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Santé

INFOGRAPHIE. Ebola : plus de 900 morts, faut-il utiliser le sérum expérimental ?

La progression de l'épidémie pose de plus en plus la question de l'utilisation d'un traitement expérimental.
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Ebola
Une carte de contrôle de l'épidémie d'un CDC américain (Centers for Disease Control and Prevention).
©David Goldman/AP/SIPA

BILAN. L'épidémie d'Ebola qui sévit en Afrique de l'Ouest depuis le début de l'année continue sa mortelle progression. Elle a causé la mort de 932 personnes sur les 1.711 cas recensés selon le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) publié mercredi 6 août.

Ce même jour, on apprenait que le virus avait fait un deuxième mort au Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique, où la progression du virus semblait irrésistible. L'Europe attendait un premier rapatriement sanitaire de malade, un missionnaire espagnol en provenance du Liberia.

En Sierra Leone et au Liberia, deux des trois pays les plus touchés, avec la Guinée, les autorités cherchaient leur salut dans l'intervention de Dieu et de l'armée pour endiguer la plus grave épidémie d'Ebola depuis l'apparition de cette fièvre hémorragique en 1976.

 

 

Infographie réalisée et quotidiennement mise à jour par Ramon Martinez, ingénieur épidémiologiste pour l'OMS. 

L'utilisation d'un sérum expérimental toujours en question

Face à l'absence de vaccin contre cette maladie à très fort taux de mortalité, l'OMS a décidé de saisir un comité d'éthique sur l'éventuelle utilisation d'un traitement expérimental américain, le Zmapp, aux résultats prometteurs sur deux malades.

Ces deux patients, un médecin et une missionnaire américains contaminés au Liberia et rapatriés aux Etats-Unis ces derniers jours, ont bénéficié d'un traitement avec un anticorps expérimental jamais testé sur des humains, qui a rapidement atténué les symptômes.

Le président américain Barack Obama a jugé prématuré, mercredi 6 août, d'utiliser ce traitement sur les personnes touchées par le virus Ebola.

Je pense que nous devons laisser la science nous guider. Et je ne pense pas que nous ayons toutes les informations pour déterminer si ce médicament est efficace", a estimé Barack Obama, à l'issue de trois jours de rencontres avec une quarantaine de chefs d'Etat et de gouvernement d'Afrique.

Dans une interview accordée au NouvelObs, Sylvain Baize, expert en fièvres hémorragiques virales à l'Institut Pasteur, reste lui aussi prudent quant à une prescription généralisée en Afrique. "Un problème éthique se pose" avertit-il. Dans le cas des deux américains traités, il s'agissait de "médecins consentants et éclairés". 

L’administrer à des personnes lambda à titre expérimental est contre toute éthique médicale, contre les avis de l’OMS et de MSF [Médecins sans frontières]." prévient le chercheur.

Et comme "40% des gens survivent naturellement à l’infection, on ne peut pas leur administrer le traitement car il y a des risques d'effets négatifs, qui ne sont pas encore avérés puisque seulement deux personnes ont testé le sérum."

L'utilisation de vaccins ou de nouveaux traitements ne peut se faire avant que plusieurs phases d'expérimentation aient été respectées durant lesquelles sont scrupuleusement vérifiés les effets cliniques sur plusieurs dizaines de patients. "Tout est cadré par les autorités de santé et il n’est pas question d’essayer quoi que ce soit à la hâte", explique Sylvain Baize.

Si d'aucun on expliqué que le traitement pourrait être administré dès 2015, pour l'expert, "dire que le virus Ebola pourra être soigné dès 2015 est prématuré et utopique".

Vers des mesures à l'échelle mondiale ?

En attendant, le comité d'urgence des règles sanitaires internationales de l'OMS était réuni pour déterminer si l'épidémie constituait une "urgence de santé publique de portée mondiale", susceptible d'entraîner des mesures à l'échelle globale.

En Somalie, la force de l'Union africaine (Amisom) a suspendu la relève de son contingent sierra-léonais "par mesure de précaution bien que l'OMS n'ait pas encore émis de restrictions de vol pour les zones touchées".

Au Moyen-Orient, un Saoudien de retour de Sierra Leone et présentant des symptômes semblables à ceux d'Ebola est mort d'un arrêt cardiaque mercredi matin à Jeddah (ouest), a annoncé le ministère saoudien de la Santé, sans révéler si le virus était en cause.

Le ministère israélien des Affaires étrangères a déconseillé à ses ressortissants les voyages au Liberia, en Guinée et en Sierra Leone.

En Sierra Leone, l'armée a mobilisé 750 soldats assistés par 50 infirmiers militaires pour faire respecter les mesures de quarantaine autour des centres accueillant des malades, essentiellement dans l'est du pays, aux confins de la Guinée et du Liberia.

Nous nous assurons que des personnes non autorisées ne perturbent pas le travail des personnels de santé", a déclaré un porte-parole militaire, le colonel Michael Samura.

Ce déploiement a été ordonné par le président Ernest Bai Koroma pour dissuader leurs proches de les emmener sans autorisation médicale.

Le virus se transmet par contact direct avec le sang, les liquides biologiques ou les tissus de personnes ou d'animaux infectés. Il provoque une fièvre caractérisée par des hémorragies, des vomissements et des diarrhées. Son taux de mortalité varie de 25 à 90%.

Avec AFP

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