Céline Pina

Par Céline Pina

Par Céline Pina

"Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux"

Quand l’UOIF convie les pires représentants de l’islamisme radical, la ministre de l’Education nationale envoie un délégué ministériel en guise de caution.

La Boétie le disait en parlant des tyrans : « Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. » Et son livre de disséquer il y a plus de 450 ans, les mécanismes de la « servitude volontaire ». Ce livre, il est plus que temps de l’envoyer à nos responsables politiques. Même s’ils n’ont le temps d’en lire que le titre, ils auront saisi l’essentiel du message. Il semblerait en effet que plus les islamistes parlent haut et montent en puissance dans leur stratégie de visibilité dans l’espace public, plus nos représentants, de gauche comme de droite, baissent les yeux et nous trahissent en catimini. 

 

A Lille donc, le 7 février 2016, l’UOIF, antenne des frères musulmans en France tient meeting. A l’affiche, ce que l’on fait de mieux en matière d’obscurantisme, de haine de l’Occident, des femmes, des Juifs et des homos. Les ennemis de la République, de l’égalité des droits et de la démocratie sont accueillis à bras et à micros ouverts : le Syrien, Mohamed Rateb Al-Nabulsi, le Marocain Abouzaïd Al-Mokri, le Saoudien Abdallah Salah Sana’an et bien sûr l’incontournable pourfendeur suisse de la laïcité, Tariq Ramadan.

 

Cerise sur le gâteau, le ministère de l’Education nationale y dépêche son délégué interministériel à l’excellence qui rejoint le gratin des intervenants. Ce que l’UOIF met fort opportunément et fort habilement en avant. Car la participation d’un représentant ministériel est une caution politique et marque la reconnaissance de son influence auprès du gouvernement. C’est un message de puissance pour les islamistes et une preuve de faiblesse de l’Etat : sur notre territoire, non seulement tout est permis, mais on vient tirer la révérence à ceux pour qui, ce que nous sommes est impur, offensant et devrait être chassé de la surface de la terre… D’ailleurs les non-quiétistes parmi les islamistes ont prouvé qu’ils étaient prêts à s’en charger…

 

Après les 7, 8 et 9 janvier 2015, après le 13 novembre dernier et alors que pas une semaine ne passe sans qu’un lycée ne soit évacué, suite aux menaces que l’Etat islamique a lancé contre notre système éducatif, le manque de discernement du ministère de l’Education nationale est pour le moins étonnant. Comment ne comprend-il pas qu’une telle attitude nourrit le sentiment de puissance des islamistes et leur influence ? Cela incite les populations ciblées par leur propagande à se rallier à leur cause. Entre le fort et le faible, qui à la fin sera le plus protecteur ? En général dans ce cas-là, c’est la force qui rassure, là où la faiblesse expose.

 

Deuxième effet délétère, la sidération que cela entraîne dans l’opinion publique. Nous sommes censés être en guerre. Nous vivons sous le régime de l’état d’urgence et ceux qui ne se cachent pas d’être les ennemis de la République peuvent diffuser leur propagande mortifère sans limite, ni freins, ni même une critique. Où sont les politiques locaux qui protestent et qui les relaient ? J’espère qu’il y en a à Lille pour s’insurger contre une telle manifestation. En attendant on perçoit surtout un assourdissant silence. Calcul, lâcheté ou peur panique, en toute sincérité cela importe peu. Si La ministre ne rappelle pas son délégué et n’annule pas sa venue, elle aura fait le cadeau de la légitimité de l’Etat aux islamistes et à leur discours. Après la séquence face à Baraka City, cette attitude serait du plus mauvais effet…

 

Oh je ne doute pas qu’à Lille, les prédicateurs feront une version light de leurs discours enflammés, car alors ils auront déjà gagné : la vraie victoire c’est leur venue, la caution de respectabilité que cela leur apporte et la démonstration de force qu’ils effectuent. L’essentiel est de légitimer les pires représentants de l’Islam. Car pour des gens simples, s’ils étaient si haineux et violents, si leurs appels aux meurtres étaient si condamnables, ils ne se produiraient pas si aisément en public avec l’aval (et la participation) des autorités.

 

Ainsi, en poliçant quelque peu un discours dont personne n’est dupe le temps d’un meeting, ils peuvent diffuser ensuite leur propagande avec un brevet de conférencier français… Que nos politiques fassent semblant de ne pas comprendre cette stratégie devient pénible… D’autant que derrière la venue du délégué interministériel à l’excellence, c’est aussi une opération de blanchissage d’un lycée, le lycée Averroès, que certains soupçonnent d’être l’incubateur d’un système radical voire visant à la fabrication d’une élite islamiste française.

 

Il faut dire que celui-ci a été créé au nom du refus d’accepter les règles de la laïcité, pour que les filles voilées puissent continuer à porter le voile en classe. Les liens des dirigeants du lycée avec les frères musulmans sont notoires et le lycée a déjà fait l’objet de polémiques suite au départ de certains enseignants. Mais Amar Lasfar, le président de l’association Averroès est un homme d’influence, président de l’UOIF, président de la ligue islamique du Nord et recteur de la mosquée de Lille sud, c’est un homme qui a d’autant plus de poids qu’il représente une autorité morale sur sa communauté. La venue du délégué ministériel est donc déplorable à plus d’un titre. A Lille, nul n’ignore qui est Amar Lasfar et Martine Aubry a pris ses distances avec lui dès 2013. Mais la drague alors active qu’a mené depuis le représentant de la droite auprès d’Amar Lasfar a peut-être eu raison de cette prise de conscience. Pierre Mathiot, l’envoyé du ministère, ancien directeur de sciences-po Lille ne peut non plus ignorer à qui il a affaire.

 

En attendant c’est avec impatience que l’on attend d’entendre la ministre de l’Education nationale sur l’envoi de son délégué ministériel. Bien sûr si cela était pour démentir toute participation d’un représentant officiel à cette sinistre mascarade, ce serait idéal. Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Et si à cette occasion, nous pouvions entendre une parole politique qui porte haut les principes de la République et combatte l’obscurantisme islamiste au nom de nos principes laïques et de notre idéal républicain, nous ne laisserions pas à nos concitoyens en héritage, après une telle pitrerie, que le vote Front national pour exprimer leur sentiment d’abandon et de trahison par les partis traditionnels.

 

Céline Pina

Ex conseillère régionale PS, suppléante du député de la Xéme circonscription du Val d’Oise