’elle ait jamais connue. Depuis
février, Ebola a contaminé plus de 1 000 personnes et tué 660 malades en
Guinée, au Liberia et en Sierra Leone, selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Elle vient donc d’atteindre le Nigeria. Et ça,
c’était le pire scénario envisageable, rapportait le 26 juillet le magazine économique Ventures Africa. Sur son site, ce mensuel
panafricain détaille “pourquoi Lagos est le pire endroit où l’épidémie
pouvait se propager”.

Le risque de mettre le pays à genouxD’abord
parce que Lagos est la mégalopole africaine la plus densément peuplée. Quelque 21 millions
de personnes s’entassent dans cette ville, qui est aussi l’un des centres
économiques les plus dynamiques d’Afrique, et surtout un lieu de transit pour
toute la population nigériane, y compris la diaspora, insiste l’article. Ensuite parce que “Lagos
est le poumon économique du Nigeria : tous les biens et les services y sont
centralisés, notamment les produits pétroliers [la manne du pays]. Si l’épidémie
touche de plein fouet Lagos, elle mettra le Nigeria à genoux, humainement et
économiquement. Il n’y a pas que les Nigérians qui prient désespérément pour
que cette maladie n’atteigne pas Lagos, c’est le monde entier qui l’espère.”

De
fait, Ebola fait peser une menace économique sur l’Afrique de l’Ouest, indiquait
le 25 juillet le Financial Times (FT)
. Les compagnies minières, dont London
Mining et African Minerals, ont déjà restreint les déplacements de leurs salariés. Résultat, le cours des actions de chacune des sociétés a chuté de 60 %
depuis janvier, indique le quotidien britannique. Et, selon le Fonds monétaire international (FMI), l’activité
économique de la Guinée
a déjà chuté sur la première moitié de l’année – sous l’effet de l’épidémie, qui
déplace les populations. Manque de ressources technologiques et humaines

Mais
le vrai problème réside dans la réponse face à ce virus, dont la mortalité est
très élevée, poursuit le FT. C’est un vrai défi de pouvoir réagir
correctement et de déployer des moyens, alors qu’Ebola sévit dans une des
régions les plus pauvres du monde. Pourtant, “il faut passer la vitesse
supérieure, et la passer le plus vite possible”, souligne Zabulon Yoti, l’un
des responsables de l’OMS en Sierra Leone.

La tribune publiée le
26 juillet dans The Lancet ne dit pas autre chose. “Il faut
augmenter les moyens techniques de diagnostic : beaucoup de malades en Sierra
Leone sont traités à domicile, en se fondant sur la suspicion, sans examens cliniques. Le
malade et la famille optent pour l’automédication”, et la véritable
ampleur de l’épidémie nous échappe, insistent quatre chercheurs présents en
Sierra Leone. Mais les tests coûtent cher, et les centres de la région ne sont pas équipés. De même, il faut adopter des technologies de traitements des
données qui permettent une veille épidémiologique et un suivi plus efficace,
notamment par l’intermédiaire des systèmes de géolocalisation open source, d’intégration
d’alertes et d’applications sur les smartphones, etc.

Enfin, et
surtout, il faut des médecins. “Aujourd’hui, dans notre ville [Bo, en
Sierra Leone], il y a 5 médecins pour 150 000 habitants !”