La réconciliation franco-allemande, un exemple pour le Proche-Orient ?

14-18, le centenaire d'une guerre mondialedossier
«La volonté peut toujours triompher de la fatalité», a déclaré Hollande lors des commémorations du centenaire de 14-18, en évoquant Gaza.
par AFP
publié le 3 août 2014 à 10h19
(mis à jour le 3 août 2014 à 15h55)

Un siècle après le début de la Grande Guerre, François Hollande a fait dimanche de la réconciliation et de l'amitié franco-allemande «un exemple pour le monde» et tout particulièrement le Proche-Orient, appelant «plus que jamais» à un cessez-le-feu à Gaza.

Cent ans jour pour jour après la déclaration de guerre de l’Allemagne à la France, le chef de l’Etat français et son homologue allemand Joachim Gauck commémoraient sur le site du Hartmannswillerkopf, en Alsace, le sacrifice des soldats de la guerre de 14-18.

En ce lieu rebaptisé le Vieil Armand par les poilus puis la montagne «mangeuse d'hommes», au moins 30.000 d'entre eux ont péri dans des combats furieux pour le contrôle d'un piton rocheux qui domine de ses 956 mètres la plaine d'Alsace. Comme ils l'avaient fait un an plus tôt à Oradour-sur-Glane, bourgade martyre du Limousin dont une grande partie de la population a été massacrée par les SS en juin 1944, les deux présidents se sont pris ostensiblement et à plusieurs reprises la main au cours des cérémonies.

Longue et chaleureuse accolade -

Dans la crypte du Monument national érigé en 1932 au Hartmannswillerkopf, ils se sont aussi donné une longue et chaleureuse accolade après s’être recueillis quelques instants devant l’immense bouclier de bronze sous lequel reposeraient quelque 12.000 soldats inconnus français et allemands, mêlés dans la mort.

«L'histoire de la France et de l'Allemagne démontre que la volonté peut toujours triompher de la fatalité et que des peuples qui ont été regardés comme des ennemis héréditaires peuvent en quelques années se réconcilier», a lancé le chef de l'Etat français dans un «message» à ceux qui désespèrent du processus de paix au Proche-Orient. «Quel plus beau message pouvons-nous délivrer que celui d'aujourd'hui?», a-t-il insisté. «Tous nos efforts doivent être tendus pour imposer, aujourd'hui plus que jamais, le cessez-le feu à Gaza et en finir avec les souffrances des populations civiles», a souligné François Hollande.

L'amitié entre la France et l'Allemagne qui ont eu «l'audace de se réconcilier» est «un exemple pour le monde, une force et une invitation, partout où la paix est menacée, partout où les droits de l'Homme sont bafoués, partout où les principes du droit international sont floués», a-t-il encore fait valoir évoquant aussi l'Ukraine, les chrétiens d'Irak ou les femmes au Nigeria.

Tout comme Joachim Gauck, François Hollande s'est livré à un vibrant éloge de «l'aventure exceptionnelle» de la construction européenne «parvenue à vaincre la guerre» et à «réunifier le continent dans la démocratie».

Cela étant, a-t-il déploré, cette Europe est «apparue démunie face aux crises» et «n'a pas apporté la prospérité attendue», se contentant selon lui de devenir «une évidence et non plus un idéal». Pour renouer avec cet idéal, François Hollande a une nouvelle fois appelé l'Europe à «ouvrir une perspective de croissance, d'emploi, de solidarité mais également de culture, d'éducation et de savoir». Et pour y parvenir, a-t-il enchaîné, «beaucoup dépendra de l'amitié entre la France et l'Allemagne».

«C'est vrai: l'Europe est un projet difficile», a abondé le président allemand, considéré comme une autorité morale dans son pays. Mais «l'Europe communautaire et la construction européenne ne sont pas des caprices de l'histoire, ce sont les traductions institutionnelles des leçons de l'histoire, une assurance contre les errements et les tentations» nationalistes ou populistes.

Historial-

Au Hartmannswillerkopf, François Hollande et Joachim Gauck ont observé le rituel des commémorations: cérémonie militaire, dépôt de gerbe, minute de silence, rencontre avec une centaine de jeunes Français et Allemands réunis par l’Office franco-allemand pour la jeunesse…

Mais ils ont déposé aussi la première pierre d'un «historial» très symbolique également de la réconciliation franco-allemande, puisque conçu par une équipe d'historiens binationale, une première. Ce musée «unique en son genre, (…) emblème de l'amitié entre la France et l'Allemagne» sera un «symbole de leur mémoire réconciliée», ont-ils souligné dans une déclaration commune. Sur une note plus légère, les deux présidents ont déjeuné ensuite à la ferme-auberge du Molkenrain, fixée sur la pellicule de François Truffaut dans son film «Jules et Jim».

Mais ils n’en n’auront pas fini pour autant avec les commémorations, attendus dès lundi en Belgique pour celles du centenaire de l’invasion du Royaume par les troupes du Reich, le 4 août 1914.

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