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Croissance : Berlin ne changera pas de politique pour Hollande

Berlin ne voit "aucune raison" de modifier sa politique économique, a déclaré mercredi une porte-parole du gouvernement allemand, en réaction à un appel lancé par le président français François Hollande pour plus de soutien à la croissance en Allemagne.

G.V. , Mis à jour le
Le gouvernement d'Angela Merkel a opposé une fin de non-recevoir à François Hollande.
Le gouvernement d'Angela Merkel a opposé une fin de non-recevoir à François Hollande. © REUTERS

Lundi, dans les colonnes du Monde, François Hollande appelait l'Allemagne à "un soutien plus ferme à la croissance" . Le chef de l'Etat, à l'image de Manuel Valls trois jours plus tôt , estimait que Berlin rendrait "service à la France et à l'Europe" en privilégiant la relance de l'économie par l'investissement. Si Angela Merkel n'a pas souhaité répondre à cette injonction, une porte-parole du gouvernement allemand s'en est chargée lors de sa conférence de presse hebdomadaire, mercredi : "Les déclarations très générales en provenance de Paris ne fournissent aucune raison pour de quelconques corrections dans la politique économique" du gouvernement allemand, a déclaré Christiane Wirtz, interrogée par des journalistes.

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"L'Allemagne est déjà une locomotive importante, la plus importante même pour la conjoncture de la zone euro", a encore justifié la porte-parole. Autrement dit, Berlin donne déjà beaucoup, c'est désormais à ses partenaires, et en premier lieu à Paris, de faire des efforts. Cette position s'esquissait déjà mercredi matin dans la presse allemande, dont certains articles citaient des "sources" proches de l'exécutif de leur pays. Dans son éditorial, le quotidien de centre gauche Süddeutsche Zeitung a ainsi estimé que le président français attendait à tort "le salut de l'extérieur".

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"L'aveu du président français que sa politique économique a échoué"

"Le danger d'une aide de l'extérieur est qu'elle ne masque que temporairement l'arriéré de réformes à l'intérieur", poursuivait le journal, résumant assez bien le sentiment allemand. Le quotidien conservateur Die Welt, souvent critique à l'égard de François Hollande, a réagi de façon encore plus dure, voyant dans l'article du Monde "un document étonnant car il s'agit finalement de l'aveu du président français que sa politique économique a échoué".

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Sur fond de crise en zone euro, l'Allemagne s'est souvent vu reprocher de ne pas en faire assez pour stimuler la croissance chez elle, et par ricochet chez ses partenaires, alors qu'elle les soumettait à de rudes exigences de discipline financière. Le gouvernement actuel d'Angela Merkel, qui associe conservateurs et sociaux-démocrates, a promis des investissements dans les infrastructures et l'éducation, et mis sur les rails un salaire minimum généralisé en Allemagne, qui pourrait dynamiser un peu la demande intérieure.

La peur de l'"hyperinflation"

Mais Berlin continue à tenir fermement les cordons de la bourse pour arriver l'an prochain à un budget fédéral à l'équilibre. Ce qui pourrait entraîner, à en croire François Hollande, "un risque déflationniste en Europe". Pour le président français, l'Union européenne a besoin de plus d'investissements, créant ainsi de l'inflation, pour une véritable reprise économique.

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Or, cette notion d'inflation est traumatisante pour les Allemands. Après la Première guerre mondiale, la République de Weimar avait connu une "hyperinflation" (la monnaie n'avait plus aucune valeur), qui avait plongé le pays dans la crise et mené à l'avènement du nazisme. C'est à cause de ce fait historique que les chanceliers Helmut Kohl, Gerhard Schröder et aujourd'hui Angela Merkel ont souhaité une inflation limitée en Europe. Quitte à limiter les marges de manœuvre de ses partenaires européens.

Lire notre décryptage : Pourquoi y a-t-il "un risque déflationniste en Europe"?

Source: leJDD.fr

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