LES PLUS LUS
Publicité

Professions réglementées : Montebourg seul contre tous

Le ministre de l’Économie doit affronter les lobbys. Mais aussi l’Élysée et le ministère de la Santé, sur le dossier des pharmacies.

Nicolas Prissette , Mis à jour le
Arnaud Montebourg s'est lancé dans une rude bataille.
Arnaud Montebourg s'est lancé dans une rude bataille. © Reuters

C'est la grande ambition d'Arnaud Montebourg. Il est parti en vacances en Saône-et-Loire, chez lui, avec son projet de loi sous le bras. Il a rencontré auparavant à Bercy les représentants des métiers concernés. Il veut un texte pour octobre. Mais ils sont nombreux à s'y opposer, y compris… au sein du gouvernement. Le ministre de l'Économie affronte de multiples hostilités depuis la mi-juillet, quand il a annoncé en grande pompe la réforme des professions réglementées . "Ce sera la bataille des modernes contre les anciens, la bataille de l'audace contre le conformisme, la bataille contre les révolutionnaires du statu quo", a-t-il clamé.

Publicité

La bataille en question a démarré très vite. Le rapport de l'Inspection générale des finances (IGF) , vécu comme un brûlot par les fédérations professionnelles, est à la base de l'argumentaire économique du ministre. Son dévoilement prématuré, bien que partiel, a suscité une levée de boucliers dont il se serait bien passé. Le bras de fer a aussi lieu au sein même de l'exécutif. "D'un côté, il y a Montebourg et Valls. De l'autre, l'Élysée et Marisol Touraine", observe un connaisseur du dossier. Certes, François Hollande a encouragé, sur le fond, l'initiative du ministre. Mais son discours programmatique, à la mise en scène soignée, quatre jours avant l'intervention présidentielle du 14 juillet, a fait grincer des dents. Surtout, Montebourg y a glissé une critique en creux de la politique économique et fiscale, réclamant davantage de baisses d'impôts pour les ménages, à l'instar des frondeurs. Pas de quoi ravir en haut lieu.

La suite après cette publicité

Ne pas fâcher les 22.000 pharmaciens

Cette bataille-là se cristallise sur un point : les pharmaciens. À l'Élysée, certains estiment qu'une déréglementation totale serait malvenue. Même s'ils votent peu à gauche, pas question de les braquer. "Il y a 22.000 pharmaciens qui voient peut-être 100 personnes par jour. On ne va pas les énerver pour de mauvaises raisons", tranche un contradicteur du ministre, rappelant les objectifs de la loi de santé publique préparée par Marisol Touraine. "Nous cherchons à limiter les ventes de médicaments, pas à les accroître. Nous voulons faire des pharmaciens de campagne des relais de santé publique, capables d'injecter des vaccins, de faire le lien avec le CHU, pas les condamner à fermer." Et d'insister : "Est-on sûr de faire baisser les prix avec la concurrence? Non." Il existe néanmoins des chantiers de réforme consensuels sur les produits non médicamenteux vendus avec ou sans ordonnance.

La suite après cette publicité

Arnaud Montebourg, lui, continue d'avancer. Il n'a pas encore dit quelles étaient ses pistes, ni s'il soutenait sans ciller le rapport de l'IGF. Il sait que la bataille sera âpre. Son entourage anticipe un débat féroce. En espérant qu'il soit constructif. Pour preuve de sa volonté de dialogue, le ministre publiera dans la dernière semaine d'août les réponses des fédérations concernées au rapport de l'Inspection.

Lire aussi :
Une réforme choc pour la santé
Pharmaciens, dentistes, kinés… le rapport qui veut tout changer

La suite après cette publicité
La suite après cette publicité

Source: JDD papier

Contenus sponsorisés

Sur le même sujet
Publicité