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Le Rajasthan déclare le dromadaire « animal d’Etat »

La mesure, destinée à protéger le camélidé, inquiète minorités religieuses et éleveurs indiens.

Par  (New Delhi, correspondance)

Publié le 02 août 2014 à 10h20, modifié le 02 août 2014 à 10h20

Temps de Lecture 3 min.

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Après la vache, c'est au tour du dromadaire de devenir sacré. Le gouvernement du Rajasthan, dirigé par le Bharatiya Janata Party (nationalistes hindous, BJP), a annoncé fin juin qu'il allait accorder au dromadaire le statut d'« animal d'Etat », ce qui n'était encore jamais arrivé à un animal domestiqué. Même la vache sacrée n'avait pas eu droit à cet honneur.

« Il s'agit de faire prendre conscience de l'importance de cet animal dans notre patrimoine et de le protéger », explique M. Singh, l'un des responsables du service des élevages au ministère de l'agriculture du Rajasthan. Dans cet Etat de l'ouest de l'Inde, la population de dromadaires ne cesse de diminuer, de 911 000 têtes en 1997 à environ 320 000 cette année, alors que l'animal en est l'un des symboles. Rares sont les photos du Rajasthan sans dromadaire traînant sa bosse devant un palais de maharajah ou dans les dunes du désert de Thar. Pourtant, la diminution des aires de pâturage et la concurrence des tracteurs menacent sa survie.

Derrière la protection du dromadaire, qui fait l'unanimité, se cachent des arrière-pensées politiques, inspirées de l'idéologie nationaliste. Le gouvernement du Rajasthan veut en effet interdire son abattage comme si c'était un animal sacré tout droit sorti de la mythologie hindoue. Cette mesure affectera surtout les minorités religieuses, notamment les musulmans, qui consomment de la viande de chameau lors de festivals ou l'exportent vers les pays du Golfe.

RIVALISER AVEC LES CAMIONS

Elle pourrait aussi accélérer la disparition de l'animal. « Si le gouvernement décide d'interdire l'abattage, alors vous ne verrez plus un seul dromadaire dans la région. Car de quoi vivront les gardiens de troupeaux ? », s'inquiète Hanwant Singh Rathore, le directeur de l'ONG Lokhit Pashu-Palak Sansthan (LPPS), qui vient en aide aux communautés d'éleveurs de camélidés. Ces derniers ont déjà manifesté leur mécontentement. Mi-juillet, les députés ont été accueillis par un sit-in de plusieurs centaines de dromadaires, juste devant l'Assemblée régionale.

Pour que les dromadaires soient sauvés, encore faut-il que leurs éleveurs survivent. Or les temps sont durs. Au Rajasthan, la légende raconte que Dieu aurait confié la garde des dromadaires à la population pastorale des Raika. Il n'avait sans doute pas prévu le développement industriel, qui complique leur tâche. Les zones de pâturage se font de plus en plus rares, avec la construction d'autoroutes et de zones industrielles. Et le fourrage qui faisait le régal des animaux a été remplacé par des cultures qui ne font pas partie de leur régime alimentaire. Les dromadaires ont été mis au chômage technique par les tracteurs, sauf quand les prix de l'essence sont vraiment trop élevés. Et, pour le transport de marchandises, ils ne peuvent plus rivaliser avec les camions, surtout depuis la construction de routes à travers le désert.

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