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Smic en Allemagne : le patronat se rebiffe

Le président du SPD au côté d'Angela Merkel. JOHN MACDOUGALL/AFP

La chancelière allemande Angela Merkel a affirmé que l'Allemagne allait se doter d'un salaire minimum généralisé, une concession qu'elle doit faire à ses futurs partenaires de gouvernement sociaux-démocrates.

Dès le début, ils étaient contre. Les patrons allemands se méfient du salaire minimum généralisé que les sociaux-démocrates veulent introduire. À l'heure où les négociations entre la CDU/CSU et le SPD se terminent et que la perspective d'un accord se rapproche, la mise en garde est encore forte. Lundi soir, le nouveau patron du BDA (l'Union des employeurs allemands), Ingo Kramer, a invité la chancelière et ses partenaires de négociations à ne pas se tromper d'objectif. «Celui qui promet 8,50 euros pour tous devrait avoir l'honnêteté de dire que le plein-emploi ne pourra pas être atteint», a-t-il déclaré lors de son discours d'intronisation. À ce prix-là, les chômeurs de longue durée ne pourraient «guère retrouver un travail», a-t-il ajouté.

Huit euros cinquante, c'est le niveau du salaire minimum généralisé et fixé par la loi que demande le SPD. Les sociaux-démocrates en ont fait une condition sine qua non de leur accord de gouvernement. Angela Merkel n'a pas les moyens de le refuser, tout au plus est-elle en mesure d'aménager sa mise en œuvre. Les négociations doivent se poursuivre jusqu'au 26 novembre.

Différences régionales

Pour le patronat allemand, le succès économique du pays serait en danger. Selon l'institut d'analyse économique Ifo, un million d'emplois seraient menacés par l'introduction d'un salaire minimum. Les entrepreneurs mettent en avant les différences de secteurs et les différences régionales. «La productivité n'est pas la même partout», explique un responsable de la Chambre de commerce. Dans l'ancienne Allemagne de l'Est, les salaires sont moins élevés qu'à l'Ouest: 25 % des salariés gagnent moins de 8,50 euros, tandis qu'à l'Ouest ils ne sont que 15 %. Dans les secteurs des services, comme l'hôtellerie ou la coiffure, les «mini-jobs» (environ 450 euros par mois) sont la norme. Un salaire fixé par la loi ne pourrait que déstabiliser ces secteurs, dit-on. «Est-ce que les politiques savent ce que serait le bon salaire minimum pour un coiffeur?», ajoute cet économiste.

En Allemagne, les salaires sont négociés dans chaque branche. Dans les secteurs les plus favorisés, les salaires peuvent donc être plus élevés que 8,50 euros de l'heure. C'est cette liberté que le patronat voudrait préserver. Pour les syndicats et les sociaux-démocrates, l'introduction d'un salaire légal permettrait, au contraire, de protéger les salariés qui ne bénéficient pas de convention collective. Et on balaie l'argument d'une menace: lorsqu'un salaire minimum a été introduit dans le secteur du bâtiment, rappellent-ils, l'emploi n'a pas diminué.

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76 commentaires
  • bleu10

    le

    Ce smic est une bonne chose dans cette europe sociale totalement oublié ;ou règne ,la loi du plus fort .

  • l'oeil13

    le

    Cela va relancer l'inflation, ce que redoute les Allemands.

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