Professions réglementées : Montebourg seul contre tous
Le ministre de l’Économie doit affronter les lobbys. Mais aussi l’Élysée et le ministère de la Santé, sur le dossier des pharmacies.
C'est la grande ambition d'Arnaud Montebourg. Il est parti en vacances en Saône-et-Loire, chez lui, avec son projet de loi sous le bras. Il a rencontré auparavant à Bercy les représentants des métiers concernés. Il veut un texte pour octobre. Mais ils sont nombreux à s'y opposer, y compris… au sein du gouvernement. Le ministre de l'Économie affronte de multiples hostilités depuis la mi-juillet, quand il a annoncé en grande pompe la réforme des professions réglementées . "Ce sera la bataille des modernes contre les anciens, la bataille de l'audace contre le conformisme, la bataille contre les révolutionnaires du statu quo", a-t-il clamé.
La bataille en question a démarré très vite. Le rapport de l'Inspection générale des finances (IGF) , vécu comme un brûlot par les fédérations professionnelles, est à la base de l'argumentaire économique du ministre. Son dévoilement prématuré, bien que partiel, a suscité une levée de boucliers dont il se serait bien passé. Le bras de fer a aussi lieu au sein même de l'exécutif. "D'un côté, il y a Montebourg et Valls. De l'autre, l'Élysée et Marisol Touraine", observe un connaisseur du dossier. Certes, François Hollande a encouragé, sur le fond, l'initiative du ministre. Mais son discours programmatique, à la mise en scène soignée, quatre jours avant l'intervention présidentielle du 14 juillet, a fait grincer des dents. Surtout, Montebourg y a glissé une critique en creux de la politique économique et fiscale, réclamant davantage de baisses d'impôts pour les ménages, à l'instar des frondeurs. Pas de quoi ravir en haut lieu.
Ne pas fâcher les 22.000 pharmaciens
Cette bataille-là se cristallise sur un point : les pharmaciens. À l'Élysée, certains estiment qu'une déréglementation totale serait malvenue. Même s'ils votent peu à gauche, pas question de les braquer. "Il y a 22.000 pharmaciens qui voient peut-être 100 personnes par jour. On ne va pas les énerver pour de mauvaises raisons", tranche un contradicteur du ministre, rappelant les objectifs de la loi de santé publique préparée par Marisol Touraine. "Nous cherchons à limiter les ventes de médicaments, pas à les accroître. Nous voulons faire des pharmaciens de campagne des relais de santé publique, capables d'injecter des vaccins, de faire le lien avec le CHU, pas les condamner à fermer." Et d'insister : "Est-on sûr de faire baisser les prix avec la concurrence? Non." Il existe néanmoins des chantiers de réforme consensuels sur les produits non médicamenteux vendus avec ou sans ordonnance.
Arnaud Montebourg, lui, continue d'avancer. Il n'a pas encore dit quelles étaient ses pistes, ni s'il soutenait sans ciller le rapport de l'IGF. Il sait que la bataille sera âpre. Son entourage anticipe un débat féroce. En espérant qu'il soit constructif. Pour preuve de sa volonté de dialogue, le ministre publiera dans la dernière semaine d'août les réponses des fédérations concernées au rapport de l'Inspection.
Lire aussi :
Une réforme choc pour la santé
Pharmaciens, dentistes, kinés… le rapport qui veut tout changer
Source: JDD papier
Arnaud Montebourg : Petits business deviendront grands
Depuis bientôt dix ans, l’ancien ministre de l’Économie de François Hollande investit dans de nombreuses entreprises. Avec un certain succès.
Laurent Wauquiez (très) attendu par la droite
Wauquiez sort de sa retraite ce dimanche devant les Jeunes Républicains, à Valence. En coulisses, il dialogue avec des intellectuels, y compris de gauche.
Retraites : Arnaud Montebourg fustige « l’éloge du farniente » critiquant sans la citer Sandrine Rousseau
Donnant son avis sur la contestée réforme des retraites du gouvernement Borne, Arnaud Montebourg n’a pas hésité lundi soir à critiquer le droit à la paresse évoqué par la députée Sandrine Rousseau.
Présidentielle : Arnaud Montebourg se retire et ne soutiendra aucun candidat
Affirmant que ses idées n'ont pas "été entendues", Arnaud Montebourg annonce mercredi dans une vidéo qu'il se retire de la course à l'élection présidentielle.
Présidentielle 2022 : "Pas d'accord" entre Montebourg et Taubira pour l'instant
Ils appelaient tous deux à la convergence des candidatures, à un candidat unique de la gauche. Arnaud Montebourg pourrait-il rallier Christiane Taubira? A ce stade, l’équipe du candidat affirme au JDD ne pas avoir conclu d'accord avec l'ancienne Garde des Sceaux.